Grande réunion publique autour de la question des tombes en France le jour de Lag ba’Omer

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A paru dans le Yated Nééman en veille de Chabbath Emor (en Erets Israël – date qui correspond aux parachioth A’haré moth-Kedochim à l’étranger), un article important pour nos communautés. En effet, à la suite de consultations des Grands de la génération faites par divers rabbanim français et européens, le Grand rabbin de Paris, rav Gugenheim, a pris l’initiative d’une journée de prière et d’information concernant la situation régnant dans les cimetières en France et les précautions à prendre sur le plan individuel.

Voici quelques mois, divers rabbanim français, dont le dayan rav Ya’hia Teboul, dayan de Lyon, ainsi que le représentant du comité rabbinique européens, le rav Moché Leybel, roch Yechivath Torath ‘Hayim de Moscou, se sont rendus chez les Guedolim pour leur présenter l’immense problème que l’on rencontre en France depuis 200 ans dans le domaine funéraire : ensevelissement limité dans le temps, exhumations d’autres Juifs pour faire de la place aux nouveaux morts, dépôts des restes funéraires dans des ossuaires non conformes à la Halakha, manque d’information du public face au manquement total de respect dû à nos morts. Ces Grands de la Tora ont exprimé leur profonde indignation face à cette situation, et ont demandé que tout soit fait pour que cela change, y compris qu’un jour de prière soit organisé. Rav ‘Hayim Kanievski a même précisé quels psaumes devront être dits : le chapitre 83, 130 et 142.

La communauté juive de la région parisienne, sous la direction de son Grand rabbin, le rav Michel Gugenheim, récemment réélu à ce poste, organise donc le jour de Lag ba’Omer prochain des réunions de prière et d’information sur les obligations des familles envers leurs proches et sur l’importance d’une conduite intelligente en la matière.

Dans son appel à la communauté (qui n’a pas encore paru en français, à notre connaissance, mais dont un exemplaire en hébreu est parvenu à la rédaction du Yated Nééman), le Grand rabbin de Paris écrit :

« L’expérience nous a prouvé que nombreux sont les enfants d’Israël ne sont pas au courant des instructions gérant ce domaine dans les villes de France depuis 200 ans. Elles font qu’à notre grande douleur les restes funéraires de nombreux Juifs ont été exhumés. Afin d’éviter ce genre de situations, nous pensons être de notre devoir d’en informer le public et de les guider sur les points suivants :

  1. Il est possible d’obtenir de la municipalité des concessions perpétuelles, et d’autres qui ne le sont pas.
  2. Il est évidemment important de prendre une concession perpétuelle, ce qui est possible même de nos jours.
  3. Quand cela n’a pas été fait, il reste possible de prolonger la location à la fin de la période.
  4. Si cela n’a pas été fait, la municipalité a le droit d’exhumer les restes funéraires.
  5. Au courant de la période d’utilisation de la concession, la municipalité peut tout de même reprendre la tombe dans la mesure où elle ne s’inscrit pas dans les critères de la municipalité en termes de sécurité (vieillissement de la pierre tombale et manque de soins).

Dans un tel cas, une pancarte est affichée annonçant le sort qui attend cette tombe et un courrier postal est envoyé aux ayants-droit, mais parfois, avec le temps, leur adresse a changé et ils ne reçoivent pas le courrier. Il faut donc prendre garde d’informer la municipalité de tout changement d’adresse.

  1. Il faut savoir en effet que seuls les ayant-droit sont habilités à prendre soin de la tombe de leurs ancêtres.

En conséquence de ces éléments, nous conseillons de prendre les précautions suivantes :

  1. Face à une tombe d’un proche, il est suggéré de demander aux responsables du cimetière qui est inscrit dans leurs registres comme étant le propriétaire de la concession ou son ayant-droit.
  2. Si la personne qui fait enquête n’y est pas habilitée, elle devra se tourner vers les ayants-droit officiels et les informer des démarches à suivre pour sauvegarder la tombe.
  3. Si la tombe n’a pas été prise à perpétuité, il est très urgent de renouveler le contrat à terme, et de ne pas attendre.
  4. Quand la tombe commence à vieillir, il faut la restaurer le plus tôt possible.
  5. Il est conseillé de fournir à la direction du cimetière une adresse mail plutôt qu’une adresse physique, car elle est moins susceptible en général de changer. »

Le rav Gugenheim conclut sa circulaire en écrivant : « Il faut prier l’Eternel de nous permettre d’éviter toute exhumation qui ne soit pas conforme à la Halakha. Que l’Eternel nous évite toute erreur et toute marque d’irrespect envers nos morts, jusqu’à ce que le Machia’h arrive ! »

