Faire des petits signaux dans nos vies…

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AUTOUR DE LA TABLE DE SHABBATH, n° 405, Sim’hath Tora

Chagall 1916- La fête des tabernacles

Ces paroles seront étudiées le’ylouï Nichmat de ma grand-mère Deborah Bat Sonia Tihié Nichmata Tsroura bé Tsror Ha’haim (Yom Hachana 3ème jour de Souccoth)

Sur Sim’hath Tora 

Du vendredi 6 au soir au dimanche 8 octobre au soir nous fêterons Chémini Atséreth et Sim’hath Tora dont la traduction littérale est le 8ème jour, jour de clôture. En ‘houts laharets dimanche correspond également à Sim’hath Torh, jour instauré par nos Sages où à cette occasion, nous danserons avec tous les Sifré Tora, en l’honneur de la conclusion de la lecture de la Tora.

Il existe une intéressante discussion entre le Choul’han Aroukh et le Rema (Or ha’Hayim 668) pour savoir si on doit mentionner le mot « ‘Hag/fête » pour Chémini Atséret. En effet d’une manière générale, les jours de fêtes on intercale dans la prière quotidienne la mention du jour saint. Par exemple à Souccoth on dira « ‘Hag Hasouccoth », pour Pessah ‘‘Hag Hapessa’h ». Pourtant pour Chemini ‘Atséret qui est un jour férié, le Rema dit que l’on ne mentionne pas « ‘Hag » Chemini Atséreth mais « Chemini Atséreth » sans la précision que c’est ‘Hag, jour de fête. Tandis que d’après le Choul’han Aroukh on dira « Chemini ‘Hag Hatséret ». Quelle est le sens de cette discussion ?

En fait, Chemini Atséreth n’est pas une fête comme les trois autres fêtes du calendrier (Pessa’h, Chavou’oth et Souccoth). C’est un jour férié, Yom Tov, mais ce n’est pas une fête de pèlerinage comme les autres. Par exemple, lors des trois fêtes, il existait la Mitsva de monter à Jérusalem, de voir le Temple et d’apporter les sacrifices. Chaque Juif avait la Mitsva d’apporter plusieurs sacrifices (Korban Réia, Sim’ha) durant les six jours de ‘Hol Hamoéd. Seulement pour le dernier jour de Souccoth, Chemini ‘Atséret il n’existait pas la Mitsva de monter à Jérusalem et donc d’apporter un sacrifice. Notre pèlerin par exemple qui se rendait à Jérusalem pour Souccoth pouvait tranquillement retourner chez lui au milieu de la fête et finir le dernier jour à la maison. On aura donc compris la raison du Rema qui ne mentionne pas « ‘Hag » dans la prière. Le Choul’han Aroukh est d’accord avec le Rema pour dire que Chemini ‘Atséret n’est pas une fête de pèlerinage. Toutefois, puisque ce jour est saint et qu’il clôture la fête de Souccoth donc on ajoutera « Hag » en le mentionnant. Le Sfat Emet, un des premiers « rabbi » de la ‘Hassidout Gour, donne une intéressante explication sur Chemini ‘Atséreth, Souccoth année 5662 (1902). Chaque fête du calendrier dévoile un peu de la présence divine sur terre. Lorsque le pèlerin arrivait à Jérusalem et apportait les  sacrifices de la fête, il accédait à un plus grand niveau  de crainte du Ciel ! Le fait de voir les Cohanim au  service, et les sacrifices brûler sur l’Autel du Beth  Hamikdach, cela éveillait des sentiments de crainte et de révérence vis à vis de Celui qui réside dans ces lieux. D’une part, chaque Juif devait apporter deux sacrifices (Korban) Réia et Sim’ha) à la vue du Beth Hamikdach.

Or la vue,  Réia c’est le même mot (à l’envers) que Yireah/la crainte. Le Sefat Emet explique, que chaque juif qui arrivait au Temple par le biais des sacrifices accédait à la crainte du Ciel.

D’autre part, chaque fête avait une influence particulière. En effet, chaque fête était liée avec le service particulier de nos patriarches. On sait qu’Avraham, lié avec Pessa’h, a fait découvrir Hachem au travers l’amour et la générosité. Yits’hak, lié avec Chavou’oth, a servi D’ par la grande crainte (prière). Ya’akov, quant à lui, est lié à la fête de Souccoth, au travers du Emeth/ la vérité.

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Le rav dit que lorsqu’un Juif arrivait au Temple à Pessa’h, il était imprégné de la crainte à travers le prisme de l’amour inauguré par Avraham. A Chavou’oth, le Juif percevait la crainte au travers de la crainte de Yits’hak tandis que Souccoth était lié avec le service de vérité de Ya’akov. A vrai dire ce sont des  des notions difficiles à appréhender, mais c’est toujours intéressant d’en prendre connaissance.

