Dans sa chronique, l’avocat Gilles-William Goldnadel dénonce la mauvaise gestion d’Anne Hidalgo de l’afflux de migrants vers la capitale. Pour elle, en proposant une loi sur le sujet, la maire de Paris montre sa volonté de rejeter la responsabilité de cette catastrophe humaine et sécuritaire sur l’État.
Je soumets cette question: y aurait-il une manière de concours de soumission entre la première magistrate de Paris et le premier magistrat de France? À celui ou celle qui aurait la soumission la plus soumise?
Ainsi, cette semaine, Madame Hidalgo a-t-elle proposé une loi sur les migrants qu’on ne lui demandait pas et pour laquelle on ne lui connaît aucune compétence particulière.
C’est le moins que l’on puisse écrire. En réalité, un esprit chagrin soupçonnerait l’édile municipal, dépassé par des événements migratoires dans sa ville qu’elle aura pourtant accueillis extatiquement, de vouloir faire porter le chapeau aux autres villes et à l’État.
Les responsables socialistes comme elle ont bien raison de ne pas être complexés. Personne ne leur a demandé raison d’une irresponsabilité qui aura accouché d’une catastrophe démographique et sécuritaire dont on ne perçoit pas encore toute la gravité. Dans un monde normal, ils devraient raser les murs, mais dans le monde virtuel ils peuvent se permettre de construire sur la comète des ponts suspendus. L’idéologie esthétique qui les porte et supporte considère la réalité comme une obscénité.
Et les arguments les plus gênants comme des grossièretés. C’est ainsi, que faire remarquer que toutes les belles âmes, les artistes généreux (pardon pour le pléonasme), les citoyens aériens du monde, prêts à accueillir l’humanité entière sans accueillir un seul enfant dans mille mètres au carré, relève d’une insupportable vulgarité.
Madame Hidalgo s’exclame: «Faisons du défi migratoire une réussite pour la France» sur le même ton assuré que ses amis chantaient il y a 20 ans: «L’immigration, une chance pour la France». Décidément, ils ne manquent pas d’air.
Madame Hidalgo prétend vouloir améliorer l’intégration des nouveaux migrants. Ses amis n’ont pas réussi en deux décennies à intégrer des populations culturellement et socialement plus aisément intégrables. À aucun moment Anne Hidalgo n’a eu le mauvais goût d’évoquer la question de l’islam.
Madame Hidalgo n’aurait pas songé à demander aux riches monarques du golfe, à commencer par celui du Qatar, à qui elle tresse régulièrement des couronnes, de faire preuve de générosité à l’égard de leurs frères de langue, de culture et de religion.
Madame le maire n’est pas très franche. Dans sa proposition, elle feint de séparer les réfugiés éligibles au droit d’asile et les migrants économiques soumis au droit commun. Elle fait semblant de ne pas savoir que ces derniers pour leur immense majorité ne sont pas raccompagnés et que dès lors qu’ils sont déboutés , ils se fondent dans la clandestinité la plus publique du monde.
Comme l’écrit Pierre Lellouche dans Une guerre sans fin (Cerf) que je recommande : «Aucun principe de droit international n’oblige les Français déjà surendettés, à hauteur de plus de 2000 milliards, à financer par leurs impôts et leurs cotisations sociales des soins gratuits pour tous les immigrés illégaux présents sur notre sol… en 2016, l’octroi du statut de demandeur d’asile est devenu un moyen couramment utilisé par des autorités dépassées pour vider les camps de migrants, à Paris bien sûr, mais aussi par exemple, à Calais, dans la fameuse «jungle» qui, avant son démantèlement, comptait environ 14 000 «habitants». Ces derniers, essentiellement des migrants économiques, ont été qualifiés de réfugiés politiques dans l’unique but de pouvoir les transférer vers d’autres centres, dénommés CAO ou CADA en province. De telles méthodes relèvent d’une stratégie digne du mythe de Sisyphe: plus ils sont vidés, plus ils se remplissent à nouveau…»
Surtout, Madame Hidalgo n’est pas très courageuse: elle n’ose pas dire le fond de sa pensée: Que l’on ne saurait sans déchoir dire «Non» à l’Autre , «ici c’est chez moi, ce n’est pas chez toi».
J’ai moi-même posé la question, au micro de RMC, à son adjoint chargé du logement, le communiste Iann Brossat: «Oui ou non, faut-il expulser les déboutés du droit d’asile? »Réponse du collaborateur: «non bien sûr».
Madame Hidalgo n’a pas le courage de dire le fond de sa pensée soumise.
À la vérité, c’est bien parce que les responsables français démissionnaires n’ont pas eu la volonté et l’intelligence de faire respecter les lois de la république souveraine sur le contrôle des flux migratoires, et ont maintenu illégalement sur le sol national des personnes non désirées, que la France ne peut plus se permettre d’accueillir des gens qui mériteraient parfois davantage de l’être. Qui veut faire l’ange fait la bête.
Mais le premier Français n’aura pas démérité non plus à ce concours de la soumission auquel il semble aussi avoir soumissionné.
C’est ainsi que cette semaine encore, le président algérien a, de nouveau, réclamé avec insistance de la France qu’elle se soumette et fasse repentance.
Cela tourne à la manie. La maladie chronique macronienne du ressentiment ressassé de l’Algérie faillie. À comparer avec l’ouverture d’esprit marocaine.
En effet, M. Bouteflika a des circonstances atténuantes. Son homologue français lui aura tendu la verge pour fouetter la France. On se souvient de ses propos sur cette colonisation française coupable de crimes contre l’humanité.
Je n’ai pas noté que M. Macron, le 5 juillet dernier, ait cru devoir commémorer le massacre d’Oran de 1962 et le classer dans la même catégorie juridique de droit pénal international. Il est vrai que ce ne sont que 2000 Français qui furent sauvagement assassinés après pourtant que l’indépendance ait été accordée.
On serait injuste de penser que cette saillie un peu obscène n’aurait que des raisons bassement électoralistes. Je crains malheureusement que Jupiter ne soit sincère. Enfant de ce siècle névrotiquement culpabilisant, il a dans ses bagages tout un tas d’ustensiles usagés qui auront servi à tourmenter les Français depuis 30 ans et à inoculer dans les quartiers le bacille mortel de la détestation pathologique de l’autochtone.
Au demeurant, M. Macron a depuis récidivé: accueillant cette semaine son homologue palestinien Abbou Abbas, il a trouvé subtil de déclarer: «L’absence d’horizon politique nourrit le désespoir et l’extrémisme». Ce qui est la manière ordinaire un peu surfaite d’excuser le terrorisme.
À dire le vrai, le président français, paraît-il moderne, n’a cessé de trouver de fausses causes sociales éculées à ce terrorisme islamiste qui massacre les Français depuis deux années.
Pour vaincre l’islamisme radical, il préfère à présent soumettre le thermomètre.
C’est à se demander si la pensée complexe de Jupiter n’est pas un peu simpliste.
© Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.