FIGAROVOX/TRIBUNE – Alors qu’une attaque au couteau revendiquée par Daech a endeuillé les rues de Paris samedi soir, les Arvernes demandent au gouvernement de prendre des mesures adaptées à la menace.
Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, d’économistes, de professeurs d’université et de chefs d’entreprise.
L’attentat commis à Paris, le 12 mai, rappelle la transformation profonde de la question terroriste en France. D’une part, notre pays est désormais l’un des plus frappés par les actes terroristes en dehors des zones de guerre, nous mettant de facto au premier rang de la coalition occidentale contre l’islam radical. D’autre part, après le démantèlement des filières organisées par Daech au lendemain des attentats de 2015, qui disposait de moyens financiers et d’artificiers pour fabriquer des bombes, le terrorisme s’est transformé avec la multiplication d’actes de basse intensité, commis par des personnes radicalisées à partir de moyens rudimentaires.
En réalité, ces actions concernent désormais l’ensemble des pays européens car, tour à tour, Londres, Barcelone et plusieurs villes allemandes ont été touchées par des actions similaires. D’une certaine manière, le terrorisme qui touche l’Europe est désormais proche de celui commis, pendant de longues années, en Israël avant que l’édification du mur et les actions en profondeur du service de renseignement intérieure, le Shin Beth, neutralisent totalement le terrorisme palestinien.
Or Emmanuel Macron, et plus encore son gouvernement, n’ont pas pris la mesure de l’ampleur d’un conflit de longue durée contre l’islamisme radical. Non seulement le discours n’est pas à la hauteur des enjeux, mais la politique de sécurité intérieure n’est pas adaptée à la menace. La sortie de l’état d’urgence et le renforcement de la coordination nationale du renseignement (CNR) ne peuvent tenir lieu d’alpha et d’oméga de la sécurité pour le quinquennat. De ce point de vue, il est désormais temps de changer fondamentalement la politique de sécurité du gouvernement.
En premier lieu, le cadre de la sécurité intérieure doit être adapté aux menaces. Gérard Collomb, ministre inexistant, peu expérimenté et ne s’intéressant guère aux sujets de son administration, doit être remplacé par un politique ayant une expérience reconnue de la sécurité. Les moyens financiers et humains doivent également suivre, alors que les budgets de la police, de la gendarmerie et du renseignement intérieur devraient diminuer au cours du quinquennat. Les investissements requis dans le renseignement technique ne peuvent attendre et nécessitent des engagements financiers conséquents à consentir. Si l’on veut gagner la guerre, il faut s’en donner les moyens.
En second lieu, notre stratégie de sécurité nationale – et le terme sécurité nationale, et non sécurité intérieure est utilisé à dessein – doit être adaptée aux nouveaux enjeux de la menace. Il faut notamment s’atteler, avec une inébranlable conviction, à traiter la question de l’islam radical avec la fermeture des mosquées salafistes, l’expulsion des imams radicaux et des personnes de nationalité étrangère fichées S, l’incarcération automatique des Français partis combattre en Syrie et en Irak et l’élaboration d’une stratégie européenne de lutte antiterroriste contre l’islam radical, afin de ne pas laisser se constituer des embryons terroristes à Bruxelles ou Barcelone. Par ailleurs, il convient de réfléchir à la mise en place d’une détention administrative préalable à la procédure judiciaire, sur le modèle de la législation israélienne qui a fait ses preuves, par exemple avec l’élaboration de fichés S «terroristes dangereux». Le droit pénal ne peut plus être seulement un droit répressif, mais il doit aussi être un droit protecteur pour les citoyens.
Enfin, la France doit conduire sa politique étrangère au regard de ses intérêts propres, et non d’une «morale» internationale naïve. Nous devons nous rapprocher et travailler avec les services de renseignement qui sont opérationnels au Moyen-Orient, renouer avec Moscou et régler, sur des bases réalistes, le conflit syrien qui a été, en grande partie, la matrice d’origine de nombreux terroristes.
La sécurité du territoire français doit être pleinement garantie alors que la guerre anti-terroriste va encore se dérouler pendant des années. De ce point de vue, le changement de pied du gouvernement ne peut plus attendre.
Source www.lefigaro.fr