Le sort des familles des combattants de Daech, en Irak notamment, commence à se poser. Les enfants des combattants français sont rapatriés, en application du droit international.
L’opération s’est déroulée dans le plus grand secret. Le 18 décembre, quatre enfants issus de deux familles de djihadistes ont quitté Bagdad (Irak) pour être rapatriés en France. Il s’agit des tout premiers depuis la chute de l’organisation Etat islamique (EI). Trois frères et sœurs âgés de 3 à 8 ans, dont la mère se trouve actuellement en prison en Irak, et un quatrième petit, isolé, issu d’une autre famille.
C’est en juillet que cette Melina, une Française, a été retrouvée par les forces irakiennes dans les décombres de Mossoul avec ses enfants. Leur père est mort lors de la bataille pour la reconquête de cette ville. Cette femme qui avait rejoint l’Irak en 2015, lorsque le groupe EI était en pleine expansion, est alors incarcérée, avec ses quatre enfants. L’un d’eux, trop petit pour être séparé d’elle, est resté à ses côtés. Les autres ont pris un vol pour Roissy avant d’être placés dans une famille d’accueil.
«On applique le droit»
Cette mission a été menée en catimini, notamment avec le concours des agents consulaires du Quai d’Orsay chargés de s’assurer des conditions de détention des prisonniers français à l’étranger… Y compris de ceux que la France combat encore en Irak dans le cadre de l’opération Chammal. Car dès lors qu’ils deviennent des prisonniers, les règles changent. Considérés comme des ennemis un jour, bénéficiaires de la protection consulaire française le lendemain… Faut-il y voir un paradoxe ? « C’est une des différences fondamentales entre les djihadistes et nous, explique un officiel français. On applique le droit. »
Et en particulier les règles internationales en matière de traitement des prisonniers et des mineurs isolés. Depuis plusieurs mois, Paris s’attendait à devoir gérer le retour de ces enfants de combattants djihadistes. « Il y en a eu finalement moins que ce qui était prévu », explique un diplomate de haut rang. Des situations examinées « au cas par cas » dans un contexte épineux puisque la guerre est loin d’être achevée en Irak. Elles se sont soldées, à ce jour, par le retour « organisé » de quatre petits Français.
« Il ne s’agit pas d’un choix politique, insiste une source au ministère des Affaires étrangères. On fait ce qu’on est obligés de faire. De la même manière qu’un médecin qui a prêté le serment d’Hippocrate soigne tout le monde, on remplit nos obligations internationales. Si un bébé français est à terre, on le ramasse. »
Un travail effectué en lien avec les autorités irakiennes, très soucieuses de préserver leur souveraineté. Ces dernières ont donné leur accord pour que ces quatre petits Français rentrent dans leur pays. Mais elles pourraient ne pas systématiquement donner leur feu vert.
En droit irakien, les enfants sont adultes à partir de 9 ans et peuvent en conséquence être jugés pour les crimes qu’ils auraient commis. Or il n’y a pas d’accord entre Bagdad et Paris en matière de transfèrement. Ces «lionceaux du Califat», comme les appelait l’organisation terroriste, seraient alors jugés, et le cas échéant condamnés, en Irak.
Source www.leparisien.fr