Or, pour Chemini ‘Atséreth, il n’existait pas d’obligation d’apporter de sacrifice « Réia » car ce n’était pas une fête de pèlerinage. Le rav explique que Chemini ‘Atséret est liée avec notre maître Moché Rabbénou. C’est Moché qui a fait descendre la Tora sur terre et c’est d’elle, la Tora, que chaque Juif puise sa crainte du Ciel. Or, cette Tora n’est pas l’apanage d’un endroit particulier sur terre. Et celui qui l’étudie Lichma/pour elle-même, dévoilera la Présence divine sur terre. Donc on aura bien compris que la raison pour laquelle le jour de Sim’hath Tora on danse avec les Sifré Tora – c’est pour accéder au même niveau de crainte que si l’on avait offert un sacrifice au Temple.

Ecrire à ‘Hol Hamo’èdOn sait que ‘Hol Hamo’èd sont des jours de demi-fêtes. Ces jours ne sont pas chômés comme le Yom Tov mais on ne pourra pas pour autant vaquer à nos occupations coutumières. Le travail courant est interdit. Cependant il existe des permissions comme par exemple s’il y a perte d’argent (Dvar haaved) ou si c’est pour les besoins de la fête ou encore si on a besoin de travailler pour se nourrir.

On s’attardera sur l’interdit d’écrire durant ces jours. Ecrire fait aussi partie des travaux qui sont interdits lors des jours de demi-fêtes. Cependant, d’après le principe que pour une perte on a le droit de faire un travail, alors écrire par exemple dans son carnet le numéro de téléphone d’un ami, cela fait AUSSI partie de « Dvar haaved » car on risque de perdre cette information si on attend la fin de fêtes pour le noter. Quant à écrire sur son ordinateur, ce n’est pas considéré comme une écriture et donc pendant ‘Hol Hamo’èd il est permis d’écrire (Psakim rapportés dans Dirchou siman 545).

Qu’en est-il des Divré Tora?

La réponse est donnée dans le Choul’han Aroukh (545.9) qui tranche qu’il est permis d’écrire les paroles de Tora entendues au Beth Hamidrach (si on ne le fait pas on risque de les oublier et donc cela fait partie de la permission globale de ne pas arriver à une perte). Le Michna Beroura ajoute qu’on peut même écrire ses propres ‘Hidouchim pour deux raisons. La première, s’il y a aussi perte si on attend de les écrire après les jours de fêtes et la deuxième à chaque instant il y a la Mitsva pour l’homme d’étudier la Tora. C’est qu’un Juif doit tout le temps renouveler sa Tora. Comme le dit le Roch Yechiva de Keter Chlomo Rav Samuel chlita: « L’étude des textes saints n’est pas une obligation, mais c’est un vrai KIFF/plaisir ! » Pour revenir à notre développement comme un homme  doit renouveler tout le temps sa Tora, s’il attend  pour écrire jusqu’après les fêtes, c’est un nouveau temps qui arrive. Puisqu’il doit renouveler sa Tora, il n’y a pas de possibilité d’attendre après la fête . Cependant on posera une question à nos bons lecteurs. Le Michna Beroura parle aux Talmidé ‘Hakhamim de son époque, or pour le commun des mortels nos ‘Hidouchim ne sont pas forcément de cette trempe. De plus, il se peut bien que notre ‘Hidouch soit repoussé par une preuve claire du Talmud. Donc qui me  dit que dans ces conditions j’ai le droit de l’écrire ? On peut répondre à cela selon le rabbi ‘Haim de Volozhyn (extrait du livre Binian Olam p. 73) qui enseigne que le  ‘Hidouch c’est DEJA le fait d’éclaircir les lois de la Tora pour soi-même. On n’a PAS besoin d’arriver au niveau de rabbi Akiva Eiger pour que nos Divré Tora sont considérés comme des ‘Hidouchim. Le fait qu’à notre petit niveau nous avons réussi à écrire un résumé du cours ou de la Guemara, c’est déjà très apprécié dans le Ciel.

Le deuxième point qui est d’écrire des choses fausses. Là aussi ce n’est pas une raison suffisante pour nous dispenser d’écrire. On explique que le Cha’aré Techouva (sur le Choul’han ‘Aroukh 546) rapporte le Mahari Mariach « dans le Ciel, chaque personne qui  réfléchit et  médite sur des paroles de Tora et de Halakha est AIMEE et APPRECIEE par le Roi dans les cieux… »

 

Et si pour une perte d’argent il est permis de travailler à ‘Hol Hamo’èd, alors à plus forte raison doit-on craindre la perte des pierres précieuses que sont les idées et la logique des Sages du Talmud et de la Tora. Et tous ceux qui écrivent leurs paroles reçoivent  un mérite pour cela. Fin de l’extrait.

Donc on voit finalement que même si on n’a pas réussi à dévoiler le Emet/la Vérité de la Tora, le fait même de s’occuper des paroles de Tora c’est un mérite largement suffisant pour les écrire.

