Réflexion sur la paracha de la semaine par le rav Mordékhai Bismuth:
“Ceux-là sont les comptes du Michkan… qui ont été comptés sur l’ordre de Moché…”
Lorsque l’on s’attarde un peu sur la paracha de cette semaine, on remarque qu’à priori, elle ne comporte aucun ‘hidouch. On aurait peut -être tendance à penser que cette paracha (que D’ nous préserve) n’a pas d’utilité, qu’elle serait superflue.
Bref rappel des parachioth précédentes :
Terouma : Hachem ordonne aux Bené Israël d’apporter la terouma pour la construction du Michkan
Tétsavé : Hachem ordonne et dirige Moché sur la construction du Michkan
Ki-tissa et Vayakel : relate la construction en elle-même.
Quant à la paracha de Pekoudé, quel est son but ?
La réponse est, que toute la paracha Pekoudé va parler des « comptes » du michkan. Dans notre paracha, on nous fait la liste détaillée de tous les comptes de chacun des éléments du michkan.
Mais cela est en soit est très surprenant ! La question est pourquoi Hachem a-t-Il voulu que l’on précise au chékel près les chiffres de chacune des dépenses nécessaires à la construction du michkan?
La réponse est que tout le but de notre paracha et de ses comptes, est la prise de conscience de faire le bilan. Nous avons devant nous toute une paracha où l’on compte et recense les offrandes des Bené Israël. D’autant plus que le trésorier était Moché Rabbénou, soupçonnerait-on Moché Rabbénou d’avoir détourné ou volé l’argent de la communauté ? Non, ‘hass ve-Chalom !
Établissons plutôt un raisonnement de « a fortiori » : si déjà Hachem demande à Moché Rabbénou de faire les comptes des offrandes reçues, combien cela doit-il nous obliger d’en faire autant ?!
En effet nous savons que tout commerce qui veut réussir, doit tenir une comptabilité, faire le bilan, connaître ses entrées et sortie, faire la différence entre la recette et les bénéfices… sans cela très rapidement son activité va à la perte.
Nous savons, et le monde nous le rappelle souvent, « les Juifs sont dans le commerce », et oui c’est une réalité. Chaque Juif doit vivre comme un véritable chef d’entreprise, pour mener à bien son commerce « spirituel » qu’Hachem lui a mis entre les mains.
Tout le monde est d’accord que la réussite et le maintien d’un commerce passent par une bonne gestion. La réussite d’une vie dans ce monde-ci passe aussi obligatoirement par une bonne gestion, ce que l’on appelle « ‘heshbon hanéfech ».
En effet la vie est une succession d’années, qui sont composées de mois, eux de semaines, eux même de jours, ces jours d’heures, ces heures de minutes, ces minutes de secondes…tous ces instants sont des parcelles de vie. Imaginez que chaque secondes soit un billet de 100€…
A ce sujet, le Midrach relate que Rabbi ‘Akiva était en train de donner un cours lorsqu’il vit que ses élèves étaient en train de s’assoupir. Afin de les stimuler, il leur posa la question suivante : « Pourquoi Esther a t-elle régné sur 127 provinces ? C’est parce Hakadoch Baroukh Hou a dit que la descendance de Sara qui a vécu 127 ans régnera sur 127 provinces. »
Le ‘Hidouché Harim s’étonne : en quoi ces paroles pouvaient réveiller les élèves assoupis ?
Rabbi ‘Akiva voulait leur inculquer l’importance du temps et le devoir de l’utiliser au mieux à chaque instant. C’est en effet parce que Sara a parfaitement rempli les années de sa vie que sa descendance a pu dominer 127 provinces. Chaque instant avait son équivalent : une seconde une famille, une minute une ferme, un jour un village, une semaine une ville… Si Sara avait gaspillé son temps, le royaume d’Esther aurait été amoindri. Nous devons prendre conscience que le temps est précieux. Qui peut connaître la récompense de chaque moment bien utilisé, ou au contraire d’un instant gaspillé ?
La remontrance de Rabbi ‘Akiva à ses élèves, les a éveillés et leur a fait prendre conscience de la valeur de chaque instant.
Nous sommes, nous aussi, les élèves de Rabbi ‘Akiva, ne nous endormons pas lors de son cours, étudions la Tora, plongeons-nous dans la Guemara, tirons le meilleur parti de chaque instant. Ne vivons pas d’après les expressions de la langue française comme « tuer le temps » ou « passer le temps ».
Il n’y a de plus grande perte, que celle du temps ! Nous prenons en général conscience du temps, lorsqu’il nous en reste plus beaucoup, c’est comme un homme riche, tant qu’il a, il ne compte pas, mais lorsqu’il s’appauvrit il prend conscience de chaque sous… le temps c’est « comme » de l’argent.
C’est pour cela que chacun d’entre nous, doit se fixer un emploi du temps. Hachem est conscient que tout le monde de peut pas étudier toute la journée, mais on doit au moins se fixer un temps d’étude. Une des questions que l’on nous posera dans le ‘Olam haEmet est « kavata ‘itim la-Tora ?/ T’es-tu fixé un temps d’étude ? ». Cinq minutes, ½ heure, 1heure, 2 jours… peu importe combien, l’essentiel est de fixer, est/ne pas d’étudier comme un papillon… si il y a un cours, c’est bien, sinon ce n’est pas grave…
De même que l’on se fixe des heures de repas, et cela trois fois par jour, il faut en faire ainsi pour l’étude.
Il est vrai qu’Hachem a fait un grand ‘hessed avec l’homme, en lui créant la sensation de faim, c’est elle qui lui rappelle qu’il faut manger, car sans elle, il serait mort. Par contre pour la nechama, Hachem n’a pas créé cette sensation, cependant la nechama elle aussi a faim et a besoin de se nourrir. Pour éviter qu’elle ne dépérisse, nous devons faire des bilans, des plans d’action, et évidement les revoir chaque année. Car de même qu’un homme adopte son alimentation suivant sa croissance, un bébé ne mange pas comme un enfant de 6 ans, et ce dernier pas comme un adulte.
Alors comme un commerçant qui fait sa caisse tous les soirs, faisons de même avec notre caisse de mitsvoth, pour qu’elle ne soit jamais à perte !
Extrait de la Daf de Chabat disponible sur notre site OVDHM.com
Chabat Chalom
Rav Mordekhai Bismuth
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