En février 2019, les images choquaient la France entière. Près d’une centaine de tombes du cimetière juif de Quatzenheim (Bas-Rhin) étaient profanées, taguées de croix gammées. Le président Emmanuel Macron était venu alors en personne exprimer son indignation. Un an plus tard, les habitants restent marqués par l’événement. À l’intérieur du cimetière, s’il ne reste plus aucune trace visible de ces messages de haine, c’est grâce au travail de Pascal Schelle.
Effacer la haine, préserver la pierre
Quand il a lancé son entreprise Eco’Gommage de l’Est en 2011, spécialisée dans le nettoyage et le décapage, Pascal Schelle ne s’attendait pas à devoir effacer des croix gammées. « Je m’attendais bien sûr à devoir m’occuper de tags, mais pas ce genre de tags », acquiesce-t-il. Sur les quatorze derniers mois pourtant, le consistoire israélite du Bas-Rhin a fait appel à lui à trois reprises dans des cimetières juifs profanés : Herrlisheim en décembre 2018, Quatzenheim en février 2019, et Westhoffen en décembre dernier. L’entrepreneur alsacien raconte :
C’est Westhoffen qui m’a le plus choqué. Toutes les tombes étaient touchées, les unes après les autres, de manière systématique. En entrant dans le cimetière, on en a un peu le souffle coupé.
C’est avec sa technique d’aérogommage, qui consiste à projeter de l’abrasif à l’aide d’air comprimé, que Pascal Schelle efface signes et inscriptions haineuses. « J’ai le souci de préserver au mieux la tombe, de ne pas abîmer la pierre, explique l’entrepreneur en racontant ses heures de travail minutieux dans les cimetières. Quand je me mets au travail, le métier prend le pas sur l’émotion. »
« Je n’ai pas besoin de ces interventions pour vivre, c’est le genre de chantier qu’on aimerait ne pas avoir à prendre en charge », regrette Pascal Schelle, qui est également intervenu en novembre 2019 sur la mairie de la petite commune de Rohr (Bas-Rhin), afin d’effacer là encore ces inscriptions antisémites, racistes et anti-migrants qui ne cessent d’apparaître ces derniers mois dans le département.