La guerre actuelle est la première vraie Guerre mondiale. Elle menace en permanence chaque homme, femme, enfant, vieillard, où qu’il se trouve. Pour la gagner, créons un G7 antiterroriste et coalisons enfin les Etats contre la minorité djihadiste qui frappe aux quatre coins du globe.
Le 26 mai, des enfants qu’on emmenait, à 200 kilomètres au sud du Caire, visiter un monastère, sont morts, tués sous le feu nourri des kalachnikovs par une dizaine d’hommes déguisés en militaires.
La communauté internationale tétanisée
Se mettre à une dizaine, de surcroît déguisés, pour tuer par surprise une trentaine d’innocents, est en soi innommable. Le fait qu’il s’agisse de chrétiens coptes qui subissent un véritable martyre depuis des décennies dans cette région du globe n’est bien sur pas indifférent. Et le soutien aux chrétiens d’Irak, de Syrie et de tous les lieux où ils sont affreusement martyrisés doit s’intensifier.
Mais au risque de choquer, je voudrais dire ici en tant que juriste que je suis inquiète de la tournure que prennent les choses. On dirait que la « communauté internationale », comme tétanisée par la montée d’un communautarisme planétaire qu’elle n’ose pas nommer, s’interdit les solutions que le droit offre pourtant de toute éternité pour protéger et punir.
Attentats de masse non-ciblés
Devant une sorte de « spécification » des actes en fonction des victimes, le droit semble s’être comme évanoui et se montrer incapable de remonter de la cible à la source.
La cible est un gendarme homosexuel ? Ce sont des homophobes. C’est le public d’un concert ? Ils en veulent à notre culture. C’est un journaliste satirique ? Ils tuent de préférence les blasphémateurs. C’est contre un père et ses enfants juifs, un bus a Tel Aviv ? Acte d’antisémites. Deux cent jeunes africaines sont enlevées, violées, voilées, vendues comme esclaves ? C’est l’éternelle lutte victimaire des Arabes contre les Noirs.
Un tel raisonnement s’avère pernicieux et démobilisateur en ce qu’il donne l’illusion que telle ou telle catégorie est touchée et qu’on se trouve donc soi-même à l’abri.
La pratique parallèle d’attentats de masse non-ciblés, comme ceux du métro de Bruxelles ou de la promenade des Anglais à Nice, même si on y cherche un sens (c’était la fête nationale…) devrait nous enlever la fausse sécurité de ces fragiles constructions.
Le droit est universel
Cela fait perdre de vue l’essentiel : le moteur même du droit, certes né dans des contextes nationaux ou tribaux mais qui conserve malgré tout une vocation universelle. Il faut bien sûr s’indigner du sort des chrétiens d’Orient, mais chacun de nous devrait être simplement horrifié qu’on inscrive un « noun » sanglant sur les portes d’autres hommes, chrétiens ou non, pour les désigner à la vindicte et les exposer à la mort. S’il n’a plus du tout de prétention universelle – si on admet qu’ici règne la charia, là le droit romain, alors le droit est mort. La concorde est morte, vive la haine et le chaos ! La paix est morte, vive la guerre de tous contre tous !
Par exemple, au sujet du conflit israélo-palestinien, il faut poser la question en termes universels. Non pas « les Juifs ont-ils raison en tant que Juifs à l’aune de la promesse divine de retour sur leur Terre promise de vouloir plus de terres qu’il ne leur en a été attribué ? » mais « un Etat a-t-il le droit de dépasser les frontières qui lui ont été attribuées ? ». Non pas « les Palestiniens ont-ils raison en tant que Palestiniens de défendre leurs droits par le terrorisme » mais « quelle que soit la cause, un groupe humain peut-il bafouer impunément le droit de la guerre fondé sur une déclaration de guerre préalable, la protection des civils et le statut des prisonniers ? ».
S’agissant de l’Etat islamique, il ne faut pas se demander si les djhadistes ont raison suivant les termes de leur loi, le Coran, de tuer des « mécréants ». Cela reviendrait à s’interroger sur la pertinence de leur interprétation du Coran.
Dès lors que les terroristes agissent au mépris des lois des pays dans lesquels ils vivent, la communauté internationale n’est elle-pas en droit de les combattre au nom de la légitime défense des populations civiles du monde entier, désormais potentiellement décimées chaque jour en un point différent du globe ?
Un droit à la légitime défense des civils
La France a un jour inventé le « droit d’ingérence » qui permet de porter légalement secours, sur mandat de l’ONU, aux populations civiles persécutées par leurs propres dictateurs – et ce au détriment d’un droit international depuis toujours fondé sur l’intangibilité des souverainetés.
Mais l’exercice de ce droit nouveau est très insuffisant puisque, comme on vient de le voir à Manchester ou en Egypte, les auteurs des attentats sont issus de l’opposition islamiste aux potentats arabes, formés dans la patrie de Kadhafi.
D’où la nécessité de créer un droit à la légitime défense des populations civiles victimes des réseaux terroristes politico-religieux, dont les adeptes sont autant de soldats dissimulés parmi la population civile.
