Jonathan Geffroy a servi dans les rangs de Daech, a été prisonnier de l’Armée syrienne libre, s’est repenti et a subi de nombreux interrogatoires. Voici ce qu’il peut révéler sur les réseaux de Daech dans l’Hexagone et ses acteurs clés, sur les projets d’attaques et les attaques déjà commises.
Toulousain, il a fait partie du groupe Daech avant de se repentir et de se confier à des juges et des médias. Au cours de ses auditions par un juge d’instruction, il a livré des détails sur le fonctionnement des cellules terroristes françaises. L’hebdomadaire l’Express vient d’en publier certains.
«Du moment où j’ai quitté l’État islamique jusqu’à aujourd’hui, je me suis donné l’engagement de dire tout ce que je savais sur l’EI », a déclaré Jonathan Geffroy, âgé de 35 ans et père de quatre enfants nés de deux unions, à un juge d’instruction de Paris le 15 janvier.
Rôle dans le réseau terroriste
S’étant apparemment rapproché d’extrémistes français de premier plan, dont les frères Clain qui ont revendiqué les attentats de Paris et Saint-Denis, Jonathan Geffroy a été un «observateur privilégié de Daech », souligne l’Express, alors que ses propos lui vaudraient de faire l’objet d’une «fatwa avec le tampon officiel d’Abu Bakr al-Baghdadi» en personne. En coopération avec les frères Clain, il aurait réalisé des vidéos pour le «département de la communication et des mosquées» des terroristes.
Les attentats de Bruxelles
Famille Clain
Jonathan Geffroy aurait été une personne de confiance du fils de Jean-Michel, Othman Clain, qui aurait évoqué plusieurs dossiers, dont probablement celui «de Kalachnikovs enterrées à Toulouse par deux hommes partis faire le djihad et emprisonnés depuis leur retour en France», signale L’Express.
«Je n’ai pas plus d’infos sur la localisation», a pourtant affirmé l’ancien observateur privilégié. «Je me dis que s’ils ont enterré cette Kalachnikov, c’est qu’ils avaient peut-être prévu de faire quelque chose, mais sans en savoir plus.»
Les Clain étaient tous des acteurs de poids dans le groupe terroriste : «La famille Clain est au courant de tout, ils sont proches des savants, des médias et des responsables», a expliqué l’ex-djihadiste, l’une des rares personnes qui ont eu la possibilité de voir Jean-Michel Clain à Raqqa.
Voici comment il les décrit: «Fabien et Jean-Michel» ne quittaient leur logement qu’en «djellaba et un voile sur la tête par peur d’être dronés».
«Dans Raqqa, il y a des lieux où des bâches sont tirées entre deux bâtiments, les Clain s’y dirigent à pied, ils attendent qu’un taxi passe, ils montent, ils se dirigent vers un endroit où il y a des bâches et ils changent de taxi, et ça jusqu’à ce qu’ils arrivent à destination», a-t-il poursuivi son récit. Ayant un rôle de premier plan chez Daech, Jean-Michel Clain (du nom islamique Abou Othman) «était dans le domaine de la transmission d’information de l’État islamique et il était en contact avec l’Ajna, les hautes autorités de l’État islamique », a raconté Jonathan Geffroy. «Jean-Michel est parti pendant un mois faire une formation sur les explosifs en Irak en 2015. Il a cherché une spécialité, car quand on n’a pas de spécialité, on va en première ligne.»
Fabien Clain était de son côté responsable de la propagande travaillant pour une station radio des terroristes. Cependant, Jonathan Geffroy a estimé que son rôle ne se limitait à cela, mais qu’il était chargé d’«opérations extérieures», comme l’encadrement et la sélection de candidats pour les faire partir en France et leur y faire commettre des attentats, par exemple.
«Avant de partir, j’ai voulu savoir qui était encore dans l’idéologie de l’État islamique et donc je me suis dit que je n’aurais aucun scrupule à balancer sur ceux qui sont encore dans l’État islamique. Pour moi, eux, ils sont à fond dans l’idéologie. Jean-Michel et Fabien parlaient beaucoup des opérations extérieures. Ils se réjouissaient de ce qu’il se passait en France», a-t-il rajouté.
Frères Merah
Tous ces terroristes faisaient partie du réseau djihadiste de Toulouse. Parmi eux, Jonathan Geffroy a également fait connaissance avec Abdelkader Merah, toulousain comme lui-même, et ce dernier l’aurait prié de donner asile à son frère Mohamed, futur auteur des attentats de mars 2012.
«Comment la France peut-elle vous faire confiance et ne pas craindre une action violente de votre part sur notre sol?», c’est la question qui le préoccupe après qu’il a été remis à la France.
Son sort ultérieur
Source fr.sputniknews.com