En accueillant le Hamas, le Qatar fait du blanchiment de terrorisme
Après avoir été expulsés de leurs deux premiers hôtels au Qatar, à cause de préoccupations pour violation des lois relatives aux sanctions pour financement du terrorisme, les dirigeants du Hamas ont tenu une conférence de presse la semaine dernière au Grand Hôtel Sheraton de Doha, afin d’annoncer la diffusion d’un document. Ce document, promu comme étant une version plus modérée de la Charte datant de la fondation du groupe, n’est ni une charte nouvelle ni une charte plus modérée. Le Hamas demeure engagé par la violence comme seule stratégie. Mais l’épisode tout entier permet de mettre en lumière un problème constant : le Qatar, qui se présente comme un allié formel des Etats-Unis, aide régulièrement les organisations terroristes.
Doha est la base de résidence de beaucoup de personnages du Hamas. Le pays a accueilli le dirigeant politique du Hamas Khaled Meshaal en 2012, après que le Hamas ait démontré ne plus pouvoir encaisser le massacre de Sunnites et de Palestiniens par le régime Assad, poussant ce dernier à fermer les bureaux du Hamas à Damas. Le nouveau dirigeant politique du groupe, Islamïl Haniyeh, est actuellement en route de Gaza vers Doha, accompagné par toute une côterie d’aides de camp. Dès que le planificateur militaire du Hamas Salah el-Arouri a été contraint de quitter la Turquie après avoir planifié le kidnapping de trois adolescents israéliens, fait qui avait déclenché la guerre de 2014 entre Israël et le Hamas, il s’est installé dans ses nouvelles dépendances à Doha, en 2015. Ezzat al-Rishq, le porte-parole du Hamas, désigne le Qatar comme le foyer du groupe. On peut poursuivre ainsi indéfiniment.
Le Qatar est aussi le guichet automatique permanent du Hamas. En 2012, l’ancien Emir du Qatar Hamad bin Khalifa Al Thani s’est rendu en visite à Gaza et a promis 400 millions de $ au gouvernement du Hamas. Après la guerre de 2014, le Qatar a promis 1 milliard de $ étalé sur plusieurs années en tant que fonds pour la reconstruction de Gaza (c’est-à-dire plus que n’importe quelle autre pays). Le Hamas a utlisé ces financements à reconstruire son réseau de tunnels de la terreur.
Le Qatar a, en réalité, versé moins de la moitié de sa promesse d’1 milliard de dollars. Mais au début de l’année, Haniyeh a annoncé que le nouvel Emir du Qatar Tamim bin Hamad Al Thani verserait 100 millions de $ pour uniquement 2017 à la Bande de Gaza contrôlée par le Hamas. Et quand, récemment, une vive controverse entre le Hamas et l’Autorité Palestinienne a provoqué une crise massive de l’énergie et déclenché des manifestations contre le Hamas dans la Bande de Gaza, le Qatar est intervenu et a livré au Hamas pour 12 million de $ de carburant.
En bref, le Qatar, ne fait seulement que tolérer Hamas, il est le réel patron et principal financier du groupe terroriste. Et c’est aussi, maintenant, le consultant marketing du Hamas. On retrouve les empreintes de Doha sur toutes les tentatives de changement politique véhiculées dans le document politique du Hamas diffusé la semaine dernière au Sheraton de Doha. Nous devons nous attendre à de nouveaux repositionnements du Hamas sous l’égide du Qatar dans les jours et les semaines à venir.
Et le Hamas n’est pas le premier groupe terroriste que le Qatar contribue à blanchir de ses crimes. Quand le Front Al Nusra a annoncé sa soi-disant « sparation » à l’égard d’Al Qaïda, en 2016, les dirigeants du groupe ont affirmé l’avoir fait sous les exhortations du Qatar, assorties de la promesse d’un accroissement des financements. Ce la s’est produit avec la complète bénédiction des cercles dirigeants d’Al Qaïda et n’a guère représenté plus qu’un changement de sigle et une vague affirmation, de la part des dirigeants d’Al Nusra qu’ils « n’entretenaient plus de relations avec parti étranger.”
