Par Gilles William Goldnadel
FIGAROVOX/CHRONIQUE – Alors que vendredi 30 mars, 17 manifestants ont été tués à Gaza par des tirs de l’armée israélienne, Gilles-William Goldnadel conteste la version des faits présentée par de nombreux journalistes français.
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il est président de l’association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.
«La Shoah des Palestiniens», tel était le titre plein de nuances d’un article publié dimanche sur le site de Médiapart, pour évoquer les 17 Palestiniens tués par l’armée israélienne vendredi dernier.*
On peut cependant considérer, au-delà de l’événement à commenter, que ce titre d’un blog est également en parfaite cohérence avec la pensée du fondateur du site, Edwy Plenel, qui aura passé une bonne partie de sa longue carrière à tenter de persuader son lectorat nombreux que les musulmans étaient les nouveaux Juifs souffrants. Quand bien même certains des premiers s’acharnent à faire souffrir les seconds. Y compris en France, la semaine dernière, à l’égard d’une survivante de cette Shoah qui tourmente tant M. Plenel qu’il la voit partout, sauf là où elle se trouve.
Toujours est-il que la Shoah rend fou, et entraîne aussi dans la démence la question israélo-palestinienne, parce qu’elle touche mortellement à la question juive.
C’est dans ce cadre littéralement hystérique et irrationnel que nous devons appréhender, dans toutes les acceptions du terme, les récents événements de Gaza.
Comme si cela ne suffisait pas, il s’agit d’une histoire de foule, et dans foule, il y a fou.
Et je prétends, à longueur d’articles, que le monde médiatique électronique se conduit désormais comme une foule hystérique.
Trois jours cependant après les faits sanglants et leurs commentaires meurtriers, il est désormais temps de pouvoir se livrer à une autopsie sommaire d’un mensonge planétaire.
La Shoah rend fou, et entraîne aussi dans la démence la question israélo-palestinienne, parce qu’elle touche mortellement à la question juive.
D’abord le mensonge. Certains médias ont accueilli, davantage sans doute par réflexe pavlovien que par réflexion malintentionnée, le récit arabe palestinien. C’est ainsi, par exemple, que dès le samedi matin, la correspondante de France Inter prétendait que la marche de Gazaouis décidés à franchir la frontière avec Israël pour faire valoir leur droit au retour émanait de «la société civile»…
De la même manière, le nombre des blessés (plus d’un millier) jeté en pâture par les autorités de Gaza était reproduit sans la moindre distance.
Si mensonge il n’y avait pas, il conviendrait effectivement de s’interroger sur le comportement de l’armée israélienne et de se demander sérieusement si ses soldats n’auraient pas eu «la gâchette trop facile», nonobstant le fait que Tsahal avait averti à l’avance qu’elle ne tolérerait pas le franchissement d’une frontière indiscutable depuis que le pays a décidé de se retirer unilatéralement de Gaza, avec les effets que l’on sait sur le comportement du nouvel occupant islamiste.
Mais s’interroger sur la légitimité d’une frontière et le droit de la défendre est une question cruellement ingrate dans un environnement européen délétère où la notion de frontière et de droits nationaux touche à l’obscénité, du moins lorsqu’il s’agit d’un peuple occidental.
On observera en effet que lorsqu’il s’agit d’une population orientale, l’esprit occidental gauchisé par le temps se fait bien moins critique. C’est ainsi par exemple que chaque centimètre carré du territoire palestinien est mesuré, et que dans le cadre d’un État arabe de Palestine à créer, les mêmes qui poussent des cris d’orfraie à l’idée qu’un clandestin afghan soit expulsé du territoire français ne voient pas d’inconvénient majeur à voir chasser les «colons» juifs… de Judée.
Pas davantage, la revendication d’un droit au retour des descendants de ceux qui furent chassés ou qui préférèrent fuir en 1948, le temps que les armées arabes liquident la population juive, qui signifie la mort de l’État hébreu, ne semble inquiéter nos humanistes en chambre.
Mais déconstruisons à présent le mensonge, en l’espèce éhonté. L’article équilibré de Marc Henry dans Le Figaro y contribue factuellement.
L’idée qu’il existe une société civile à Gaza pouvant organiser de son plein gré quelque chose relève de la plaisanterie morbide. Gaza vit sous la dictature du Hamas islamiste, qui décide de tout, y compris de la vie et de la mort. La fameuse marche était soutenue et encadrée par lui.
