Grand espoir du centre de formation de l’Olympique lyonnais des années 1980, Guy Alliel aurait pu embrasser une grande carrière de footballeur professionnel. Guidé par sa foi, il a finalement décidé de tout abandonner à 22 ans. Aujourd’hui, il ne regrette rien.
Ils sont nombreux, les petits garçons fans de football qui rêvent de devenir professionnels pour le club qu’ils supportent. Ils sont nombreux à taper dans le cuir dans l’espoir de suivre le pas de leurs stars préférées. Ils sont moins nombreux, en revanche, à rejoindre un centre de formation. Et, au bout du chemin, ils sont peu nombreux à décrocher un contrat. Et souvent, l’histoire s’arrête là. Ils deviennent bons, moins bons, voire mauvais footballeurs. Beaucoup vont au bout et prennent eux-mêmes la décision de prendre leur retraite. Certains, en revanche, sont obligés de mettre un terme à leur carrière à cause d’une blessure. Mais très rares sont ceux qui mettent tout de côté tout du jour au lendemain pour d’autres raisons. Guy Alliel fait partie de ces petits garçons qui rêvaient de devenir professionnels. Lui y est arrivé. Seulement, l’appel de D’ était plus fort que celui de Raymond Domenech. Après un cours de Tora bouleversant, il comprend que ses croyances ne seront pas compatibles avec le monde du football. Sans hésitation aucune, il dit adieu à sa carrière.
De la Duchère à l’OL, de Robert à Raymond
Petit garçon, Guy Alliel aime le football. Il joue dans le club de son quartier, un certain Lyon Duchère A.S. Polyvalent. Il peut jouer à tous les postes de la défense : latéral gauche ou droite, stoppeur et même milieu défensif. Doué, il ne manque pas d’éveiller rapidement l’intérêt de l’Olympique lyonnais, qui évolue alors en deuxième division. « Je suis entré à l’OL à 16 ans. J’ai passé un stage et je suis resté. Avant ça, je jouais à la Duchère. À l’OL, je commence dans l’équipe de jeunes, junior. Après, dès la deuxième année, j’ai joué avec l’équipe trois de l’OL à 17 ans. Puis, à 18 ans, j’ai joué en troisième division et je suis entré au centre de formation » explique le Gone, qui a gravi un à un les échelons jusqu’à intégrer, en 1987, l’équipe première, alors dirigée par Robert Nouzaret. Jean-Michel Aulas vient tout juste de s’asseoir dans ce qui est encore aujourd’hui son fauteuil de président.
Pour Guy Alliel, les débuts en pro ne se passent pas exactement comme prévu. « À l’époque, ce n’était pas le Lyon de cette année. La politique, c’était de faire venir au maximum des joueurs de l’extérieur. Il y avait les étoiles France Football de troisième division : quand on avait l’étoile, on était considéré comme le meilleur joueur de l’équipe. J’en avais quand même eu trois sur quatre de suite ! Nouzaret venait me voir, il me disait de continuer comme ça, mais il ne me faisait jamais jouer ! Il faisait venir des joueurs pas plus forts que nous, et nous, du centre de formation, on ne jouait jamais. » L’année suivante, celle de la remontée en D1 pour l’OL, Nouzaret est remplacé par Raymond Domenech. Un changement radical. « L’impulsion pour la jeunesse, c’est clairement Raymond Domenech qui l’a donnée. C’est lui qui a fait éclater N’Gotty, Garde, Génésio et tous les jeunes de cette génération-là. Tout ça, c’est grâce à lui. » Seulement voilà, c’est à ce moment que Guy Alliel décide de mettre un terme à sa carrière, après avoir compris que ses croyances religieuses étaient devenues plus importantes que son amour du ballon rond. « J’ai toujours eu en moi une braise, quelque chose en moi qui m’attirait vers la religion, mais après, j’étais comme tout le monde. Dans ma vie de tous les jours, j’avais envie de faire carrière, de vivre une vie comme tout le monde. Jusqu’à ce cours qui a tout changé » , se souvient-il.
De la braise à la flamme
Issu d’une famille juive dite traditionaliste – qui célèbre les grandes fêtes religieuses – Guy Alliel se souvient du moment précis où tout a changé. « À un moment donné de ma vie, je me suis marié et j’ai assisté à un cours de Tora. C’était un rabbin très renommé sur Lyon qui donnait ce cours. Je n’avais jamais entendu ce genre de discours et ça m’a transformé. J’ai reçu un électrochoc sur ma vie personnelle. C’est très difficile à exprimer. C’est comme une flamme qui naît en vous. (…) C’était un cours sur la raison pour laquelle l’homme a été créé. C’était une remise en cause totale de mon existence. Je me suis retrouvé en face d’une réalité, je me suis dit que j’étais un juif et que ma mission sur terre était de suivre la voie de D’. Plus rien ne pouvait me faire changer d’avis » explique-t-il. Alors, le Gone assume pleinement sa religion. Il porte la kippa lors de ses entraînements. D’ailleurs, il explique avoir aujourd’hui « un profond respect » pour Domenech et ses coéquipiers, qui ne lui ont jamais fait la moindre remarque.
Très vite, il comprend que les deux mondes ne sont plus compatibles. « J’ai appelé Bernard Lacombe et j’ai demandé un rendez-vous. Je lui ai dit que je voulais arrêter et je lui ai demandé de transmettre à Aulas. Ils m’ont pris pour un fou ! J’étais un joueur très volontaire, battant. J’ai toujours voulu réussir, j’ai toujours été à 100%. Être professionnel pour moi, c’était un rêve. J’avais signé un contrat de cinq ans et au bout d’un an, je voulais arrêter. C’était surréaliste. » Libre de vivre sa foi à 100%, Guy Alliel rejoint le Maccabi Villeurbanne, club avec lequel il joue pendant une dizaine d’années, jusqu’au niveau Honneur. Puis, il est contraint d’arrêter, puisqu’il ne peut pas jouer au football pendant le Chabbath. Après avoir renoncé à sa carrière, il décide de créer son entreprise. 25 ans plus tard, il est encore à la tête de sa boîte de nettoyage industriel, à Villeurbanne, d’où il suit d’un œil attentif la saison des jeunes Gones. En connaisseur, il livre son avis. « Au-delà du niveau, ce qui m’impressionne, c’est le nombre ! En règle générale, il y a un, deux jeunes qui percent par année. Là, il y a un effectif entier, d’un coup, qui explose ! » Aujourd’hui, il vit pleinement sa foi et le clame haut et fort : il n’a aucun regret.
Source www.sofoot.com