Autour de la table de Chabbath, n°322 Pekoudé
Bénir le fruit de son œuvre
Notre paracha clôture le deuxième livre de la Tora. Elle traite au début du décompte des offrandes pour la construction du Michkan (Sanctuaire). Ensuite, la Tora décrit son édification. Les premiers versets mentionnent en détail tous les poids d’or, d’argent et d’airain qui ont été apportés pour le Sanctuaire. La Tora nous apprend ici que dans les affaires saintes, il faut avoir un souci de clarté et de droiture. S’il est vrai que la communauté a fait des dons pour la réalisation d’une chose des plus sublimes sur terre, c’est-à-dire l’établissement du lieu de résidence de D’ dans ce monde, il n’empêche, que cet engouement ne doit pas entrainer l’homme à tout sorte de déviations. Tout l’argent sera comptabilisé et répertorié afin qu’il n’y ait aucun doute quant à la justesse de son utilisation. Pour être exhaustif (et cela n’a rien à voir avec les décomptes de notre paracha), la Guemara (Soucca 30) enseigne que si, à D’ ne plaise, un homme a volé son prochain, le produit de son délit ne pourra pas être utilisé pour les choses saintes. Le prophète compare le vol à l’animal boiteux, de la même manière qu’un bovidé claudiquant n’est pas acceptable sur l’autel à Jérusalem, pareillement l’animal volé (par exemple acheté avec un chèque en bois ou à partir d’un numéro de CB dérobé à son propriétaire) ne pourra être agréé devant Hachem. On apprendra aussi de ce passage que toute personne qui aurait mal agi vis-à-vis de son prochain (entourloupe, arnaque etc…) ne pourra pas utiliser cet argent mal gagné pour les choses de Mitsva comme Matanoth Leévionim de Pourim ou des dons au Collel. La faute ne pourra être expiée qu’au moment où l’on rendra à son propriétaire le fruit du larcin. Hachem attend de nous un comportement exemplaire vis-à-vis du Ciel comme vis-à-vis des hommes.
Après ce petit aparté nécessaire (bien que je sois sûr que mes fidèles lecteurs ont un haut niveau de respectabilité et de droiture dans le monde des affaires) je poserai une question du rav Gamliel Rabinowits (Beth Chemech). Il fait remarquer que dans la comptabilité des offrandes, il est question d’or d’argent et d’airain. Pour l’or et l’argent, c’est facile à comprendre (la nécessite d’une telle comptabilité). Mais en ce qui concerne l’airain (qui n’est pas couteux), qu’est-ce que la Tora veut signifier? Le rav apprend de là une idée intéressante. D’ note tous les efforts des hommes dans le domaine de la Mitsva. C’est-à-dire qu’un homme qui aurait des petites rentrées, pourrait se dire, lorsqu’il donne à la Tsédaka, « à quoi bon donner mes 10 euros à la Yechiva alors que dans le même temps mes copains donnent 100 fois plus… ». Sur ce, le verset compte avec la même précision l’airain et l’or pour nous apprendre qu’aux Yeux saints de D’, c’est l’intention qui compte. D’ailleurs la Guemara enseigne : « Quelle que soit l’offrande, grande ou petite, d’une personne, la condition est qu’elle provienne d’une pensée pure. » L’important c’est donc l’intention que l’on met dans son action. Même si je donne peu, mais que je le fais en rapport avec mes possibilités, j’aurais le même mérite que le riche qui donne beaucoup plus. Intéressant, non ? Cependant la Tora n’est pas dupe. Il est sûr qu’un homme qui a des revenus moyens et donne tout juste 10% de ses revenus pour la Mitsva (cela inclus la scolarisation de ses enfants dans les écoles juives, les dons aux diverses institutions, l’aide aux pauvres de sa proche famille et les plus éloignés) aura moins de mérite qu’un autre homme, peut-être même nanti, qui donne beaucoup plus, au de-là de ses possibilités.
Le Michna Beroura écrit dans le domaine de l’étude de la Tora (et c’est extrapolable dans d’autres domaines), que tout dépend, devant Hachem, si l’homme fait tout ce qu’il peut pour réaliser la Mitsva (siman 1,4) ». Ce même phénomène est rencontré lors de la fabrication des ustensiles (du Sanctuaire). Le verset enseigne que tout celui qui voulait participer à l’œuvre, Hachem lui insufflait un esprit créateur et une grande dextérité pour accomplir un travail parfait. Toutefois, l’accomplissement de l’armoire sainte sera attribué, comme cela est noté dans les versets, à Betsalel. Rachi enseigne que puisque Betsalel s’est investi particulièrement à sa construction, la Tora précisera que c’est lui qui prend le mérite de sa réalisation. C’est un enseignement pour nos générations, qu’au jour de la rétribution (le monde futur), les personnes qui se sont le plus dévouées à la tâche, recevront la plus grande récompense.
