Le cofondateur de l’English Defence League a été condamné en mai dernier à 10 mois de prison pour avoir filmé et diffusé des images du tribunal de Leeds lors d’un procès soumis à des restrictions de couverture, concernant des violeurs présumés d’origine indo-pakistanaise. Libre sous caution, il attend désormais un nouveau procès.
Figure de la droite radicale britannique, Tommy Robinson avait été arrêté le 25 mai dernier pour avoir filmé et diffusé sur Internet l’entrée du tribunal de Leeds où avait lieu le procès de plusieurs personnes d’origine indo-pakistanaise, accusées d’agressions sexuelles. L’ancien chef du groupe identitaire English Defence League (EDL) a été libéré sous caution ce mercredi après avoir obtenu de trois juges londoniens le droit de faire appel de sa condamnation à treize mois de prison pour outrage au tribunal.
Le juge Duncan Burnett et ses deux assesseurs l’ont «autorisé» à faire appel de la décision qui avait été prise en mai par le tribunal de Leeds. Tommy Robinson «est libéré sous caution, et l’affaire d’outrage au tribunal de Leeds est renvoyée pour être de nouveau entendue», a déclaré Duncan Bennett. Le nouveau procès devra se tenir «dès que possible», a-t-il ajouté, sans donner de date. Lors d’une audience en juillet, l’avocat de Tommy Robinson, Jeremy Dein, avait soutenu que des «insuffisances» dans la procédure avaient porté préjudice à son client. Il estimait la peine «manifestement excessive». Ce mercredi à Londres, ses partisans ont applaudi la nouvelle décision judiciaire tandis que quelques dizaines d’opposants, brandissant des pancartes «Levons-nous contre le racisme» ont protesté devant les grilles du Palais de justice.
Âgé de 35 ans, Stephen Yaxley-Lennon, plus connu sous le pseudonyme de Tommy Robinson – un pseudo tiré du nom d’un célèbre hooligan britannique, selon la BBC – est le cofondateur de l’«English Defence League» (EDL), mouvement identitaire qui dénonce notamment la menace islamiste. En mai 2018, il avait été condamné à dix mois de prison pour avoir filmé et diffusé sur internet des images d’un procès criminel à Leeds, car celui-ci faisait l’objet de restrictions de couverture. Cette peine s’était ajoutée à celle prononcée un an plus tôt. En mai 2017, il avait déjà été condamné à trois mois de prison avec sursis pour des faits similaires commis au tribunal de Canterbury. Sa peine visait à «s’assurer qu’un procès puisse être mené de manière juste et équitable», avait argumenté le juge. Cette première condamnation, qui faisait aussi l’objet d’une demande d’appel, a été maintenue mercredi.
Débat outre-Manche autour des gangs de violeurs d’origine indo-pakistanais
Fin mai, cet épisode avait fait polémique outre-Manche. Défendant la «liberté d’expression», les défenseurs de Tommy Robinson avaient mis en cause dans cette affaire judiciaire l’usage des «reportings restrictions», ces mesures qui permettent de réduire la couverture médiatique d’un procès pour en préserver la confidentialité. Lancée dans la foulée de son arrestation, une pétition «Free Tommy Robinson» demandant sa libération a atteint plus de 630.000 signatures sur Internet en deux mois. «Tommy Robinson a été arrêté et emprisonné pour avoir parlé des gangs pédophiles musulmans. Un travail qu’il choisit de faire au détriment de sa propre sécurité pour informer le public des horreurs commises au nom d’Allah», déclarait le texte de la pétition.
Cette polémique à Leeds avait surgi dans le contexte explosif de l’affaire des gangs pédophiles de Telford, révélée en mars dernier dans une enquête du Sunday Mirror . Par peur d’être accusés de racisme, les services sociaux, l’équipe municipale et les forces de l’ordre de cette commune du nord de l’Angleterre auraient cherché à étouffer pendant plus d’une décennie les agissements d’un gang pédophile d’origine indo-pakistanaise, qui aurait fait plus de 1000 victimes, principalement des jeunes filles de la classe ouvrière blanche. Dans cette affaire, la députée conservatrice Lucy Allan a bataillé pour obtenir la réouverture de l’enquête, mais a été accusée en retour d’attiser les tensions interraciales. En 2017, une enquête publiée par le think-tank Quilliam avait relevé que 85% des hommes condamnés pour leur appartenance à des gangs de violeurs depuis 2005 étaient d’origine indo-pakistanaise.
Le cas de Tommy Robinson avait attiré l’attention de l’alt-right américaine, ou «droite alternative», et même de Donald Trump Jr., fils du président américain, ou de Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump et qui lui avait apporté son soutien. Selon Reuters, un représentant américain de Donald Trump avait même plaidé sa cause en juillet auprès de l’ambassadeur britannique aux États-Unis. En France, il avait également été soutenu sur les réseaux sociaux par une partie de la droite et des mouvements identitaires. «Aujourd’hui est un grand jour: #TommyRobinson est enfin libéré! Une grande victoire pour la démocratie. La résistance à l’oppression paie toujours… #FreeTommyRobinson», a déclaré le conseiller régional Karim Ouchikh, patron du parti souverainiste SIEL, sur Twitter. «La pression des nationaux et patriotes de tous les pays et de tous les épris de liberté, a permis de mettre fin à ce crime contre la justice et la démocratie. Welcome Back #TommyRobinson!», a pour sa part écrit Jean Messiha, proche conseiller de Marine Le Pen et membre du bureau du Rassemblement nationale (ancien Front national).
Source www.lefigaro.fr