Rav ‘Haïm Itskovitz, plus connu sous le nom de Rabbi ‘Haïm de Volozhin (7 Sivan 1749 – 14 Sivan 1821), faisait parti des illustres disciples du Gaon de Vina, et devint le fondateur de la Yéchiva Ets ‘Haïm surnommée « Yéchiva de Volozhin », et le Rav de la petite ville de Volozhin.
Rabbi ‘Haïm était le fils d’Is’hak ben ‘Haïm, administrateur de la communauté de Volozhin et de Revka, fille de Rabbi Yossef Rapaport, lui-même fils de Sim’ha Hacohen Rapaport.
Dès sa jeunesse, il étudia durant deux ans chez le Rav Raphaël Ziskind de Hambourg, rabbin de Minsk, et ensuite auprès du Chaagat Arié, qui était le Rav de la ville à cette époque.
À l’âge de 19 ans, il commence à étudier auprès du Gaon de Vilna. Avec le consentement et la bénédiction de son maître, Rabbi ‘Haïm quitta Vilna pour Volozhin où il occupa le poste de Rav de la ville. Il reconnut dans le Gaon l’un des plus grands maîtres de toutes les générations, au point même qu’en se considérant publiquement comme son successeur, il pensait porter atteinte au Gaon. Cependant, ses critiques à l’égard de la ‘Hassidout étaient beaucoup plus modérées que celle de son maître. Il semblerait qu’il commença à exercer en qualité de Rav à Volozhin en l’an 1774. Après avoir servi une quinzaine d’années en tant que Rav, il occupa le poste de Rav à Vilkomir, et, au bout d’une année seulement, en raison de l’opposition de sa première communauté, revint à Volozhin où il continua d’exercer sa fonction de Rav jusqu’à son décès.
Au début du XIXe siècle, après le décès de son Rav, le Gaon, Rabbi ‘Haïm fonda la Yéchiva Ets ‘Haïm à Volozhin et devint ainsi le père de toutes les grandes Yéchivot lituaniennes. À l’inauguration de la Yéchiva, il publia une lettre ouverte aux « férus de Torah en Lituanie », dans laquelle il les appelait à renforcer l’étude de la Torah et les Yéchivot. Dans l’appel à l’édification de la Yéchiva, il écrivait qu’il n’était pas digne d’être considéré comme le disciple du Gaon de Vilna : « J’ai appris qu’on me désignait comme successeur de notre grand Rav. Ai-je mérité que son renom rejaillisse sur moi, son disciple, je me vois dans l’obligation de mentionner à la fidèle maison d’Israël que tout celui qui prétend cela ne fait que se fourvoyer… Et dans le peu de temps où j’ai eu droit de le servir, je n’ai pu accéder qu’à une connaissance des plus minimes malgré un effort intense. »
Dans son introduction à l’explication du Gaon sur le Choul’han Aroukh (Or Ha’haïm), les enfants du Gaon, Rabbi Yéhouda et Rabbi Avraham, désignèrent Rabbi ‘Haïm comme le premier et le plus grand des disciples du Gaon de Vilna. Son ouvrage le plus connu est le Néfech Ha’haïm.
La fille de Rabbi ‘Haïm, Esther, épousa Rabbi Hillel Fried de Gronda qui enseigna à la Yéchiva de Volozhin au côté de son beau-père ; sa fille Ralka épousa le Rav Yossef Solovietchik, Av Beth-Din de Liampol et de Kovno. Leur fils, Rabbi Itszak Solovietchik, était le Rav de la communauté de Kovno. Le petit-fils de Rabbi ‘Haïm était Rabbi Yossef Dov Halevi Solovietchik (le Beth Halévy), ancêtre de la dynastie des Brisk. En seconde noce, cette fille épousa Rabbi Moshé Kahana Shapiro. Leurs petit-fils sont Rabbi Zalman Snadar Kahana Shapiro et Rabbi Avraham Dov Kahana Shapiro, Rav de Kovno et auteur du Dvar Avraham. La fille de Rabbi Moshé issue d’un premier mariage épousa son frère adoptif, Itszak Zeev Solovietchik, fils du premier mariage de Ralka.
Histoire
Un des seigneurs des alentours de la bourgade où vivait le père de Rabbi ‘Haïm, laissa un jour en héritage à ses trois fils un curieux testament : la compagnie de chevaux qu’il leur léguait devait être partagée de la manière suivante : l’un d’eux devait en recevoir la moitié, le second – le tiers, et le troisième – le neuvième. Il stipulait une condition : celle de ne pas partager un cheval en deux. Les fils étaient fortement embarrassés, car leur père leur avait laissé 17 chevaux, et il ne savait pas comment les partager en fonction de la condition imposée. Ils cherchèrent par tous les moyens la solution et prirent conseil de grands érudits, mais revinrent bredouilles de leurs efforts. En fait, ce nombre était impossible à partager de cette manière.
Leur père n’avait-il pas voulu se moquer d’eux ?! Les frères réfléchirent et arrivèrent à la conclusion qu’il n’y avait pas d’autre issue que de présenter cette question épineuse à Rabbi Its’hak, l’administrateur de Volozhin, réputé pour sa sagesse. Les frères choisirent et désignèrent un des leurs pour les représenter et demander l’avis de l’administrateur. Rabbi ‘Haïm n’était à cette époque qu’un tout jeune enfant âgé de cinq ans. Quand il vit que personne n’arrivait à résoudre cette question, il proposa son aide, et, sans hésiter, s’adressa au fils du seigneur en ces termes : « Si tu me donnes un cheval de ton écurie privée, je résoudrai ton problème », promit-il au représentant de la fratrie. Ce dernier y consentit.
Au départ, le père de Rabbi ‘Haïm était en colère, car, de cette manière, lui aussi pouvait régler le partage de leur héritage. Mais pourquoi Rabbi ‘Haïm avait-il donc besoin de recevoir en salaire un cheval ? Le jeune Rabbi l’apaisa aussitôt et lui dit de ne pas s’inquiéter ; il avait l’intention de toute manière de restituer le cheval, et tout son usage ne servait qu’à démontrer que dans son testament le père entendait la majorité des chevaux et non un nombre précis et défini.
Rabbi Haim prit le cheval qu’on lui donna et l’ajouta aux 17 chevaux de l’héritage, puis il effectua le partage. La moitié de 18 – c’est-à-dire neuf chevaux pour le premier fils, le tiers du nombre – c’est-à-dire six chevaux pour le second, et le neuvième du lot pour le dernier fils – qui représentait deux chevaux. En tout et pour tout, 17 chevaux conformément au nombre que le père avait mentionné dans son testament. Il restitua de plein gré le cheval supplémentaire, devenu superflu, à ses propriétaires. C’était là l’intention de leur père, conclut l’enfant triomphalement.
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