Tandis que Pessa’h et la saison des questions s’en vont, il nous arrive parfois de rester avec un profond point d’interrogation. Alors autant tout éclaircir avant Chavou’oth et lire les clauses du contrat de la qabalath haTora avant de le ratifier. Nous n’attendons plus de preuve, mais une assurance. Quelle est cette certitude du Juif ? Cette question est celle que rencontrent certains d’entre nous, perturbés lors de leur parcours de techouva. Pourtant, il y a une période de la vie d’un Juif, même installé dans la Tora depuis toujours, qui est familière avec ce questionnement.
C’est l’adolescence. Effectivement, il s’agit du moment où l’on fait des choix. Pas seulement en faisant la part de nos habitudes d’enfant, de notre « insouciante jeunesse », pour adopter un comportement mûr, mais également en distinguant ce que l’on souhaite conserver de l’héritage parental (sachant que malgré tout, on ne retirera qu’une part superficielle de cet héritage, la plus grosse partie de notre éducation restant profondément ancrée en nous). Ainsi, dans notre tri d’adolescent, rien n’est épargné, même les acquis les plus importants ! Nous cherchons à comprendre les fondements de notre éducation pour poser les bases de notre existence. Cette question est donc toute naturelle: elle assure même la pérennité de la maison que nous allons construire (autant qu’elle soit solide !). Alors que l’on grandit dans notre Yiddishkeit, on se sent s’y épanouir, car l’on perçoit la cohérence de nos actions. Arrive alors le moment définitif où l’on doit sceller ce que l’on a toujours imité sans remettre en question… et l’on décide subitement d’en comprendre le plus profondément possible le sens, le sentiment de vrai qui est le moteur de notre travail sur terre, afin d’approcher une certitude inébranlable. De même, à Chavou’oth, toutes les preuves sont sous nos yeux ; il ne nous reste plus qu’à donner notre assentiment… Cependant, nous tenons à jeter un (dernier) regard en arrière, juste pour nous assurer de ce à quoi nous nous engageons.
Le problème, c’est qu’à ce moment précis, le doute s’engouffre en nous pour nous envahir de ses tentacules hargneuses (rappelons que le mot doute, safeq, a la même valeur numérique en hébreu que ‘Amaleq), car le monde n’est pas si clair. C’est un masque de la présence de Hachem, mais tant de monde s’y laisse abuser et semble si convaincu que les clairvoyants en viennent à se remettre en question.
L’image suivante peut nous aider à résoudre notre problème. Nous sommes dans le noir complet.
La certitude du Juif (émouna) qui nous poursuit est justement ce qui nous aide à nous repérer, nous indiquant les règles du jeu. Ces règles ont été fixées par l’Arbitre et nous n’avons d’autre assurance de parvenir à surmonter les obstacles que de croire en Son existence. C’est grâce à Ses indications que nous réussissons à évoluer dans l’obscurité. Inutile d’espérer tout comprendre pleinement puisque nous savons ne pas en avoir les moyens ; il manque un élément que nous ne mériterons qu’en fin de parcours: la lumière ! Parfois, notre devoir consiste à avoir la simplicité de ce petit enfant qui ne prétend pas à connaître tous les tenants et aboutissants du « jeu » de la vie. On peut aspirer à avoir confiance – un mot qui sonne étrange, n’est-ce pas, pour des adolescentes – et s’engager. C’est maintenant qu’il faut s’engager, nous qui sommes si pressés d’agir, d’aller de l’avant, au-delà des limites de notre âge ! Où est notre énergie pour se ranger parmi les fans du Créateur ?
Il s’agit de ne pas tarder ! Les Bené Israël ont bien reçu l’ordre de sortir de « Mitsraïm be’hipazon » – d’Egypte dans la précipitation – afin de ne pas avoir le temps de regretter. Il faut prendre du temps pour discerner le bien dans une situation, mais une fois qu’il est déterminé, nous n’avons pas à nous accorder plus de réflexion. Car cette réflexion sera consacrée, au mieux à une lutte intérieure, et au pire à une argumentation du Yétser hara’ pour nous dissuader de faire la mitswa ! Le zèle offre à la fois l’assurance d’effectuer la mitswa, et les mécanismes pour habituer notre corps au service de Hachem, et ainsi « mitswa goréréth mitswa ». Il est temps pour nous d’avancer un franc et sincère na’assé venichma’ !
par Rivka Hausman