TERRORISME – L’explosion imprévue a fait échouer leur plan initial. Les terroristes des attentats en Espagne, qui ont tué 15 personnes, avaient décidé de frapper très fort en Catalogne, et ont tout mis en oeuvre pour poursuivre leur mortelle entreprise.
L’histoire est racontée dans l’ordonnance de placement en détention de deux suspects inculpés ce mardi 22 août au soir, deux des quatre membres présumés de la cellule encore vivants.
500 litres d’acétone
Le 16 août 2017, le Marocain Driss Oukabir, 27 ans, loue une camionnette à Sabadell, près de Barcelone. Un autre membre de la cellule, Mohamed Hichamy, fait de même avec une deuxième fourgonnette.
Le soir même, vers 23 heures, trois personnes, dont l’imam marocain Abdelbaki Es Satty, 44 ans, qui les aurait tous radicalisés, et deux jeunes s’affairent dans cette maison, une discrète bâtisse entourée d’oliviers située à Alcanar, à 200 kilomètres au sud-ouest de Barcelone. Au début du mois, des membres du groupe ont notamment acheté 500 litres d’acétone, et préparent les bombes qui doivent servir à un double attentat, avec les deux camionnettes louées la veille.
Mais quelque chose tourne mal « pendant la manipulation des engins explosifs », selon l’ordonnance. L’explosion est si forte qu’elle a suscité un nuage « en forme de champignon ». Deux occupants meurent sur le coup : l’imam et un deuxième homme, Youssef Aalla, même si dans son cas l’expertise ADN n’a pas encore permis son identification définitive. Mohamed Houli Chemlal, 21 ans, mis en examen ce mardi soir pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste », a survécu.
Selon le récit qu’il a fait aux enquêteurs, il se trouvait « dehors, sous le porche, après le dîner », ce qui l’a sans doute sauvé.
Une grande quantité de clous découverte dans les décombres
Dans les décombres, la police découvre les indices de leurs projets criminels: « Une grande quantité de bonbonnes de butane, de l’acétone, de l’eau oxygénée, du bicarbonate, une grande quantité de clous qui devaient être utilisés comme mitraille et des détonateurs pour déclencher l’explosion ».
Certains de ces ingrédients permettent de fabriquer du TATP, explosif prisé du groupe Etat islamique, qui a revendiqué les attentats. La police découvre aussi un texte glissé dans un livre de couleur verte.
« Au nom d’Allah…. Brève lettre des soldats de l’Etat islamique dans la terre d’Al-Andalus (l’Espagne quand elle était sous domination musulmane, ndlr) à l’attention des croisés, des haineux, des pécheurs… ».
Un accident de voiture non loin de Cambrils
Le lendemain, le 17 août, un « plan B » improvisé est déclenché, faute des bombes qui devaient, selon Mohamed Houli, servir à viser un « monument ». Une Kangoo est louée dans la matinée. Mais l’un des terroristes a un accident, à 15h25, non loin de la station balnéaire de Cambrils, à 120 kilomètres au sud de Barcelone. Le véhicule est abandonné.
La fourgonnette louée le 16 août par Driss Oukabir sera bien utilisée deux heures plus tard à Barcelone par Younès Abouyaaqoub. Vers 17 heures, en zigzaguant à vive allure sur les Ramblas de Barcelone sur 700 mètres, il tue 13 personnes et en blesse 120.
Ce Marocain de 22 ans s’enfuit à pied sans être inquiété, traversant le marché couvert de la Boqueria puis rejoignant sa cité universitaire, où un ingénieur a eu la malchance d’avoir garé sa voiture. Il le poignarde mortellement pour dérober son véhicule, selon les enquêteurs. Il force un barrage de police puis disparaît après avoir abandonné la voiture.
Armés de couteaux et de hache
Le dernier acte se produit vers une heure du matin le 18 août. Auparavant, à 21h26, des membres de la cellule ont acheté quatre couteaux et une hache à Cambrils.
Puis cinq des jihadistes prennent l’Audi A3 du grand frère de l’un d’entre eux, et foncent sur la promenade.
Ils tombent sur un barrage de police. Descendent de voiture armés des couteaux et de la hache. C’est à ce moment-là qu’ils tuent une femme d’un coup de couteau et blessent six autres personnes, avant d’être abattus par la police. Ils portaient de fausses ceintures d’explosifs.
Les cinq jeunes abattus, tous marocains, ont grandi dans la petite ville catalane de Ripoll au pied des Pyrénées. Ils ont 17 ans (Moussa Oukabir), 18 ans (Saïd Aallaa, qui a emprunté la voiture de son frère), 24 ans (Mohamed Hichamy). On ignore l’âge des deux autres (Omar Hichamy et Houssaine Abouyaaqoub). Younès Abouyaaqoub, en fuite, sera finalement tué par la police ce lundi 21 août, dans une région de vignobles à une cinquantaine de kilomètres de Barcelone.
Source www.huffingtonpost.fr