Onze ans jour pour jour après la deuxième guerre qui a opposé le Liban à Israël, la tension est toujours aussi vive à la frontière qui sépare les deux pays. Des crises sporadiques ont été contenues et n’ont pas évolué vers des affrontements de grande ampleur, toutefois, l’engagement du Hezbollah dans la guerre civile syrienne a changé la donne et un embrasement régional ne peut plus aujourd’hui être exclu.
Dans le cadre de son rapport cyclique sur la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de 2006 sur la prolifération des armes « non autorisées », le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a accusé le Hezbollah de menacer la stabilité du Liban et la paix dans la région. Dans ce nouveau document, le chef de l’ONU estime que l’autorité de l’État libanais est « fragilisée à cause du Hezbollah et d’autres groupes qui continuent de détenir des armes, en violation des obligations du pays au titre de la résolution 1701 ». António Guterres, qui se dit « préoccupé par la présence continue d’armes non autorisées dans la zone entre le Litani et la ligne bleue », s’est arrêté dans ce cadre sur la tournée que le Hezbollah avait organisée pour des médias le 20 avril dernier. Celle-ci avait été organisée par le parti de Hassan Nasrallah pour montrer aux journalistes « les mesures défensives » prises par Israël. Pour l’ONU, il s’agit bien d’une provocation.
L’organisation terroriste s’est lancée depuis plusieurs années dans une guerre psychologique avec Israël où chaque partie tente de dissuader l’autre. Une guerre totale serait en effet dévastatrice au vu du potentiel militaire de chacun. Pourtant, depuis plusieurs semaines, les hommes de la milice chiite ont dressé des pancartes le long de la frontière israélo-libanaise avec des messages « publicitaires » clairement tournés en direction des villages de « l’ennemi sioniste ». Ainsi, à quelques mètres des premières maisons de Metula, on peut lire sur un panneau orné de deux drapeaux du Hezbollah : « Nous arrivons ».
Lors de la conférence d’Herzliya qui s’est tenue du 20 au 22 juin dernier, la menace du Hezbollah était au cœur des discussions. Le chef d’Etat major Gadi Eizenkot a affirmé que l’organisation possédait des « dizaines de milliers » de roquettes à courte et longue portée, des drones, des capacités de chiffrement informatique sophistiquées, ainsi que des capacités de défense avancées, comme le système de défense anti-aérien SA-6. Les armes iraniennes et syriennes du Hezbollah lui sont données librement mais son équipement russe est « pris sans permission, sous le nez [des Russes].» Toutefois, il s’est voulu rassurant en affirmant que l’organisation chiite a perdu des ressources humaines et financières considérables en raison de son implication dans la guerre civile syrienne pour Téhéran.
Pour répondre aux menaces proférées par Hassan Nasrallah, le général de l’armée de l’air Amir Eshel a déclaré que « les progrès qualitatifs et quantitatifs de l’armée de l’air israélienne depuis la guerre de 2006 permettent à Israël de mener en deux ou trois jours autant de frappes que celles menées lors des 33 jours du conflit de 2006 ». A l’époque, le conflit avait commencé par une attaque d’envergure lancée le 12 juillet 2006 par le parti chiite pour enlever des soldats israéliens.
« Si la guerre est déclenchée (à la frontière) nord, nous devrons utiliser toutes nos forces dès le départ », a insisté l’officier israélien, mettant en garde contre des pressions internationales pour un cessez-le-feu avant qu’Israël ne puisse atteindre ses objectifs stratégiques.
En Israël, certains experts comme Ya’akov Lappin, estiment que la menace actuelle justifie un éventuel recours à la guerre préventive qui réduirait de 50% les missiles du Hezbollah. Pour l’heure, l’état-major et la classe politique ne semblent pas convaincus par cette option. Mais à trop jouer avec le feu, le Hezbollah pourrait s’attirer les foudres des Israéliens qui ont retenu les leçons de leur échec en 2006 et qui se préparent depuis longtemps à une nouvelle confrontation. Il est aussi du ressort de la communauté internationale d’affaiblir le Hezbollah en multipliant les sanctions.
Source elnetwork.fr