Le premier du mois de Nissan (de la 2ème année de la Sortie d’Egypte) le Michkan sera édifié définitivement par Moché Rabbénou (c’est lui seul qui assemblera le Sanctuaire et placera les ustensiles). Le verset précise (39,43) que le jour de son édification, Moché fera la bénédiction de son œuvre. Rachi précise qu’il s’agit du « Vayehi No’am etc. »/ Que Ta Volonté accepte l’action de nos mains (Tehilim). De ce passage, l’ancien livre « Séfer ‘Hassidim » (alinéa 1020) apprend que lorsqu’un homme termine un grand travail, il faudra le bénir (à l’image de Moché Rabbénou). Dans un deuxième alinéa, il écrit que Moché Rabbénou a fait (aussi) la bénédiction des Cohanim « Yevarékha, Veyichmékha… ». Peut-être est-ce une des raisons pour laquelle le père de famille béni ses enfants lorsqu’il revient le vendredi soir de la synagogue. La semaine s’est écoulée, c’est le moment de bénir le fruit de son œuvre, n’est-ce pas que les enfants sont nos véritables fruits (et pas les bénéfices de son magasin, ni son salaire mensuel) ? A cogiter…
Quand un ange lui dit « je t’aime… »
Cette semaine on a parlé du Sanctuaire, bonnes pensées etc… L’histoire que je vous propose est franchement en ligne droite de ce développement (Béni soit Hachem qui me permet de vous transmettre ce sipour véritable).
Un Chabbath matin dans une ville de l’Amérique profonde (Cleveland) devant une synagogue de la ville s’arrête une voiture et descend son conducteur. L’homme qui a une quarantaine d’années, s’approche de l’édifice et entre dans le vestibule. Il se tiend de l’autre côté de la porte de la grande pièce où se trouvent les fidèles. Au travers de vitres de la porte, il observe attentivement tout ce qui s’y passe. Arrive le moment des montées (7) du Séfer Tora, puis Maftir et enfin hagbaha (on soulève le Séfer Tora) lorsque le Séfer est ouvert présenté au public. Juste après cette hagbaha notre homme s’éclipse, reprend sa voiture et part. Ce manège recommença plusieurs Chabbath, jusqu’au moment où un des Gabaïm s’approche de lui et lui dit : ‘Tu sais, ici c’est une synagogue orthodoxe (il n’y a pas que des réformés aux USA…), et le Chabbath on ne doit pas utiliser la voiture pour venir à la synagogue… ». L’homme, appartenant à la communauté, fut tout étonné et dit : « Pardon, Je ne le savais pas, il n’avait pas lu « autour de la Table du Chabbath ». Dorénavant je viendrais à pied ». La semaine suivante notre inconnu se rendra à la synagogue cette fois à pied. Notre homme habitait à plusieurs kilomètres de l’endroit de culte. Il partit tôt le matin de chez lui, afin d’arriver pour la lecture de la Tora. Les fidèles virent de nouveau cet homme dans le vestibule et lui proposèrent de franchir le pas de la porte afin de se joindre aux fidèles. Le Chabbath suivant, de nouveau, il fit le trajet à pied. Mais cette fois il entra de lui-même dans la salle de prière. On lui indiqua quelques rudiments. La semaine suivante, même chose… Petit à petit notre homme transforma son « way of live » de citoyen américain ayant vécu dans l’ignorance totale du judaïsme en véritable Ba’al Techouva.
Quelques temps après, un des fidèles lui demanda ce qui l’avait attiré pour la première fois à venir et surtout pour le soulèvement de la Tora ? Il raconta son histoire impressionnante. » Je suis né dans une famille juive complètement étrangère à toutes notions de judaïsme. Pourtant, j’avais une grand-mère pudique et religieuse. J’ai fait mes études dans les écoles laïques/goy. J’ai fait mon cursus comme tout jeune américain. Dans l’entreprise où je travaille il est organisé tous les ans un voyage pour récompenser les employés. Une année il a été choisi d’allé jusqu’au lointain Moyen-Orient, visiter la Terre sainte. Nous sommes descendus dans un hôtel de Jérusalem. Un matin j’étais dans le lobby de l’hôtel et je demandais qu’elles étaient les activités du jour. On me répondit qu’aujourd’hui c’est Chabbath (sic) et qu’on se rendrait dans une synagogue du quartier. Nous nous sommes rendus dans une synagogue du quartier de Réhavia (tenue par un rav américain). Comme mon habit n’était pas adapté pour rentrer dans ce lieu de prière j’ai préféré m’installer dans la Ezrath Nachim (salle des femmes). Elle était vide. Peu de temps après que je sois rentré, la communauté venait de finir la lecture de la Tora. Un fidèle souleva les rouleaux de la Tora et je me suis rapproché (depuis la Ezrat Nachim) pour observer les rouleaux saints. A ce moment j’ai eu un sentiment très profond et particulièrement intense. C’était comme si un ange s’adressait à moi et me dit : » Comme tu es Tsadik, comme je t’aime… » C’était une voix claire qui s’adressait à moi (dans mon cœur), ce sentiment je ne l’ai jamais ressenti de toute ma vie. La semaine de vacances prit fin et je repartis pour Cleveland et mon train-train. Seulement je voulais revivre l’expérience de Jérusalem. C’est pourquoi je me suis rendu plusieurs fois dans votre synagogue afin de revoir le Séfer Tora, la suite, vous la connaissez ». Les gens de la synagogue étaient tous ébahis et ils demandèrent : »Ou se trouve cette fameuse synagogue de Jérusalem ? » Il dit que c’est celle du quartier de Re’havia du rav Cher.
