ALAIN GRANAT
VOUS CONNAISSIEZ LES « PERLES DU BAC » ? DÉCOUVREZ CELLES D’ÉTUDIANTS EN 2ÈME ANNÉE D’HISTOIRE-GÉOGRAPHIE SUR GAZA ET LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN.
ELLES ONT ÉTÉ RECUEILLIES, BIEN INVOLONTAIREMENT, PAR CHLOÉ YVROUX, UNE DOCTORANTE À L’UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER QUI A INTERROGÉ UN GROUPE D’ÉTUDIANTS EN 2009, PEU APRÈS L’OPÉRATION « PLOMB DURCI ». SON ENQUÊTE DÉBUTE PAR CETTE NOTE : « POUR UN GROUPE A PRIORI MIEUX INFORMÉ QUE LA MOYENNE DE LA POPULATION, LES RÉSULTATS SONT TOUT SIMPLEMENT AHURISSANTS. »
Quelques questions simples, des fonds de carte à remplir, et voilà comment le conflit le plus médiatisé de la planète est perçu par des étudiants de l’université de Montpellier : pour quelques-uns, la bande de Gaza est en fait la « bande à Gaza », comme on parlerait de la célèbre « bande à Bonnot ». Une bande composée « d’extrémistes palestiniens à l’origine de plusieurs attentats ».
Pour d’autres, la bande de Gaza constitue le seul territoire palestinien, voire un « lopin de terre revendiqué par les 2 pays en conflit », souvent représenté sur les cartes réalisées par les étudiants comme une « bande » traversant le territoire de part en part, « enviée par les israéliens », et principal enjeu du conflit.
La Cisjordanie n’est pas mieux lotie, puisque pour une majorité d’étudiants, elle n’est pas située sur la carte, ou mieux, confondue avec la Jordanie. On apprend également que Jérusalem est une « zone internationale » ou « neutre ». Toujours plus fort, les colonies ou implantations, selon les diverses terminologies, représentent des entités confuses (« implantation initiale des colons après la seconde guerre mondiale » !), quand « elles n’existent plus » ou bien sont attribuées aux… Palestiniens (« La Bande de Gaza abrite une importante colonie palestinienne, tout comme la Cisjordanie »).
À travers cette enquête édifiante, Chloé Yvroux démontre, au-delà du constat effarant de la nullité des connaissances de ces étudiants – dans un domaine qui devrait a priori leur être familier – le décalage profond entre un sujet sur-médiatisé et ce qu’en retient vraiment une population. Car pour l’universitaire, « De la situation au Proche-Orient, la plupart des Français ne reçoivent des informations qu’au travers des conversations, de la littérature et des médias ». « Autant de filtres et d’intermédiaires » ajoute-t-elle, qui finalement produisent une représentation collective déformée, totalement en décalage avec la réalité. La « bande à Gaza », évidemment hilarante, est un vaste sujet de réflexion pour les médias, qui devraient relativiser la façon dont leurs publics digèrent l’ information.
Alain Granat