La mairie de Tel Aviv
La guerre du Chabbath prend de l’ampleur : la Cour suprême locale, connue pour faire trainer ses dossiers des années durant, a décidé de ne pas laisser au ministre de l’Intérieur les quelques semaines qu’il voulait pour prendre position sur la question, et a tranché ! Lançant, ce faisant, une grande guerre, dans laquelle il est fort probable que l’icelle institution risque de sortir perdante. Nul ne s’en plaindra.
Diverses grandes surfaces de la ville de Tel Aviv ont fait la demande au maire, Ron ‘Houldaï, de pouvoir ouvrir le Chabbath. Or même dans une ville qui vise, de nos jours, à se libérer le plus totalement possible des limites que la Tora a fixées au peuple juif (et pas seulement dans le présent domaine…), la loi veut que le Chabbath soit respecté sur la place publique.
Du reste, Méïr Dizengof, le premier maire de la ville, disait en son temps qu’une ville juive où le Chabbath ne serait pas respecté ne lui paraissait pas une agglomération digne de ce nom dans le peuple d’Israël.
Ce n’est pas la conception du maire actuel, qui est en place depuis l’année 1998, et il a donc tout fait pour arriver à obtenir la possibilité d’accepter ces demandes.
De qui cette décision dépend-elle ? La clef est entre les mains du ministre de l’Intérieur. Or les récents préposés à ce poste ont hésité à s’engager, dans un sens comme dans l’autre. Présentement, c’est le rav Arié Dérhy qui occupe ce poste. On imagine bien quelle est sa position personnelle, d’autant plus que nul ne peut ignorer le fait que si Tel Aviv obtient une telle possibilité, les autres villes en feront la demande, et…
Toutefois, le rav Dérhy a pris son temps, ce que l’on peut comprendre, et c’est donc la Cour suprême qui l’a doublé : ces grandes surface peuvent ouvrir le Chabbath, dixit les juges (par hasard, bien entendu, ceux qui ont siégé pour prendre cette décision étaient les plus férocement positionnés du côté libéral de l’échiquier politique).
Comme l’a bien résumé le rav Mozes, l’un des députés de Yahadouth haTora, les juges ont donné la préférence aux intérêts de 164 grandes surfaces qui visent à amasser de l’argent autant que faire se peut, en particulier durant le Chabbath, au détriment de 12.800 commerçants dont le seul but est de faire vivre leurs familles. « Où sont les socialistes ? Où sont les groupes de défense des droits de l’individu ? » Car, sans aucun doute, une telle décision risque d’entrainer une bonne partie des petites et moyennes surfaces à suivre le mouvement, afin de sauvegarder leurs entreprises.
Quelle solution propose-t-on ? Une formule de loi sur mesure, préconisant que toute décision en provenance de la Cour suprême datant d’après le 1er janvier de cette année ne peut pas aller contre les décisions du ministre de l’Intérieur… Divers contacts ont déjà été pris, entre autres avec le Premier Ministre, quand le rav Gafni, sur les instructions du rav Steinmann (que l’Eternel lui accorde une bonne santé !), a fait savoir sans l’ombre d’un doute que si ce sujet restait sans solution, les groupes politiques religieux allaient quitter le gouvernement, qui, sans eux, s’effondre.
Netaniahou s’est déclaré convaincu de l’importance de la question, et accepter de considérer avec sérieux la demande de ces groupes, à savoir Yahadouth haTora, Shass et le Bayith haYehoudi (coalition remarquable, du reste).
L’affaire est à suivre.
Nul doute que la présente intervention de la Cour suprême va amener l’ensemble des forces politiques en place à réfléchir à nouveau comment faire pour remettre à leur place naturelle ces juges dont l’audace profanatrice est de plus en plus gênante, ainsi qu’un public qui ne fait qu’augmenter finit par comprendre.