Une des personnes qui entendit son histoire et qui devait se rendre en Erets Israël, profita de son séjour pour se rendre dans de la communauté de ce rav (le rav était d’origine américaine). Il lui demanda qu’elle a été le Séfer Tora qui a été lu l’été dernier lors de la lecture hebdomadaire. Le rav lui répondit que ce Séfer avait une histoire particulière : « Au début j’ai commencé comme rav dans une ville d’Amérique, Cleveland (cela remonte à une quarantaine d’année). A l’époque je commençais comme jeune rav de communauté. Seulement je me suis vite aperçu que le Séfer de la communauté n’était pas de bonne qualité et qu’il fallait au plus vite s’en procurer un nouveau. A l’époque on me proposa un superbe Séfer qui était en vente pour la somme considérable de 6000 dollars. J’ai réuni les Gabaïm (secrétaires) de la communauté pour trouver une solution. Un des hommes présents me dit qu’à Cleveland, il y avait une vieille dame qui ressemble aux grands-mères d’Europe (d’avant-guerre). Elle porte un châle sur la tête et est très Tsadéketh. Elle va de jours en jours démarcher les magasins de la ville pour soutenir la Yechiva de Pélitz (une ‘Hassidout) avec une grosse boite de Tsedaka. Son amour pour la Tora est si grand que c’est certain qu’elle acceptera d’acheter ce Séfer. On prit contact avec cette dame, et elle dit : « J’accepte de prendre toute la dépense sur moi à une seule condition. J’ai un petit fils qui vient de naitre dans un des hôpitaux de la ville. Or il est en très mauvaise santé, c’est un prématuré. Je souhaite que le premier « Mi Chebérakh » que vous direz sur ce Séfer soit pour la guérison de mon petit-fils ». On accepta sa condition et comme convenu, la dame acheta le Séfer. Le Mi chebérakh fut fait et grâce à D’ le bébé recouvra la santé et sortit en pleine forme de l’hôpital. Ce Séfer est venu avec nous en Erets, dans notre communauté de Re’havia.
Le petit bébé prématuré grandit et quarante années passèrent. Notre homme vit dans la synagogue de Jérusalem le Séfer que sa grand-mère, la Tsadéketh qui portait le foulard, avait acheté 50 ans auparavant pour sa guérison… (Ndlr : le quidam de Cleveland était en fait le petit fils de cette grand-mère qui avait acheté ce Séfer Tora, et dont l’ange lui avait dit : »Comme je t’aime… »). La boucle est bouclée… Histoire véridique rapportée dans le livre de R. Nakar 7/7 24-24h au nom du rav Tsvi Reouven Davidson de Jérusalem.
Coin Halakha : Lois de Pourim. Cette année Pourim tombe le jeudi 17 mars prochain. On veillera à accomplir les Mitsvoth de la journée : lecture de la Meguila (2 fois : mercredi soir et jeudi), festin de Pourim (en pleine journée avant le coucher du soleil), envoi de deux mets à son prochain et Matanoth Leévionim (dons aux pauvres de la communauté). Pour ces dons, il faudra veiller à donner le jour de Pourim 2 présents à deux pauvres. On peut donner de la nourriture (afin qu’il fasse un bon repas) ou de l’argent. Pour l’aide pécuniaire, on donnera à chaque pauvre, au minimum, l’équivalent du prix d’un repas. On peut donner l’argent à des organismes, même avant la fête, afin que le jour de Pourim ils distribuent l’argent récolté.
Chabbath Chalom, pour un Chabbath de paix et de sécurité pour toutes les communautés dans le monde entier et en particulier en Ukraine à la semaine prochaine, si D’ le veut !
David Gold
Une Berakha de longue et bonne vie à Yé’hiel Ben Moché et Zaïza et de Alice Aïcha Bat Simha Julie ainsi que de toutes leurs descendances
Une bénédiction à mon ami le rav Mordéchaï Bismuth Chlita (auteur du formidable feuillet hebdomadaire « la Daf du Chabbath ») à l’occasion de la sortie de son livret de traduction et d’explications des bénédictions du matin… à conseiller.
Une refoua cheléma (guérison) pour mon ami le rav Moshé Ben Léa (Arlette) parmi les malades du Clall Israël.
Nouveau à l’approche de Pourim, je me propose de distribuer aux familles nécessiteuses (en Erets) les Matanoth Leévionim (dons aux pauvres). Prendre contact au tel 055 677 87 47 (depuis la France 972 55 677 87 47). Mon adresse : 4 rue Rabban Gamliel, ville : Elad.
Et toujours une superbe Meguila (Beth Yossef, 11 lignes) vous est proposé par un Sofer dont vous connaissez déjà la plume…