Parmi les 17 morts, 11 faisaient partie des groupes armés du Hamas et du Jihad islamique, organisations considérées comme terroristes par l’Europe et les États-Unis, et dont on peut deviner les intentions pacifiques lorsqu’il se trouve à l’intérieur d’une foule qui a la prétention d’approcher ses ennemis jurés. Les autorités israéliennes ont publié les photographies de ces individus.
Gaza vit sous la dictature du Hamas islamiste, qui décide de tout, y compris de la vie et de la mort.
L’un des corps est conservé par l’armée qui refuse sa restitution, dans l’espoir de pouvoir l’échanger avec les dépouilles de soldats israéliens que le Hamas détient et souhaite troquer contre des détenus condamnés pour terrorisme.
Quant au millier de blessés, les autorités israéliennes les chiffrent en douzaine. On excusera mon insigne faiblesse de croire d’avantage un régime démocratique, même imparfait, soumis à la vigilance d’une presse acerbe, que les affirmations d’une dictature fanatique pourtant prises avec empressement pour argent comptant.
Le journal d’opposition post-sioniste Haaretz, très apprécié des contempteurs d’Israël , n’infirme pas ce qui précède, même s’il n’exclut pas d’inévitables bavures dans le chaud de l’affrontement.
Il est vrai qu’il n’y avait pas que des combattants parmi la foule. Il y avait aussi des civils, très jeunes. Comme tout mouvement terroriste qui se respecte, le Hamas se fait un devoir d’utiliser des boucliers humains. Lorsque le bouclier a dix ans, c’est bien. Lorsqu’il a dix mois, c’est mieux.
Curieusement, les mots «bouclier humain», qui existent lorsqu’il s’agit de la Syrie, n’existent pas dans le champ lexical journalistique, lorsqu’il s’agit des islamistes de Palestine, même lorsque ceux-ci installent leurs camps à proximité des écoles ou sous les hôpitaux.
La foule islamiste, qui ne poussait pas le pacifisme jusqu’à renoncer pour certains à l’usage des cocktails Molotov, des poignards et des haches, poussait aussi le refrain à thème. C’est ainsi que l’on a pu entendre cette fameuse mélopée scandée: «Khaibar, Khaibar ya yahud, jaish Muhammed sa- yahud» qui revient à avertir les Juifs que le jour de leur décapitation par les bons croyants est proche, ainsi qu’il est arrivé aux Juifs de peu de foi de Khaybar, réticents au discours du prophète.
Je tiens à la disposition des sceptiques les documents sonores et visuels, mais je sais bien que celui qui ose critiquer la sainte colère d’une foule d’Orient mérite la lapidation par les idiots utiles hystériques. C’est ainsi, entre mille exemples, que lors de ce printemps arabe dont il était hors de saison de questionner la douceur, les multiples viols de Cairotes commis par les manifestants électrisés de la place Tahrir connurent la même discrète destinée que les pauvres filles de Telford violentées par des musulmans du Pakistan.
C’est dans ce cadre rien moins que simple que la gauche française s’est encore illustrée par son simplisme sublime.
Ainsi, Olivier Faure, président très frais d’un Parti Socialiste refroidi, ne craint pas, en cette période pascale et nonobstant sa citoyenne laïcité, de puiser dans le registre religieux. Très inspiré par le moment, il compara la marche du Hamas à l’ouverture de la mer Rouge par Moïse. Puisse l’éternel, avec le temps, lui pardonner.
Mais à n’en pas douter, ce furent encore les éléments de Mélenchon qui, dans leur désir obstiné de complaire aux cités insoumises du côté de la Plaine-Saint-Denis ou dans les contreforts de Créteil, ainsi que Malik Boutih le déplorait encore lucidement au micro de RMC, se sont illustrés le plus ardemment avec leurs pieds.
Allez savoir, si dans leur sombre inconscient, il ne voulait pas se faire pardonner d’avoir tenté de rendre hommage à une vieille dame suppliciée.
Il sera en effet acté dans le petit livre rouge et vert de l’islamo-gauchisme que ceux qui n’auront pas, en cinq ans, bougé un orteil pour les 500 000 victimes innocentes de Syrie ou les centaines de manifestants démocrates fusillés en pleine rue par le régime communiste de Maduro se seront déplacés pour venir soutenir au moins indirectement les islamistes radicaux de Gaza.
Il est des chiffres qui donnent le tournis.
Je n’écrirai pas que la question juive rend fou, il serait capable de vouloir m’enfermer.