5 Commentaires

  1. Ne serait-il pas important de signaler que l’un des dangers menaçant les restes funéraires de nos ancêtres est la crémation ? Car, comme cela, l’idée qu’ils soient transférés dans un ossuaire peut rassurer… Bien que cela soit faux également : dans une telle option, il n’est plus possible de s’approcher de leurs restes funéraires, qui deviennent « propriété de la municipalité », sans que nul n’ait droit à savoir ce qu’ils deviennent et où ils sont.
    Incinération, dites-vous ? Mais qui vous dit-il que l’on procède à une telle pratique ? D’abord, l’actualité elle-même : rappelez-vous de l’affaire de M. Burtin, qui a eu le malheur de voir les restes funéraires de sa mère incinérés, elle qui avait échappé à la Shoah et à un tel sort. C’est vrai que c’était un peu de sa faute, puisqu’il avait laissé sa mère être enterrée dans un carré d’indigents, mais tel est le sort de tous ces pauvres, l’incinération au bout de 5 ans.
    Et la loi veut de nos jours que si aucune mention d’opposition n’a été explicitement faite, tout corps dont la durée de la concession est arrivée à échéance peut donner lieu à crémation, sauf déclaration préalable d’opposition (article 18 de la proposition de loi n° 3186, du 22 juin 2006).
    Et, du reste, il en sera de même dans les cas où la boite dans laquelle les restes funéraires sont déposés dans un ossuaire présente des signes de moisissure : alors le tout est envoyé en urgence au crématoire, pour des raisons de santé publique.
    Tout ceci aurait avantage à être su du grand public !
    I. B.

  2. Ici en Alsace, nous avons des cimetières israélites (uniquement), propriétés du Consistoire, concessions perpétuelles (celui d’ETTENDORF accueille des sépultures depuis le XVème siècle), des cimetières dont la préservation et l’entretien sont assurés par des associations juives de bénévoles.
    Il reste de nombreuses places, des propositions ont été faites, ce serait une alternative….

    • Le problème est que le public tient absolument à avoir les tombes de ses proches à proximité… Donc refusera même d’accepter d’enterrer à Thiais, pourtant dans la région parisienne, et pourtant assez peu encombré, et préférera Pantin, même s’il faut pour cela déterrer un autre Juif, que D’ nous en préserve, ou risquer soit d’avoir un gentil venir s’installer à côté de la tombe, soit, bien sûr pire, voir (ou ne plus voir 50 ans plus tard) ce proche déterré et…
      Tous se ferment les yeux !
      Quant à la propriété des cimetières en Alsace, c’est plus compliqué que cela, certaines dépendent d’associations privées. Mais dire que c’est le Consistoire qui en est propriétaire n’est guère rassurant.

  3. Ma grand-mère et ma mère ont ete enterrées dans le cimetière israélite de Nancy. Le rabbin local m’a assure que es tombes ne seraient jamais déplacées, qu’il existaient de très nombreux cimetières juifs en Lorraine et que beaucoup de funérailles étaient fait la bas.
    Les traditions funéraires juives ont varie dans l’Histoire. On a ainsi trouve des cimetières souterrains où les corps, après s’être débarrassé des chairs, n’étaient réduits qu’à un squelette. Ces squelettes étaient alors rassemblés et mis dans une boite en pierre déposée sur une étagère également en pierre. La meilleure illustration se trouve à Beth Shéarim, non loin de ‘Haifa. Un autre exemple vient tout juste d’être découvert. Il est à Rome, sous la villa de Mussolini.
    Ensuite, parce que les cimetières alloués étaient exigus, on enterrait les corps à proximité puis quelques dizaines d’années plus tard, presque au dessus des corps précédents. Le meilleur exemple est l’ancien cimetière juif de Prague.
    En Israel, dams les grandes villes, fautes de terrains, on enterre dans des tombes juxtaposées.
    Le principal n’est pas la tombe, mais le fait que le corps du défunt soit enterré selon les rites juifs.

    • Pour ce qui concerne l’Alsace Loraine, c’est juste : le régime du concordat est totalement différent, et ces cimetières ne risquent rien. Le problème est à Paris, et en France en général, sauf quand les communautés locales prennent les choses en main et parviennent à des accords avec les municipalités.
      La pratique ancienne dont parle cette personne est exacte, mais quel rapport avec nous ? Alors, des Juifs s’occupaient de sortir les corps de la terre et de les mettre dans d’autres tombes. Chez nous, de nos jours, outre le fait qu’aucune communauté au monde ne se conduit ainsi, il s’agit d’exhumations effectuées par des fonctionnaires municipaux (et D’ sait que des personnes qui effectuent ce genre de travaux sont de la dernière catégorie) qui ne sont en rien intéressés à prendre tous les restes des corps ! De la sorte, en dehors du fait que c’est pour le défunt une grande offense que des non-juifs s’occupent de lui, le résultat est qu’on va prendre un bras et laisser l’autre sur place, dans le cimetière, et le reste à l’avenant ! Dans le milieu, quand on doit creuser une tombe et que l’on trouve comme d’habitude des restes funéraires des occupants précédents, on parle avec élégance de « bonbons ». Allez vérifier !
      Toute personne consciente de ses devoirs, même en Terre sainte, insiste pour avoir une tombe en bonne et due forme, en terre, isolée des autres.
      Quant à la sentence finale, « le principal n’est pas la tombe, mais le fait que le corps soit enterré selon les rites juifs », nous nous permettons de nous élever avec force contre elle ! D’où tire-t-on de telles affirmations ? C’est absolument faux, et au contraire, l’enterrement lui-même n’a pas grande importance, et la pierre tombale non plus : l’essentiel est que le repos éternel du défunt soit assuré, jusqu’à ce que le corps lui-même ait droit à revivre, lors de la résurrection des morts promise par les prophètes !

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