France Culture et Israël (II): Architecture et mise en accusation de l’Etat juif

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par InfoEquitable

Une émission consacrée à l’organisation « Forensic Architecture », dont l’activisme s’abrite derrière une façade scientifique, s’est conclue par un extrait sonore créant une association entre les crimes camouflés par les nazis et ceux supposément dissimulés par Israël. Second volet de notre analyse de la manière dont Israël est décrit par le canal culturel de la radio publique française.

« Comment l’architecture peut-elle être mise au service de la vérité et de l’histoire ? Comment reconstituer la vérité des faits » ? C’est la question posée en exergue de l’émission « La Grande table idées » du 20 mai 2021, que France Culture consacrait à Eyal Weizman, présenté sur le site de la radio publique comme « archéologue et enquêteur d’une vérité en ruines ».

De quelle vérité et de quelles ruines s’agit-il ? Selon Olivia Gesbert, l’animatrice de l’émission – ancienne reporter pour « Là-bas si j’y suis », une émission de Daniel Mermet qui fit déjà l’objet de critiques pour son parti-pris anti-israélien –, « Notre invité pratique l’architecte légale, comme un médecin légisteLe terme forensique désigne des méthodes d’analyse fondées sur les sciences et mises au service d’une enquête ». Weizman précise que le mot « forensis » vient du latin forum et signifie la « présentation de faits en public ». Mais la présentation qu’il fait d’Israël au cours de l’émission a peu à voir avec la science, au sens où on l’entend communément ni avec l’objectivité d’une enquête légale.

Olivia Gesbert présente Weizman comme un « architecte israélien qui dirige un laboratoire à l’université Goldsmith de Londres ».

Derrière cette description anodine, on trouve un architecte engagé, qui se présente comme ayant « grandi en Palestine/Israël » et comme un « Juif israélien ayant toujours fait partie du mouvement anti-colonial ». « La construction de routes, de maisons, de checkpoints, de murs, peut fonctionner comme des armes, comme des instruments qui violent les droits de l’homme, qui violent le droit international et deviennent un instrument de colonisation. Le travail architectural peut être un crime ». Cette présentation laisse peu de place au doute ou au questionnement. L’animatrice de l’émission ne l’assortit d’aucune réserve.

Weizman mêle faits et commentaires, énoncés factuels et affirmations militantes, comme dans les phrases suivantes, assénées comme autant de vérités scientifiques : « Les guerres contemporaines se déroulent presque exclusivement dans des villes. On peut le voir avec la répression et la violence exercées par l’Etat d’Israël contre les Palestiniens actuellement. L’histoire a commencé à Jérusalem, avec l’occupation de maisons palestiniennes à Jérusalem à Cheikh Jarrah et se poursuit par le bombardement de gratte-ciels à Gaza… L’architecture est au centre de la logique de la violence ».

Pseudo-recherche et activisme politique

« Si vous bombardez Gaza, c’est comme si vous bombardiez le centre de Paris… C’est comme générer une catastrophe naturelle » explique encore Weizman au micro d’Olivia Gesbert, qui n’exprime, là encore, aucun désaccord avec son invité. « Israël prétend que c’est un conflit, comme s’il y avait deux côtés… En fait c’est une domination coloniale ».

C’est seulement aux deux-tiers de l’émission qu’Olivia Gesbert pose pour la première fois une question délicate à son invité : « Vous produisez un contre-récit dans cette guerre des images… Est-ce que votre vérité est LA vérité, ou juste une vérité? » Weizman élude la question et répond qu’il préfère le mot de « vérification » à celui de « vérité », qu’il qualifie de « religieux ».

A aucun moment de l’émission on ne saura donc qui est vraiment Eyal Weizman. Une rapide enquête montre pourtant que cet architecte a délaissé son activité d’origine, pour se livrer à une autre activité apparemment plus lucrative. Ainsi, le site NGO Monitor révèle que l’organisation qu’il a créée, Forensic Architecture, a reçu pas moins de 2 millions d’euros de subventions de l’Union européenne entre 2016 et 2021, pour « fournir de nouveaux types de preuves architecturales dans le contexte de plusieurs enquêtes liées aux droits de l’homme en SyrieIsraël/Palestine et Amazonie/Brésil ».

Sa fiche Wikipédia révèle aussi que Weizman est membre de l’association israélienne B’tselem – elle aussi largement subventionnée par l’UE – qui diffuse un narratif militant selon lequel Israël commettrait des violations des droits de l’homme. Une interview donnée au site de l’ISM (International Solidarity Movement) en 2007 révèle ainsi que B’tselem « l’a chargé de les aider à démontrer que la conception des colonies israéliennes en Cisjordanie violait les droits palestiniens ». C’est à partir de cette première mission militante qu’Eyal Weizman a mis son savoir architectural et ses convictions bien arrêtées au service d’un engagement politique radical, que NGO Monitor décrit ainsi : « un projet de pseudo-recherche qui génère de manière constante des analyses inexactes, trompeuses et totalement orientées ».

Guerre des images et post-vérité

Weizman se décrit lui-même comme « supporter du mouvement BDS ». Il a été interdit d’entrée aux Etats-Unis en raison de ses activités militantes. Un exemple d’une « enquête forensique » qu’il a menée portait sur la guerre entre Israël et le Hamas en 2014. Selon son site, Weizman a élaboré la « Plateforme de Gaza » pour décrire les bombardements israéliens à Gaza, en collaboration avec Amnesty International et le « Al Mezan Center for Human Rights ». Ce dernier, nous apprend NGO Monitor, emploie plusieurs membres du FPLP et du Hamas.

L’émission se termine par un extrait sonore de l’historien Pierre Vidal Naquet concernant son ouvrage Les Assassins de la mémoire, où il démonte les thèses négationnistes, rappelant que les nazis « dissimulaient leurs crimes, et l’existence de chambres à gaz ». Quel rapport avec le thème de l’émission ? Aucun en apparence, si ce n’est que le rapprochement entre les deux sujets, Israël et les nazis, permet d’induire une comparaison odieuse, de manière implicite, participant ainsi de manière détournée à la nazification d’Israël. Weizman explicite cette comparaison, en mettant en parallèle « négation de la Shoah », « négation de la Nakba » et « négation de ce qui se passe à Gaza ». « Il n’y a pas de science sans activisme », déclarait Weizman dans une interview au site aoc.media en mars 2021.

Cette devise pourrait apparemment s’appliquer également à l’émission « La grande table idées » de France Culture, concernant Israël : « Il n’y a pas de journalisme sans activisme ». Mais est-ce bien la mission d’une radio publique?

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