Des médias font la Une sur la lutte des arabes pour récupérer les terres d’Amona, une lutte présentée par les politiciens et les médias comme une tradition arabe de fidélité à leurs terres. En effet, l’un de ces Arabes qui lutte contre la commune d’Amona pour récupérer « sa » terre, aurait dit, «si votre enfant meurt, vous pouvez en faire un autre à la place, mais la terre que vous aurez vendue, ne pourra pas être remplacée ».
Et pourtant, selon une enquête parue dans le journal ‘Makor Rishon’ de vendredi, suggère que la réalité sur le terrain en Judée et Samarie reflète un ensemble de valeurs quelque peu différent. En effet, même si les arabes locaux peuvent ne pas être disposés à vendre leurs terres, pour autant, nombre d’entre eux ne vivent pas sur ladite terre non plus, préférant plutôt émigrer aux États-Unis.
Selon le journaliste Assaf Gibor, il n’est que de longer la route 60, pour s’en rendre compte. Celle-ci relie ‘Afula, situé côté israélien de la «ligne verte», à Jérusalem, en passant par Djénine, près de Shechem, Ofra, près de Ramallah, traverse le Goush Etzion, et Er Sheva. Or de nombreux villages fantômes bordent chaque côté de l’autoroute. Les habitants juifs des implantations d’Ofra et d’Amona se demandent ce qui est arrivé aux villages arabes voisins comme Silwad, à 5 km de la route principale et à environ 13 km au nord-est de Ramallah. Un visiteur qui se passe dans le village peut constater que de nombreuses villas luxueuses sont désertées.
Gibor, qui décrit ces maisons vides comme des «éléphants blancs», a rencontré à Silwad un homme de 79 ans, nommé Salah, qui était assis avec lui sur une tasse de café et lui a confié qu’il vivait à Porto Rico depuis 52 ans. Parti en 1964, avant la libération israélienne de 1967, Salah a obtenu son baccalauréat à Puerto Rico et MA dans le Tennessee, et maintenant il est à la retraite et a quitté la propriété qu’il louait sur l’île. Ses enfants sont nés aux États-Unis, l’un est avocat, l’autre pharmacien, tous deux diplômés de Harvard. Malheureusement, dit-il, ils ne sont venus sur leur terre seulement une fois. Mais tous deux parlent arabe.
Hamza Awada, 21 ans, qui vit avec ses parents en Arizona, a rencontré Gibor à Dir Dibwan, non loin de Silwad. Depuis deux ans ils se rendait régulièrement au pays pour trouver une épouse qu’il a enfin dénichée. C’est un mariage arrangé, et après le mariage, le couple partira vivre en Amérique. Hamza a vécu à New York et en Arizona, ainsi qu’en Jordanie. « La vie ici dans le village est pittoresque, mais ce n’est pas pour moi. »
Hamza se défini comme un Palestinien, non comme un Américain, et il aime le sentiment de communauté dans le village que ses parents avaient laissé dans leur jeunesse. Il pourrait même avoir envie d’y revenir un jour, peut-être. Mais «la vie ici est difficile», dit-il. «C’est difficile de trouver du travail, de gagner sa vie et de gagner assez pour soutenir le mode de vie auquel je suis habitué à l’étranger.» Il a l’intention de maintenir les mêmes liens avec l’ancienne terre que ses parents ont gardés : il leur rend visite de temps en temps. Il parle arabe avec ses parents à la maison, mais à l’école et ailleurs et à l’extérieur de la maison il parle seulement anglais.
Selon Gibor, entre 80 et 90% des résidents de Dir Dibwan ont une citoyenneté américaine. Un résident local, Muhammad Manasra, qui partage sa vie entre son village et la Californie, estime que la population arabe des deux villages voisins à 16.000 personnes seulement, mais que la plupart d’entre eux vivent à l’étranger.
Une des méthodes les plus courantes utilisées pour obtenir un visa américain est d’épouser un citoyen américain.
Dans de nombreux cas, les femmes arabes qui découvrent le mode de vie américain après avoir grandi dans la pauvreté en Judée et en Samarie, refusent de revenir en arrière. «Mon frère a épousé une femme du village voisin de Beitin», raconte Manasra. « Il y a aussi de nombreux palestiniens-américains là-bas. Il l’a amenée aux États-Unis, lui a obtenu un visa, et à la minute où elle a atterri là-bas, elle a découvert un nouveau monde. Lui travaille et elle fait du shopping dans les centres commerciaux et dépense l’argent. Ils avaient deux enfants, et quand l’aîné a eu cinq ans, mon frère voulait que sa femme et les deux enfants retournent au village afin que les enfants apprennent l’arabe et se familiarisent avec la culture palestinienne. Sa femme a refusé. Du coup, ils ont divorcé et aujourd’hui, ils vivent tous les deux aux États-Unis mais séparés. La maison de mon frère est scellée », dit-il en montrant la villa déserte.
L’émigration des arabes de Judée et de Samarie dure depuis des décennies. Les chiffres officiels de l’Autorité palestinienne indiquent qu’il y a trois millions d’Arabes qui y vivent encore. En réalité, ces chiffres sont inférieurs d’au moins un million, selon de nombreux experts. Depuis 1997, Israël n’effectue plus le recensement dans les territoires et le chiffre produit par l’AP ne respecte pas les normes internationales, en vertu desquelles une personne absente pendant un an ou plus de son pays, n’est plus comptée. Les démographes Yaakov Feitelson et Yoram Ettinger suggèrent le chiffre de 1,8 million d’Arabes en Judée-Samarie, contrairement à 2,9 millions,comme l’avance l’AP.
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