Malgré les restrictions italiennes sur les exportations vers la Russie et malgré une récolte catastrophique, les Juifs russes auront, cette année encore pour la fête de Souccoth, des éthrog calabrais. Mais, en quantité nettement moindre.
En réaction à l’annexion de la Crimée par Vladimir Poutine, l’Union Européenne a adopté, l’an dernier, un faisceau de sanctions contre la Russie, sanctions encore renforcées au mois de juin. Néanmoins, selon l’un des deux Grands rabbins de Russie, rav Berl Lazar, ces mesures politiques n’auront pas de conséquences sur l’exportation des éthrog originaires de Calabre, ceux-là mêmes que les adeptes du mouvement ‘habad préfèrent à tous les autres cédrats pour faire partie des « quatre espèces » de la fête de Souccoth.
« Le gouvernement local (calabrais) a dit que, puisqu’il s’agissait d’un produit nécessaire à la pratique de la religion, il allait veiller à ce qu’aucune sanction ne soit appliquée aux éthroguim », a expliqué à l’Agence Télégraphique juive rav Berl Lazar. Dont le père, rav Moché Lazar, supervise l’exportation des cédrats calabrais depuis près d’un demi-siècle.
Mais, cette année, aux aléas de la politique européenne, s’est ajouté un problème bien plus concret. Un hiver particulièrement froid dans le sud de l’Italie a endommagé nombre de cédratiers, une espèce d’arbres particulièrement fragile. Résultat : 90% de la récolte a été détruite et donc, « il n’y aura pas assez d’éthroguim pour faire face à la demande », dit rav Moché Lazar. Ce qui vaut, bien entendu, aussi pour la Russie selon le même. De plus, ajoute-t-il, « je ne peux pas en prendre autant que je veux pour les envoyer en Russie et laisser le reste du monde sans aucun de ces cédrats ».
Soyons clairs : cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas d’éthroguim pour la fête. En effet, Israël et le Maroc en sont de « gros » producteurs (on en trouve même aux Etats Unis), et en tout cas en Terre sainte, le beau temps n’a pas cessé cet été ; et là, les récoltes devraient largement suffire pour les besoins de Souccoth. Le problème est plutôt celui du mouvement ‘habad et des communautés qu’ils animent (très nombreuses dans les pays issus de l’ex URSS) puisque, eux, préfèrent l’éthrog calabrais à tous les autres, estimant qu’il est le plus sûr.
Donc, retour à l’est : la première conséquence de cette pénurie est une augmentation spectaculaire du prix du cédrat qui devrait se vendre, là-bas, aux alentours de 500 dollars la pièce si l’on en croit le rav Avraham Wolff d’Odessa, une ville d’Ukraine où vivent 50 000 Juifs. « Nous avons peur de ne pas réussir, même à ce prix là, à en obtenir au moins un pour la fête, souligne rav Wolff. Alors, quelques donateurs de notre communauté se sont réunis et ont décidé de créer un fonds pour avoir assez d’argent pour financer cet achat, quel qu’en soit le coût ».
D’autres communautés se sont elles, mobilisés pour se passer d’intermédiaire et pour aller acheter directement auprès des producteurs les cédrats tant convoités. A noter, enfin, seule bonne nouvelle du côté de la Calabre, que les cédratiers devraient retrouver la forme d’ici un à deux ans. La pénurie ne serait donc, si l’on en croit rav Moché Lazar, qu’une « difficulté temporaire ».
Source www.actuj.com