Guy Millière : La France est en état de désastre 

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Les Français ont reconduit Emmanuel Macron à la présidence, comme c’était prévu, et il n’y avait aucun autre résultat à attendre. Tous les médias étaient favorables à la réélection d’Emmanuel Macron, et ce depuis longtemps. Les sondages indiquaient que cette réélection allait se produire. Les chefs de gouvernement de plusieurs Etats européens soutenaient cette réélection. Le discours disant que l’élection de Marine Le Pen aurait été l’antichambre de l’apocalypse et la porte ouverte à l’avènement du fascisme en France ont été omniprésents depuis deux semaines.

Marine Le Pen offrait, de toute façon, un choix qui n’en était pas un, car son programme économique était pire encore que celui d’Emmanuel Macron et était irréaliste, inepte, à même de conduire à des résultats rapidement catastrophiques. Ses propositions en matière de politique étrangère étaient plus irréalistes et ineptes encore que son programme économique.

Les Français avaient à choisir entre la peste et le choléra, et je comprends ceux qui, avec consternation, ont refusé de choisir, j’en fais partie.

J’ai dit récemment que la démocratie française était malade. Je pense qu’elle est agonisante et en phase terminale, et l’élection présidentielle qui vient de s’achever l’a montré.

Et je dois le souligner, Emmanuel Macron n’a pas eu d’adversaire, car Marine Le Pen n’était pas une adversaire, non. Outre son programme économique inepte et ses propositions de politique étrangère plus ineptes encore, elle s’est transformée en ectoplasme pendant toute la campagne électorale, a tenu des discours qui avaient la consistance d’un écoulement d’eau tiède, et elle est restée un ectoplasme pendant le débat d’entre deux tours.

Emmanuel Macron a pu la transformer en épouvantail, et elle a été un épouvantail consentant, docile. Elle n’a jamais cherché à attaquer Macron, de peur de paraitre agressive. Elle n’a pas été agressive du tout, et a joué le rôle de perdante qui lui était assigné et qui, je pense, la satisfait.

Ce qui résulte est un triomphe pour Emmanuel Macron. Il voulait l’effacement des grands partis politiques de gouvernement qui ont régi le pays jusqu’en 2017, et les grands grands partis de gouvernement l’ont bien aidé dans sa volonté de les effacer. Il n’a pas eu besoin de les tuer: ils ont choisi le suicide en désignant les candidates les plus nulles qu’il leur ait été possible de trouver, et de fait, trouver pire qu’Anne Hidalgo et Valérie Pécresse aurait été difficile.

Macron a créé un grand centre gauche informe, et sans positions définies, qui mène la politique du chien crevé glissant au fil de l’eau, et ne resteront, hors de ce parti qui est devenu un parti unique qui ne dit pas son nom (et qui n’a pas vraiment de nom, puisqu’il en change souvent), qu’un mouvement d’extrême gauche inéligible qui rassemble tous les dogmatiques frustrés, léninistes, gauchistes, écologistes radicaux, islamistes, tiersmondistes, indigénistes, et un mouvement qui sera défini comme d’”extrême droite” quand bien même il n’a plus rien d’extrême et n’est plus vraiment de droite tant il est désormais socialiste, le Rassemblement National. Je crains que Reconquête ait du mal à continuer à exister, et je pense que le Rassemblement National traitera Reconquête comme un feu de paille et s’efforcera de procéder à une extinction.

La France est dans un état de désastre politique: un pays régi par un parti unique qui ne dit pas son nom et qui peut rassembler Nicolas Sarkozy, Manuel Valls, François Bayrou et je ne sais qui d’autre n’est plus un pays démocratique. Ce n’est pas un pays en état de dictature non plus. C’est une sorte de meilleur des mondes façon Aldous Huxley. Il n’y a plus, en France, un seul homme politique de premier plan qui ne soit socialiste, et les mots perdant leur sens: on qualifie le socialiste Macron de libéral! Aux Etats-Unis, Macron serait à la gauche du parti démocrate.

La France est en état de désastre économique: endettement accru de vingt pour cent en cinq ans et qui se poursuit, prélèvements obligatoires et dépenses publiques les plus élevés du monde occidental, cinquante deuxième rang mondial dans l’Index of Economic Freedom publié chaque année par la Heritage Foundation et le Wall Street Journal, juste derrière l’Albanie, qui n’a pourtant pas la réputation d’être un pays de liberté économique.

La France est en état de désastre sur tous les plans: plus de sept cent cinquante zones de non droit sur tout le territoire, une insécurité croissante et digne désormais d’un pays insalubre, une islamisation elle-même croissante et un remplacement de la population qui se poursuit, une prolifération des lubies écologistes qui crée des embouteillage partout et fait proliférer les plots de béton. Il n’y a pas que la liberté économique qui recule. C’est le cas de toutes les libertés, et un pays où on peut enfermer des mois durant une population en transformant les habitations en prison, avec autorisations de sortie dignes d’un quartier de haute surveillance et où la population se soumet est un pays qui atteint un degré très élevé de servitude acceptée.

 Le désastre est visible dans les grands medias, qui jouent un rôle crucial. Ils sont les vecteurs d’une pensée unique diffuse et sans consistance, et les débats sont de plus en plus vides.

Je parlais de désastre politique: les débats politiques ont eu un peu de sens quand Eric Zemmour y a participé et quand il a exposé les problèmes qui affectent le pays de manière nette et précise. Ils ont, hors de cela, été aussi vides, et quand ils n’ont pas été vides, ils ont ressemblé à un vieux film d’horreur dans lequel derrière l’hologramme de Jean-Luc Mélenchon, on pouvait apercevoir l’effigie de Georges Marchais ou celle de Maurice Thorez.