Les musulmans menacés par Daech
Le pape au lendemain de sa visite au président Erdogan en 2014 a raconté lui avoir dit « ce serait beau que tous les leaders musulmans qu’ils soient politiques, religieux ou universitaire parlent clairement et condamnent les actes terroristes ». Ce serait beau, et surtout cela éviterait que les musulmans dans leur ensemble ne soient considérés comme complices de ce que le pape n’hésite pas a nommer « cette troisième guerre mondiale ». Les récents propos de Donald Trump à Ryad résonnent comme un écho très amplifié de ceux tenus par le pape François : « Avec l’aide de D’, ce sommet marquera le début de la fin pour ceux qui pratiquent la terreur et répandent leur vile croyance ». « Les leaders religieux doivent être très clairs là-dessus: la barbarie n’apportera aucune gloire, l’adoration du mal ne vous apportera aucune dignité. Si vous choisissez le chemin de la terreur, votre vie sera vide, votre vie sera courte et votre âme sera condamnée à l’enfer. »
Les chefs d’Etat dont la religion d’Etat est l’islam sont aussi des chefs religieux. Le propos des deux hommes est donc destiné aux dirigeants de l’Arabie Saoudite – mais aussi de l’Iran – qui pourraient rejoindre ceux du Maroc, de la Jordanie, de la Syrie, de l’Egypte, de la Turquie dans leur prise de position contre le terrorisme islamiste.
Mais cela ne saurait s’appliquer aux musulmans répartis dans le monde entier soit du fait de migrations anciennes, soit consécutivement à la migration continue de population extra-européenne en majorité africaine et moyen-orientale vers l’Europe.
A l’exception notable de pays, comme la Pologne ou la Hongrie, qui résistent à la migration actuelle et n’ont pas connu de vague migratoire avant 1991 et leur sortie du socialisme, les Etats européens voient exploser sur leur sol les attentats et ne peuvent protéger leurs minorités musulmanes. Ces musulmans risqueraient donc leur vie en manifestant leur hostilité à leurs coreligionnaires djihadistes. De plus, beaucoup de leurs enfants (les kamikazes ont en moyenne 23 ans !) optent pour Daech et son grand plan de conquête. Ce dessein mortifère leur semble plus viril et exaltant que nos présumées « valeurs » de tolérance qu’ils assimilent, non sans quelque raison, à un refus de la foi et de l’engagement…
Enfin, ils ignorent parfois les activités djihadistes de leurs proches car la propagation instantanée de slogans, films et directives par internet via les smartphones a changé la nature de la guerre. L’assassin du père Hamel, natif de Normandie, a par exemple été mis en contact, via un instructeur syrien, avec un jeune musulman habitant en Savoie.
La première vraie guerre mondiale
Un jour à Manchester, un jour en Egypte, un autre en Israël, au cours de la même semaine, des enfants sont visés, les uns en marge d’un concert, les autres dans un bus scolaire, par les mêmes recruteurs et instructeurs installés en Libye.
La guerre actuelle est la première vraie Guerre mondiale. Elle menace en permanence chaque homme, femme, enfant, vieillard, où qu’il se trouve, et sanctionne son athéisme, son christianisme, son judaïsme, son apostasie réelle ou supposée, son engagement dans les forces de l’ordre ou dans les ordres, en fait tout et rien, ce qui est le propre de l’acte destiné à semer la terreur.
Au lieu de dénoncer la colonisation passée, notre nouveau président eût été mieux inspiré de qualifier la guerre actuelle de crimes contre l’humanité.
Revenir à l’antique coalition
L’ONU a fait la preuve de son incapacité. Hormis en 1991 où elle a dû à la défaillance momentanée d’une URSS sur le point de s’écouler, sa capacité à déclarer la guerre à l’Irak, l’ONU se borne à dépêcher une police de la paix désarmée dans les zones de conflit où ses « casques bleus » deviennent la cible des groupes armés.
Il faut donc revenir à l’antique coalition. Non pas d’Etats contre des États mais d’Etats contre des réseaux et des hommes de l’ombre qui n’en sortent que pour frapper. À ce titre, la visite de Trump à l’OTAN présage-t-elle du futur rôle central de cette institution qui n’a plus à préserver la paix de l’Europe de l’Ouest contre un Komintern trépassé ? L’OTAN n’a que trop longtemps servi à faire renaître une guerre froide avec la Russie dont la lutte contre le terrorisme n’a pas besoin.
Un G7 de la sécurité
Il faut un « G7 de la Sécurité » au sein duquel les États forts protégeront les États faibles trop souvent victimes de la dictature terroriste de l’islam conquérant.
Malgré cette urgence, Emmanuel Macron s’est montré peu disert lorsqu’un journaliste a posé le problème de l’immigration et du terrorisme au cours de la conférence de presse tenue à l’issue du sommet de l’OTAN et du G7 de Taormina. Notre président a préféré changer de sujet et aborder la question de l’urgence climatique.
Ultima ratio regis…
D’ici à ce que le climat cause des morts par millions, nous serons pourtant tous morts. C’est aujourd’hui que nos enfants meurent sous les bombes des fous d’Allah.
Sur les canons anciens à l’hôtel des Invalides, il est écrit Ultima ratio regis pour signifier que la force est « le dernier argument du roi ».
Nous y sommes. Qu’Emmanuel Macron, qui semble heureux de mettre ses pas dans ceux des rois en recevant à Versailles Vladimir Poutine, lointain successeur de Pierre le Grand qui fit en son temps couper les barbes dans toute la sainte Russie, y pense.
Catherine Rouvier www.causeur.fr