Guerre en Ukraine : Israël devrait aussi adopter des sanctions contre la Russie

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Après plus de trois semaines au cours desquelles Israël n’a guère participé aux sanctions contre la Russie et ses oligarques, l’Etat hébreu est en train de réviser sa position sous la pression de l’allié américain.

Illustration : Le jet de Roman Abramovitch, un oligarque russe qui a aussi la nationalité israélienne, n’a pas pu rester plus de 24 heures à l’aéroport Ben Gourion. (John Sibley/Reuters)

Par Catherine Dupeyron, LesEchos

Jusqu’ici, Israël fait un peu le grand écart entre son allié américain et son voisin russe, installé à la frontière syrienne. Le pays s’est formellement prononcé contre la guerre en Ukraine mais ne s’est guère joint aux sanctions. Ainsi, à ce jour, la compagnie israélienne El Al continue d’assurer ses vols vers Moscou et selon une chaîne de télévision israélienne, les oligarques russes ont multiplié les vols en jet privé vers Tel Aviv depuis le 24 février dernier.
Mais la situation évolue peu à peu. C’est le mémorial de la Shoah à Jérusalem qui, le 10 mars, avait amorcé le virage pris en Israël à l’égard des sanctions, en publiant un communiqué aussi clair que bref, indiquant : « A la lumière des développements récents, Yad Vashem a décidé de suspendre le partenariat stratégique avec M. Roman Abramovitch. » Stratégique en effet, compte tenu de l’ampleur du don en question : plusieurs dizaines de millions de dollars. Celui-ci avait été rendu public le 22 février, soit deux jours avant l’invasion de l’Ukraine.

Pression de Washington

Une déclaration d’autant plus intéressante qu’au lendemain du début de la guerre, une chaîne de télévision israélienne avait révélé que le mémorial était intervenu auprès de Thomas Nides, l’ambassadeur américain à Tel Aviv, pour convaincre les Américains de ne pas mettre Roman Abramovitch sur la liste des oligarques pestiférés.

Une pression inutile, qui s’est finalement inversée. En effet, la semaine dernière, Victoria Nuland, sous-secrétaire d’Etat américaine aux Affaires politiques, interviewée sur une chaîne israélienne, n’avait pas mâché ses mots, lorsque stigmatisant l’Etat hébreu, elle avait déclaré : « Vous ne voulez pas devenir le dernier refuge de l’argent sale, qui alimente les guerres de Poutine. »

Un message reçu cinq sur cinq par le ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid. En visite en Slovaquie au début de cette semaine, il a déclaré à l’issue de sa rencontre avec son homologue, Ivan Korčok, qu’Israël « ne sera pas une voie pour contourner les sanctions imposées à la Russie par les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux. Le ministère des Affaires étrangères coordonne la question avec des partenaires tels que la Banque d’Israël, le ministère des Finances, le ministère de l’Economie, l’Autorité des aéroports, le ministère de l’Energie et d’autres. »

Une équipe regroupant ces différents ministères et institutions est en cours de formation pour examiner les sanctions applicables. La situation est donc en train de basculer. Et d’après plusieurs experts, le système bancaire israélien devrait s’aligner sur les règles édictées par Américains et Européens.

Liens avec des ministres

Cependant, la presse israélienne souligne que les liens assez proches que certains oligarques entretiennent avec plusieurs ministres – et non des moindres, qu’il s’agisse d’Avigdor Liberman aux Finances, Benny Gantz à la Défense ou Guideon Saar à la Justice – pourraient compliquer les choses.

En outre, certains oligarques, comme Roman Abramovitch, étant également citoyens israéliens, ils ne peuvent se voir interdire l’accès au sol israélien. En revanche, le jet de ce dernier, n’est déjà plus le bienvenu à l’aéroport Ben Gourion. Au début de cette semaine, la durée de stationnement de son avion ayant été limitée dans le temps, l’oligarque n’est resté que 24 heures en Israël avant de repartir pour Moscou.

D’autres oligarques comme Mikhail Fridman, Moshe Kantor ou Viktor Vekselberg sont dans le collimateur. En revanche, le milliardaire israélien Leonid Nevzlin, fondateur de la compagnie pétrolière Yukos, absorbée notamment par Gazprom et contraint de quitter la Russie en 2003, a annoncé qu’il « était contre la guerre » en Ukraine et renonçait à sa citoyenneté russe.

Catherine Dupeyron (Correspondante à Jérusalem)

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