Je parlais de désastre économique. Il y a eu quelques lueurs d’intelligence encore dans les propos d’Eric Zemmour, très insuffisamment, mais dans le contexte français il faut désormais se contenter de peu. En dehors de cela, il y a longtemps que je n’ai pas vu quelqu’un tenir un discours économique sensé à la télévision française: qu’il ait été question sans cesse de “pouvoir d’achat” ces derniers mois est un symptôme. “Pouvoir d’achat”, économiquement, ne veut rien dire. Ce qui compte est ce qui détermine le pouvoir d’achat: le niveau des prélèvements obligatoires, le degré de réglementation, les gains de productivité possibles, le niveau où se situe la liberté d’entreprise, le capital intellectuel et humain de la population employable. Tous ces paramètres ont été laissés de coté en France, et ceux qui ont prétendu parler d’économie auraient tout aussi bien pu parler du sexe des anges, leurs discours auraient été tout aussi vains.

Quand j’écoute un débat économique aux Etats Unis je comprends tout, quand j’écoute un débat économique en France, le plus souvent, je ne comprends rien car ce n’est pas un débat économique, et je ne m’intéresse pas au sexe des anges.

Je parlais de désastre sur tous les plans. Et les débats en France sur l’immigration, sur l’insécurité, sur l’islamisation, sur l’écologie, sur de multiples autres sujets, ne valent pas mieux que les débats sur l’économie. Eric Zemmour, là encore, a été le seul à savoir de quoi il parlait sur ces sujets.

Et si je dois évoquer les débats en matière de politique étrangère, c’est pire encore, et même Eric Zemmour, là, peut dire n’importe quoi.…

Ce qui sépare une démocratie d’un régime autoritaire ou totalitaire est quasiment toujours laissé de coté, ou se trouve dilué dans un galimatias verbal qui empêche de voir quoi que ce soit. On peut parler d’Europe “de l’Atlantique à l’Oural” sans prise en compte des régimes politiques qui existent au bord de l’Atlantique et du régime politique qui existe alentour de l’Oural, et sans prendre en compte que la Russie s’étend jusqu’à Vladivostok, au bout de l’Asie. On peut énoncer des inepties et faire comme si des liens géopolitiques tissés depuis vingt ans risquaient de se nouer soudainement aujourd’hui: à ce degré d’ignorance et d’amnésie, parler d’incompétence est user d’une litote. Des désinformateurs pris en flagrant délit de désinformation continuent à être invités et à être présentés comme des spécialistes, ainsi Jacques Baud, qu’on voit beaucoup en ce moment, mais il n’est pas le seul.

Dans un livre que j’ai publié il y a plusieurs années et que j’avais appelé Voici revenu le temps des imposteurs, je décrivais le règne de l’imposture dans lequel la France a sombré. J‘exposais la généalogie de ce règne, et la description est toujours valable.

Je parlais d’Antonio Gramsci et je disais que, discernant que les communistes dans les sociétés occidentales n’arriveraient jamais au pouvoir en s’affichant communistes, le communiste italien Antonio Gramsci a dit que les communistes devaient procéder à un travail d’infiltration de façon à renverser ce qu’il appelait l’hégémonie bourgeoise, ce aux fins d’installer une autre hégémonie et un horizon de réflexion et d’analyse sur lequel tous les paramètres de réflexion et d’analyse seraient  propices à l’effondrement du capitalisme, de la démocratie et du droit. Je disais qu’en France, le travail d’infiltration a eu lieu et que tous les domaines sont touchés.

Je disais que dès lors que tous les domaines sont touchés, la France, comme d’autres pays occidentaux est très proche de ce que le sociologue Emile Durkheim a appelé l’anomie: la dissolution généralisée des repères structurant une société. Je pense que la France est dans l’anomie.

Je pense qu’Emmanuel Macron est l’incarnation de l’anomie.

Je pense que l’avenir est très sombre pour la France. Je pense que ce qui arrive à la France menace d’autres sociétés occidentales. Je pense que l’immigration, l’insécurité, l’islamisation, le désastre politique et économique vont s’accentuer.

Je pense que s’il y a des révoltes nées du désespoir, elles seront sans perspective (l’anomie n’offre aucune perspective) et seront écrasées par la violence et les mutilations comme l’a été la révolte des gilets jaunes.

Je pense que les libertés ne disparaitront pas toutes brutalement: leur extinction sera graduelle, mais elle viendra. Si je compare la France d’il y a quarante ans à la France d’aujourd’hui, je vois une différence immense, et quand je passe par la France (ce qui ne m’est pas arrivé depuis trois ans maintenant), je ressens une asphyxie qui m’attriste. Dans un autre livre, que j’ai publié il y a plus de vingt ans (Un goût de cendres. France, fin de parcours), je disais que ce qui arrivait aux Français me faisait penser à la cuisson du homard, et j’expliquais que pour cuire un homard, il fallait le plonger dans l’eau tiède, propice à la somnolence du homard, et faire monter la température: le homard était anesthésié et finissait cuit.

J’ai publié plus récemment un troisième livre appelé Comment meurt une civilisation, et j’y explique la mort civilisationnelle qui vient en France et dans toute l’Europe.

L’administration Biden essaie d’imposer aux Etats-Unis la mort qui vient en Europe. La mort est moins avancée aux Etats-Unis qu’en Europe, mais si l’administration Biden n’est pas arrêtée dans son action de destruction, la mort viendra aussi aux Etats-Unis. J’entends faire partie de ceux qui sauveront la civilisation américaine, et dès lors la civilisation occidentale, et c’est pour cela que je continue à me battre.

Guy Millière (notre photo)

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