Au lieu de critiquer la décision du président des États-Unis, les autres pays occidentaux devraient suivre son exemple, plaide Gilles William Goldnadel, président de l’Association France-Israël.
Dans ce monde hollywoodien dans lequel nous vivons médiatiquement, il est acquis que le président des États-Unis est un butor incohérent et que tout ce qui émane de lui ne peut être que mauvais. Par conséquent, sa décision de faire quitter l’Unesco à son pays ne peut être que mauvaise. C’est dans ce cadre idéologiquement ingrat que je vais suggérer que même Donald Trump peut parfois incarner la cohérence.
Ce n’est pas la première fois qu’un président américain décide de quitter l’organe des Nations unies théoriquement chargé de promouvoir l’éducation et la culture. En son temps, Ronald Reagan – lui aussi raillé de son vivant par le camp autoproclamé du Bien – avait abandonné l’aréopage international en raison de son tropisme pro-communiste et tiers-mondiste.
Cette fois le président médiatiquement honni a pris une décision identique en raison, pour l’essentiel, de l’obsession pathologiquement anti-israélienne de l’organisation. Il est piquant de constater qu’à lire la presse internationale, cette aversion ne serait pas un fait avéré, mais seulement le sentiment éprouvé par les autorités des États-Unis, sans doute trop sensibles. Or c’est dans le déni aberrant de cette tragique autant qu’aveuglante réalité que les Israéliens, toutes tendances confondues, puisent la conviction de devoir affronter seuls l’irrédentisme hostile et constant de leurs ennemis.
Quelques exemples des prises de position de l’Unesco envers Israël ou le peuple juif montrent combien cet aveuglement des médias confine à l’abandon complice. Lorsque les Nations unies ont célébré leur 50e anniversaire, en 1995, l’Unesco a refusé de mentionner la Shoah dans sa résolution sur la Seconde Guerre mondiale, ignorant délibérément la demande d’Israël d’inclure une référence à la destruction du judaïsme européen.
En 1996, l’Unesco a organisé un symposium sur Jérusalem au siège de l’organisation à Paris. Aucun groupe juif ou israélien n’a été invité. En 2001, l’Unesco a promu la «déclaration du Caire pour la préservation des antiquités à Jérusalem», qui accusait faussement Israël de détruire les antiquités islamiques dans la Vieille Ville de Jérusalem. Accusation joliment ironique quand on sait les archéologues israéliens contraints de rechercher pathétiquement dans les gravats des travaux de destruction ordonnés par le Wafd (les autorités musulmanes chargées de gérer l’Esplanade des mosquées) les reliefs des vestiges historiques.
En janvier 2014, l’Unesco a annulé une exposition à Paris prévue pour présenter la présence juive à travers les siècles sur la terre d’Israël depuis la période biblique jusqu’à nos jours. À la suite des protestations de l’Administration Obama, l’Unesco fut contrainte d’obtempérer six mois plus tard. Dans un rapport de l’Unesco sur la science, le « médecin et talmudiste Maïmonide » (1138-1204), qui vécut en Andalousie, en terre d’Israël puis en Égypte, est répertorié comme musulman sous le nom de «Moussa Ben Meimoun». Ainsi, le théologien était converti post-mortem à l’islam par la grâce des historiens révisionnistes de l’organisation culturelle.
Mais ce sont bien sûr les résolutions surréalistes d’octobre 2016 et de mai 2017 qui ont définitivement achevé la crédibilité de l’organisation censée se consacrer à la culture. Cette fois, toute référence à l’histoire juive et chrétienne en Terre Sainte était solennellement niée au profit d’une réécriture islamique d’une histoire humaine qui débutait 700 ans après la naissance du Juif Jésus. Le mur des Lamentations était littéralement mis entre parenthèses, le temple d’Hérode détruit une troisième fois d’un trait de plume au profit du cheval de Mahomet s’envolant d’une mosquée vers les cieux. La France s’abaissa à voter la première résolution et s’abandonna à l’abstention dans la seconde. Pour faire bonne mesure, en juillet 2017, l’Unesco reconnaissait le Tombeau des patriarches de la vieille ville de ‘Hévron comme un «site palestinien», qui plus est patrimoine en péril, compte tenu des menées israéliennes. Précisons que l’organisation culturelle des Nations unies n’avait dit mot lorsque le tombeau de Yossef, un lieu saint pour les Juifs, avait été délibérément incendié pendant l’intifada et converti en lieu de pèlerinage musulman.
En réalité, l’attitude de l’Unesco a été d’une parfaite cohérence intellectuelle en raison de sa constante collaboration avec l’Isesco, l’organisme culturel de l’organisation de la Conférence islamique. Selon l’Isesco, l’histoire biblique et les temples juifs ne sont que fictions, les monuments juifs des trésors islamiques volés par les sionistes et les travaux archéologiques des Israéliens des actes criminels contre les musulmans. L’idéologie de cette Unesco asservie dépeint les Juifs comme des envahisseurs tandis que les musulmans qui ont conquis le pays au septième siècle sont, par un saut dans le temps assez acrobatique, les descendants directs des premiers cananéens.
L’abandon d’Israël dissimule l’abandon suicidaire de l’Occident et de sa culture judéo-chrétienne par lui-même.
Et il peut arriver qu’un butor soit plus cohérent que bien des êtres raffinés.
Le Figaro
LES CHIENS ABOIENT MAIS LA CARAVANE… NE PASSE PLUS. ENFIN !