Fin des imams étrangers en France

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La fin des influences étrangères sur la formation des imams de France.

  • La fin des imams détachés d’Algérie, Maroc, Turquie, soit près 300 personnes, marque à n’en pas douter un pas vers la fin de « l’Islam des consulats »
  • Alors qu’il existe le séminaire pour les prêtres catholiques et l’école rabbinique pour la formation des ministres du culte israélite, il n’existe pas, ou peu, de formation des imams en France

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, vient d’annoncer la fin des imams détachés c’est-à-dire venus d’autres pays pour pratiquer en France. Il tient ainsi l’engagement pris en 2020 par le président de la République et semble réussir là où tant de ses prédécesseurs, par facilité ou par manque de courage, par renoncement ou simplement par naïveté ont échoué.

La fin des imams détachés d’Algérie, Maroc, Turquie, soit près 300 personnes, marque à n’en pas douter un pas vers la fin de « l’Islam des consulats ». Celui qui « gère » l’islam de France depuis la fin de la colonisation, et qui a force de querelles de minarets, interdit toute organisation pérenne.

Le sujet est donc politique et Gérald Darmanin montre sa détermination avec cette annonce en pleine trêve des confiseurs.

Bien sûr, le climat de violence et la recrudescence des actes antisémites et des actes d’affirmation de séparatisme religieux ont sans doute pesé dans la balance. On se souvient de la décision du ministre de l’Éducation d’interdire la abaya dès les premiers jours de la rentrée scolaire.

Alors qu’il existe le séminaire pour les prêtres catholiques et l’école rabbinique pour la formation des ministres du culte israélite, il n’existe pas, ou peu, de formation des imams en France.

A l’exception d’une formation dans la Nièvre qui serait liée au mouvement des Frères Musulmans, et d’une formation à la mosquée de Paris, il n’existe pas de formation musulmane en France. L’absence de cette formation religieuse en France est un sujet que nous avions longuement développé avec mon collègue André Reichardt dans un rapport sénatorial qui fait autorité.

Dès 2016 nous affirmions qu’il devait être mis fin à cette pratique des imams détachés.

Nous avions déposé une proposition de loi, dont la majeure partie des articles avait été rejetée par la majorité LR du Sénat

Nous y rappelions l’urgence qu’il y a à former les ministres du culte musulman en France et l’aberration que constituent à la fois la pratique les imams détachés et celle de la formation des futurs ministres du culte à l’étranger.

L’enjeu de la formation en France est essentiel en raison de notre bloc de l’égalité et du principe de laïcité marqueur de la République Française .

Le rapport rédigé avec André Reichardt faisait un point particulièrement précis de la situation et demandait la fin de cette pratique.

Il est inconcevable que les musulmans de France ne puissent pas former leurs ministres du culte en France, faisant ainsi perdurer le système anachronique de l’islam des consulats.

Chaque « chapelle » si j’ose dire, gardant la main sur l’encadrement religieux.

Il n’est pas surprenant que les fédérations turques n’aient pas signé la charte proposée il y a quelques années, pas surprenant du tout, lorsque l’on sait que les ministres du Culte turcs, sont des fonctionnaires directement payés par la Turquie qui arrivent en France en qualité d’assistant sociaux.

Le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) ainsi que Millî Görüs (CIMG) et le mouvement Foi et Pratique, proche des prédicateurs du Tabligh prônant une pratique religieuse rigoriste, ont donc sans surprise différé leurs signatures.

Beaucoup d’observateurs ou de commentateur sont focalisés sur les financements étrangers des mosquées, mais la formation des esprits est bien plus importante que la pierre !

Il est quand même extraordinaire qu’au mépris le plus complet de la loi de 1905, des ministres français aient signé des conventions pour former des imans. Ce fut le cas de Bernard Cazeneuve le 18 décembre 2014 avec le Ministre des Affaires religieuses et de Wakfs de la République algérienne, et de Laurent Fabius avec le Ministre des Abous et des affaires islamiques, le 19 septembre 2015 à Tanger. La convention avec la Turquie date, elle, de 2010 (le texte de ces conventions est annexé à notre rapport du Sénat page 509 et suivantes)

La formation en France présente des enjeux majeurs pour la société française.

La formation religieuse, ,évidemment, qui n’est pas de la compétence de l’État.

Constituer des équipes, des programmes, des examens, des diplômes, bref, un cursus pour les futurs imams de France loin des influences étrangères, fussent-elles les plus amicales.

Mais aussi la formation à la vie en France de façon à ce que les imams formés en France, connaissent et adhérent à notre bloc de légalité.

