Vendredi 20 juillet, Aviv Levy, 21 ans, a été tué par un tireur du Hamas alors qu’il défendait la frontière contre les émeutiers de Gaza. Il était le premier soldat israélien tué sur ce front depuis 4 ans. L’attaque qui a occasionné sa mort a engendré une importante riposte israélienne qui a détruit de nombreux objectifs militaires et fait quatre morts à Gaza : trois d’entre eux, et probablement également le quatrième, étaient affiliés à des groupes terroristes.
L’AFP a reconnu que l’affrontement a été provoqué par le meurtre du soldat et que la majorité des morts palestiniens n’étaient pas de simples civils. Mais il fallait lire les dépêches en détail pour le comprendre, car les titres ne permettaient pas de connaître la chronologie des faits.
Quelques journaux occidentaux ont su rédiger des titres donnant une vision correcte de la cause des événements :
En France, c’est une autre histoire…
La riposte présentée comme agression
Après l’attaque subie par les forces israéliennes, et vu que le soldat avait été gravement touché, l’inévitable riposte arriva. On vit alors apparaître le titre suivant à l’Agence France-Presse (AFP) :
Bien qu’il y ait eu un bombardement israélien et que quatre Palestiniens soient effectivement morts, ce n’est que la moitié de l’histoire. On est en pleine désinformation :
- L’agression initiale du Hamas, qui a déclenché les événements, n’est pas mentionnée.
- Aucune mention non plus du soldat israélien grièvement blessé par cette agression, qui succombera à ses blessures.
- Non seulement Israël est dès lors désigné comme l‘agresseur, mais en plus il « bombarde massivement Gaza » (une expression qui évoque plus le largage d’un tapis de bombe sur une ville et ses habitants, type Dresde en 1945, que le ciblage exclusif et très précis d’objectifs militaires effectué par Israël) :
- En l’absence de qualificatif, les « quatre Palestiniens tués » passent pour de simples civils victimes du bombardement. Or trois d’entre eux ont été revendiqués comme membres par le Hamas et l’article s’ouvre d’ailleurs sur cette information : « Quatre Palestiniens dont trois « combattants » du mouvement islamiste Hamas ont été tués (…) ». Le quatrième, que l’AFP a nommé dans une dépêche en anglais mais sur lequel elle n’a sinon donné aucun détail (la dépêche française énonce qu’« un quatrième Palestinien a été tué par des soldats israéliens près de la zone frontalière à l’est de la ville de Gaza, selon le ministère de la Santé gazaoui ») était quant à lui un dénommé Mohammed Badwan. Il semble qu’il ait été revendiqué comme membre par un autre groupe terroriste, les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa.
Voici les raisons de l’offensive données par la dépêche :
Quatre Palestiniens dont trois « combattants » du mouvement islamiste Hamas ont été tués vendredi par l’armée israélienne qui a mené des bombardements intenses dans cette enclave palestinienne en réponse, selon elle, à des « tirs » contre ses soldats près de la frontière.
Le respect de la chronologie aurait voulu que les tirs contre l’armée israélienne soient cités en premier. On remarque aussi l’usage généreux de guillemets et d’euphémismes (les « combattants » oeuvraient au sein d’une organisation reconnue comme terroriste par l’Union européenne). Quant aux « tirs », c’est à croire qu’ils sont partis tout seuls (et seulement selon l’armée israélienne…) puisque l’identité des tireurs n’est pas mentionnée. Un lecteur avisé peut quand même comprendre ce qu’il s’est passé…
L’AFP utilise ensuite une bonne partie de la dépêche à lier les « manifestations » de Gaza – ces émeutes qui ont abouti sur le meurtre d’Aviv Lévy – à la souffrance occasionnée par le « blocus israélien ». Elle ne mentionne ni les raisons de cette mesure visant à empêcher les organisations terroristes de Gaza de s’armer (mais laissant vivres et malades circuler), ni même la participation de l’Egypte : l’absence de manifestants à la frontière égyptienne indique bien que le blocus n’est qu’un prétexte pour s’en prendre à l’Etat juif…
Bien plus que le blocus tactique d’Israël, les intentions génocidaires du Hamas à l’égard d’Israël et sa classification comme organisation terroriste par l’Union européenne devraient être systématiquement rappelées par les médias pour expliquer la nature du conflit.
Décès du soldat
L’AFP a bien émis une dépêche pour informer du meurtre du soldat :
L’agence, qui humanise souvent les morts de Gaza en couvrant leurs funérailles, en insistant sur leur identité et en interviewant parfois leur famille, n’a rien fait de tel pour ce jeune homme pleuré par sa famille.
Et le titre a été totalement décorrélé de l’offensive israélienne alors déjà en cours, et couverte dans l’article.
Un « soldat israélien », quatre simples « palestiniens »…
Une fois le décès du soldat connu, l’AFP émit une nouvelle variante de sa dépêche. Son titre précisait la qualité de soldat de l’israélien décédé ; par contraste, il ne qualifiait pas les Palestiniens – donnant la fausse impression qu’il se serait agi de simples civils martyrisés par l’armée israélienne :
Mais cette fois-ci, l’AFP reconnaissait dès le début de la dépêche que les bombardements israéliens avaient été menés par riposte :
L’armée israélienne a massivement bombardé vendredi la bande de Gaza après la mort d’un de ses soldats tué par des tirs palestiniens, une escalade de violence qui a également coûté la vie à quatre Palestiniens et ravivé le spectre d’une nouvelle guerre.
En revanche, il fallait chercher loin dans l’article pour comprendre que les Palestiniens morts étaient des terroristes (ou, pour l’AFP, des « combattants »…).
Cessez-le-feu
Enfin, dans la soirée, fin de la séquence avec un cessez-le-feu conclu et salué par une dernière dépêche de l’AFP :
Comme dans les dépêche précédentes, la justification du blocus est toujours présente. Le texte commence par décrire « une journée de vendredi où l’armée israélienne a massivement bombardé la bande de Gaza » avant de faire allusion bien plus bas à la cause des bombardements – à nouveau avec force guillemets pour se dissocier de l’appréciation israélienne des événements : « En représailles à la mort de son soldat « durant un incident » près de l’enclave palestinienne, l’armée israélienne a indiqué avoir mené une série de raids aériens « contre des cibles militaires ».
L’AFP reconnaît finalement qu’Israël a agi en riposte face au Hamas
Le lendemain, l’AFP diffuse un article approfondi revenant sur la situation – illustré, comme la plupart des autres articles sur cet épisode, par des photos spectaculaires de « bombardements aériens israéliens dans la ville de Gaza » suggérant une violence démesurée de la part d’Israël.
On y lit :
Après qu’un de ses soldats a été tué vendredi par des tirs palestiniens durant des manifestations près de la frontière entre l’enclave et le territoire israélien, Israël a déclenché d’intenses bombardements qui ont coûté la vie à quatre Palestiniens, dont trois membres de la branche armée du mouvement islamiste.
L’AFP a donc bien reconnu que la séquence de vendredi soir a été provoquée par le meurtre du soldat israélien et que les morts palestiniens n’étaient pas de simples civils.
Mais cette responsabilité du Hamas, minimisée dans les articles, a été évacuée de l’ensemble des titres (qui sont souvent la seule information sur laquelle les lecteurs s’arrêtent) tout au long de l’épisode de violences.
Source infoequitable.org