Le Qatar a pris la direction de la promotion de cette soi-disant séparation, en diffusant deux très longues interviews sur son réseau de télévision Al-Jazeera, appartenant à l’émirat, avec Abu Mohamed al-Jolani, le chef d’Al Nusra. Révélant son visage à l’écran pour la première fois,Jolani a parlé en long et en large de l’indépendance et de la modération récemment découverte d’Al Nusra, sous les nouveaux déguisements du groupe, s’appelant maintenant Jabhat Fateh al-Sham.
Bien sûr, il n’a pas renoncé à son allégeance à Al Qaïda, ni rejeté son idéologie. Et alors que le cercle dirigeant d’Al Qaïda se relocalise de plus en plus en Syrie, le nouveau groupe de Jolani peut travailler avec la nébuleuse tout en proclamant haut et fort rejeter »toute influence étrangère » – fournissant ainsi une bonne formule servant de couverture au Qatar, puisqu’il remplit les caisses du groupe terroriste en Syrie.
Les Talibans bénéficient aussi des opérations de blanchiment du Qatar. En 2013, quand les Talibans ont décidé d’ouvrir leur première “ambassade,” c’est au Qatar qu’ils ont choisi de le faire. C’était une localisation qui convenait tout-à-fait, d’autant plus que beaucoup des dirigeants des Talibans y vivaient déjà. Après les protestations du gouvernement afghan, « l’Ambassade » a été fermée – nominalement seulement, s’entend.
En 2015, les principaux responsables Talibans se sont rendus à Doha pour négocier un échange de prisonniers, entre le sergent américain Bowe Bergdahl et le groupe de cinq Talibans notoires, prisonniers de haute voltige à Guantanamo Bay. Aujourd’hui, les cinq Talibans, vivent luxueusement (mais sous interdiction de voyager) à Doha. Les Qataris ont payé l’acquisition de ces maisons somptueuses aux dirigeants talibans et les responsables américains ont même tranquillement rencontré les dirigeants talibans à cet endroit pas plus tard qu’en octobre 2016.
De façon encore plus large, lors d’un récent reportage de notre collègue David Weinberg, le Qatar ne s’est pas montré en mesure de trouver « un seul exemple particulier de dossier où le Qatar accuser, condamnerait et emprisonnerait un individu désigné et recherché par l’ONU et/ ou les Etats-Unis ». En d’autres termes, les terroristes rôdent librement dans ce minuscule coin du Moyen-Orient. Dans certains cas, le gouvernement essaie activement de les aider à changer d’image. Dans d’autres, le gouvernement se contente de fermer les yeux sur leurs activités.
Tout cela est plutôt choquant à la lumière du fait que nous continuons à percevoir le Qatar comme un allié. Cela bien qu’on doive souligner que peu nombreux seraient ceux qui se risqueraient à appeler cela une alliance forgée sur des valeurs communes. C’est une relation transactionnelle fondée sur le fait que le Qatar accorde une base militaire massive aux Etats-Unis, Al Udeid, qui est devenue cruciale pour nos opérations extérieures au Moyen-Orient contre Daesh, Al Qaïda et d’autres groupes terroristes.
L’absurdité de cet arrangement se révèle par le fait que la base se situe exactement au bout de la rue où réside ce même hôtel, d’où le Hamas a déployé son nouveau document politique et à un jet de pierre de la « non-Ambassade » des Talibans.
Certains, dans l’armée, insistent pour dire que cela ne constitue pas un problème. Certains analystes périphériques insistent pour dire que le gouvernement à Doha a changé. Mais cela ne représente rien de plus qu’une petite campagne de changement de marque de notre cru. Le Qatar parraine le terrorisme. Il est temps d’exiger de ce petit pays moyen-oriental de choisir son camp.
Kate Havard est analyste et chercheuse à la Foundation for Defense of Democracies, où Jonathan Schanzer est vice président de recherches.
Adaptation : Marc Brzustowski
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