Gaza: la guerre a repris, la désinformation aussi

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« 50 000 morts à Gaza » et « la paix du Ramadan ruinée » : les médias déterminés à répéter les mêmes erreurs.

Rachel O’Donoghue

La guerre à Gaza a repris la semaine dernière après que le Hamas a rejeté une prolongation du cessez-le-feu qui l’aurait obligé à libérer les derniers otages israéliens – dont la moitié seraient morts. En réponse, Israël a mené des frappes aériennes ciblées.

Pendant ce temps, les Houthis, autre groupe terroriste supplétif du régime iranien, ont rejoint l’assaut en lançant un missile balistique depuis le Yémen, tandis que le Hamas tirait également des roquettes depuis Gaza. L’attaque des Houthis a forcé des centaines de milliers de civils israéliens à se réfugier tôt dimanche matin.

Le 18 mars, l’armée de l’air israélienne a éliminé plusieurs hauts dirigeants du Hamas, dont le chef du ministère de l’Intérieur et le chef des opérations de sa branche de sécurité intérieure. Il s’agissait de frappes chirurgicales importantes.

Première opération d’envergure de Tsahal depuis le cessez-le-feu temporaire de janvier, ces frappes ne pouvaient que faire la une des journaux. Ce qui est inquiétant, cependant, c’est la rapidité avec laquelle les médias sont revenus à leurs vieilles habitudes, répétant une fois de plus le bilan des victimes du Hamas sans la moindre trace de scepticisme ni de contexte.

Il s’agissait d’une sombre répétition de la débâcle de l’hôpital Al-Ahli d’octobre 2023, où les principaux médias s’étaient empressés d’accuser Israël d’une explosion – dont il a été prouvé plus tard qu’il s’agissait d’une roquette ratée du Jihad islamique – qui avait touché le parking d’un hôpital, et non l’hôpital lui-même, et tué une fraction des « 500 » initialement revendiqués. Mais le Hamas savait qu’il n’avait pas besoin de faits ; il pouvait compter sur des journalistes complaisants pour amplifier le mensonge.

Et nous revoilà. Mardi, les gros titres du New York Times, de CNN, d’AP, de la BBC, du Guardian, de TIME et d’autres journaux reprenaient tous la même phrase : « Plus de 400 personnes ont été tuées, principalement des femmes et des enfants, lors de la journée la plus meurtrière à Gaza depuis le 7 novembre. »

Leur source ? « Le ministère de la Santé de Gaza. » Quelques médias ont marmonné, presque en s’excusant, que ce « ministère » était dirigé par le Hamas. Encore moins nombreux ont expliqué que le Hamas ne faisait pas de distinction entre civils et combattants.

CNN et d’autres ont même cité l’envoyé palestinien auprès de l’ONU, le Dr Riyad Mansour, alors qu’il déplorait l’effusion de sang pendant le « mois sacré du Ramadan », insistant sur le fait que « personne ne se battrait pendant le Ramadan » selon sa tradition.

De toute évidence, il s’agit d’une tradition assez récente, étant donné que le Hamas a lancé une salve de roquettes sur des villes israéliennes le 10 mai 2021, en plein Ramadan, deux jours seulement avant la fin du mois.

Le « ministère de la Santé » de Gaza est également la seule source derrière la nouvelle vague de gros titres de cette semaine décrivant des scènes apocalyptiques de carnage, avec un bilan qui dépasserait les 50 000 morts.

Une fois de plus, CNN a été le premier à conférer une légitimité aux chiffres du Hamas, décrivant ce chiffre comme une « étape sombre pour une guerre sans fin en vue, alors qu’Israël reprend les combats et met en garde contre des jours encore plus difficiles à venir ».

Anticipant peut-être que certains lecteurs pourraient ne pas prendre au pied de la lettre les affirmations du ministère dirigé par le Hamas, CNN s’est tournée vers une autre source indiscutable de clarté sur Israël : les Nations Unies. Selon l’ONU, « la majorité des victimes sont des femmes et des enfants », même si « le véritable bilan pourrait être bien plus élevé, plusieurs milliers de personnes étant encore sous les décombres ».

Et ils étaient tous à l’œuvre. Certains médias n’ont même pas pris la peine d’attribuer ce chiffre au ministère de la Santé du Hamas, comme le révèle un coup d’œil aux principaux articles de Google : des titres dépeignant Israël comme intensifiant de manière imprudente une « offensive élargie », sans autre contexte que l’évocation d’une malveillance ou d’une punition collective.

Les médias, une fois de plus, semblent n’avoir rien retenu. Si la débâcle d’Al-Ahli a été une leçon, la couverture médiatique haletante et cynique de la semaine dernière a montré qu’elle avait été vite oubliée.

Quelques rappels pour les journalistes dont le niveau a baissé :

  • Le bilan des victimes établi par le ministère de la Santé, dirigé par le Hamas, a été maintes fois dénoncé comme étant gonflé et manipulé. Une analyse récente de la Henry Jackson Society a révélé que des combattants masculins étaient classés à tort comme femmes et enfants, ce qui faussait le ratio.
  • Les affirmations selon lesquelles la « majorité » des personnes tuées seraient des femmes et des enfants ont été démenties à maintes reprises.
  • Israël continue de larguer des tracts, d’envoyer des SMS et d’exhorter les civils à évacuer les zones ciblées. Pendant ce temps, le Hamas ordonne aux civils de rester sur place – afin que leur mort puisse être utilisée à des fins de propagande – tandis que ses dirigeants fuient vers des bunkers souterrains.

Alors oui, la guerre a repris – et avec elle, la guerre des médias contre l’exactitude. Même si, pour être honnête, il n’est pas certain qu’ils aient jamais observé un cessez-le-feu.

JForum.fr avec HonestReporting

Crédit photo : OMAR AL-QATTAA/AFP via Getty Images

1 Commentaire

  1. Les médias porte parole du Hamas c’est le degré zéro du journalisme honte à tous les journalistes qui font la propagande du Hamas ! Myriam

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