Reconnaissance du Génocide arménien, reconnaissance de la Shoah et répression du négationnisme, interdiction de la peine de mort et de la torture, légalité du mariage pour tous, interdiction des certificats de virginité…

Et cette formation doit être faite en coopération avec les universités sur la base d’un cursus élaboré par l’ensemble des fédérations musulmanes qui sont en France et aussi par des responsables religieux.

Élaborer un cursus de formation, contenu, durée et labellisation, n’est pas une affaire simple, c’est même un sujet d’une gravité et d’une complexité extrêmes.

Comment imaginer la cohabitation à Lyon, par exemple, d’une importante communauté arménienne et d’une communauté turque raffermie à chaque occasion dans la négation du génocide arménien.

Comment concevoir que les imams formés en Algérie et qui exercent dans la banlieue parisienne, par exemple, puissent facilement faire société avec les communautés juives, alors qu’il n’y a plus de juifs en Algérie et encore moins de connaissance de l’histoire et de la Shoah, sans parler de la haine d’Israël.

Bien entendu, il y a toujours des exceptions mais globalement cette situation n’est plus tenable.

Reste la question du financement de la formation.

Je suis totalement opposée à la solution évoquée par le président de la République qui a proposé en accord avec les dirigeants de l’Arabie saoudite sur un financement via un prélèvement sur le Hadj.

Je suis hostile à ce que le financement, (en réalité une minuscule part de ce financement) soit payé par une contribution octroyée par l’Arabie saoudite.

Nous sommes à contre sens, de l’histoire ! Où serait l’indépendance, si en fait nous mettions en place un financement indirect en provenance d’un manque à gagner, de l’Arabie saoudite, sur le pèlerinage.

Cette solution n’a aucun sens et n’est pas acceptable, alors je reviens au serpent de mer de la redevance Halal.

Car oui, le circuit de la nourriture Halal peut constituer un mode de financement acceptable pour la formation des ministres du Culte musulman. D’abord, il s’agit d’une filière qui draine plus de 6 milliards d’euros; ensuite, on pourrait calquer son organisation sur le modèle de la filière cachère, et trouver un mode de prélèvement, une redevance donc et pas une taxe.

Qu’en France soit ouvert, grâce aux communautés musulmanes, un centre de formation des ministres du Culte et des aumôniers qu’il ne faut pas oublier, est d’une importance capitale. Nathalie Goulet

Mais voilà, pour arriver à cette solution d’un prélèvement sur la filière halal, il faudrait s’attaquer à son opacité.

Les revenus des taxes d’abattages, des certificats des sacrificateurs, etc., constituent un ensemble totalement opaque, dont les secrets sont bien gardés entre trois grandes mosquées, Paris, Lyon, Évry qui ne veulent à aucun prix que la transparence soit faite.

Nous avions proposé des solutions dans notre rapport sénatorial de 2016.

Ces solutions sont toujours d’actualité, car rien n’a bougé depuis.

Sans interférence, on pourrait imaginer une simple aide technique des services du ministère de l’Économie et des Finances ou mieux, dans la fraternité d’Abraham, une aide du Consistoire israélite pour qui les revenus de la filière cachère constituent une part importante des revenus.

Qu’en France soit ouvert, grâce aux communautés musulmanes, un centre de formation des ministres du Culte et des aumôniers qu’il ne faut pas oublier, est d’une importance capitale. Pour ne plus subir des influences étrangères indésirables, mais aussi pour promouvoir un islam respectueux des règles républicaines grâce à une formation in situ, dans le contexte national de la laïcité, cette autre exception française.

Je suis persuadée que les communautés musulmanes, leurs responsables et les musulmans de France, otages des extrémistes, auront à cœur de faire aboutir ce projet essentiel.

Déjà l’Union des Mosquées de France avait dit son accord pour un travail sur ce sujet. Avec la Charte signée le 18 Janvier 2021, même modeste, s’ouvre un chantier très important pour les Français de confession musulmane. Ce chantier comportera ensuite une évolution pour une meilleure représentativité des instances représentatives, donc du CFCM.

C’est aux musulmans de prendre en mains leur organisation. À défaut, d’autres, moins bien inspirés, sans doute, vont continuer à exploiter politiquement chaque avancée du noyau de musulmans en proie au séparatisme qui prennent toute une communauté en otage. Il serait temps que le Forum de l’islam de France (Forif), également lancé en février 2022, s’engage avec détermination dans la voie tracée avec lucidité et courage par le ministre de l’Intérieur qui est également ministre des Cultes.

JForum

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