Faire des petits signaux dans nos vies…

Notre histoire véridique traite cette fois des souvenirs d’enfance d’un Juif, rabbi Avraham Bergman. Vers la fin de sa vie, cet homme se rappelait de sa tendre enfance comme enfant de Jérusalem, il y a près de 80 ans. A l’époque, le rav du vieux Yichouv de Jérusalem était le Tsadik le rav Yossef ‘Haïm Sonnenfeld zatsal (décédé en 1948). Pour Sim’hath Tora, le rav avait l’habitude de danser avec les enfants lorsqu’il entonnait « Ein Kélo-hénou » c’est un passage qui est dit tous les jours à la fin de la prière. Tous les enfants de la synagogue l’entouraient. Avramlé (diminutif d’Avraham) était alors encore tout jeune garçon, il s’approcha du rav et lui posa une question. Le rav de sa hauteur se pencha vers le jeune enfant et lui demanda de parler. Le petit Avramélé dit alors: « J’ai une question sur votre chant. Voilà qu’on dit dans cette prière » Ein Ké Lo-hénou: il n’existe rien qui équivaut Hachem » . Puis on dit « Ein Ké Adonénou » c’est qu’il n’y a rien qui ressemble à notre maitre D.ieu. Puis on dit « Mi Ké-Lo-Hénou »:qui est comme notre D’ ?  Mi Kéadonénou » qui est comme notre maître ? Or, continue Avramélé, normalement on aurait dû commencer par la question: « qui est comme notre D’ ? » et finir par « Rien n’équivaut à Hachem » car c’est une réponse. Donc pourquoi l’ordre est inversé ? « Fin des paroles intelligentes du petit Avramélé. Le rav répondit en lui souriant : « Ta question montre que tu es intelligent. Je vais te donner une allégorie et tu comprendras. Tu connais la grotte du roi Tsidkiahou à côté de la porte de Chekhem de la vieille ville de Jérusalem, c’est une grotte à côté de la veille ville. Dans le reste du monde il existe des grottes encore beaucoup plus profondes que celle-là. Or, la lumière du soleil n’atteint pas le fond de la grotte. Là-bas il fait noir tout le temps. Je te poserais la question suivante : comment un homme peut pénétrer dans la grotte même avec une torche jusqu’au fond et ressortir indemne sans se perdre ? Un homme intelligent ne se pressera pas d’entrer dans l’obscurité. Il commencera d’abord par baliser son chemin de signes afin de lui indiquer la route à suivre au retour. Ici il placera une pierre rectangulaire, là un bâton etc… Quand il voudra ressortir de la grotte il pourra retrouver son chemin. Or l’imbécile par contre s’empressera de s’engouffrer au plus profond sans réfléchir à l’incidence future de son acte. Or, en très peu de temps il fera nuit noire et pour retrouver son chemin de retour il lui faudra beaucoup de miséricorde Divine. Et c’est connu que beaucoup de gens se sont perdus dans ces grottes et sont morts de faim dans la plus totale obscurité. Donc les signaux que l’on fait sont des garde-fous pour ressortir vivant de l’aventure. Dans la vie : c’est pareil. Un Juif a l’obligation de se faire des signes afin de ne pas se perdre. C’est pourquoi dans la prière on commence par « Ein Kélo-hénou » c’est un premier signe. Si tu as peur de te perdre entre toutes les idéologies que te propose la vie, sache que notre D’ ne ressemble à aucun autre. « Ein Ké Hadonénou » deuxième signe, notre D’ ne ressemble à aucun boss du monde, car chacun est limité et chacune de leur aide est très ponctuelle. Après que l’on a bien établi que rien n’équivaut à notre D’, alors on peut commencer à se demander: quel est donc notre D’, quel est donc notre vrai Maître ? Ce sont des questions profondes et précises qui ne peuvent être posées qu’après avoir bien établi que rien ne L’égale! » Le rav continua son explication est d’un coup il s’arrêta et me dit par son esprit saint: « Je vois mon enfant que dans un certain temps tu seras obligé de quitter Jérusalem durant de très nombreuses années… Toute cette période n’oublie surtout pas de faire des signaux sur ton chemin pour que tu n’en viennes pas à t’égarer. C’est eux qui seront tes garde-fous ! Souviens-toi bien de mes paroles Avramélé ! » Fin du récit du Sim’hath Tora qui remontait à des dizaines d’années passées. Et le vieux Avraham continua: « 40 années durant j’ai parcouru l’Europe toute entière, j’ai vécu les affres de la Shoah dans ma chair. A maintes reprises j’ai failli tout abandonner, ma foi et ma vie. Seulement j’avais devant moi la silhouette du rav et ses paroles prophétiques qui m’ont données les forces de surmonter les obstacles et de garder des signaux dans mon cheminement. Ces paroles, je les ai fixées profondément dans mon être, et ce sont elles qui m’ont aidées à sortir de l’obscurité totale dans laquelle j’étais placé « .

Chabbat Chalom et de bonnes fêtes de Souccoth et de Sim’hath Tora pour le CLALL ISRAEL HAG SAMEAH !

David GOLD   

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