Autour de la table de Chabbath, 347 Reéh
Vers la fin de la paracha est écrit une Mitsva particulière que l’on pratique (les hommes) tous les jours, le souvenir de la Sortie d’Egypte. En effet le verset stipule « Afin que tu te souviennes de la sortie d’Egypte tous les jours de ta vie etc… (Devarim 16,3) ». C’est pour cette raison aussi que les Sages ont institué de lire le 3ème paragraphe de la lecture du Chema’, matin et soir, car il y est mentionné cet épisode.
Au niveau de la Halakha (la loi juive), le Maguen Avraham énonce une nouveauté. Un homme pourra faire la Mitsva (de se souvenir) lorsqu’il récitera le « Az Yachir Moché », le passage dans la prière du matin (pesouké dezimra) qui est le chant que la communauté juive a entonné lorsqu’ils sortirent vivants de la Mer alors que leurs anciens bourreaux trouvèrent la mort dans les abimes maritimes en face de Sharm El Sheikh… Or, le fameux rabbi ‘Akiva Eiger (éminent rav du 19ème siècle) rapporte les paroles de son gendre, le ‘Hatham Sofer, qui s’étonne d’une pareille Halakha. En effet, les versets stipulent de se souvenir du jour de la sortie d’Egypte. Or le chant du « Az Yachir » s’est déroulé au bord de la Mer, une semaine après le grand départ d’Egypte. Donc comment le Maguen Avraham peut soutenir qu’avec le « Chant des Bené Israël » on sera quitte de la Mitsva de se remémorer (la sortie d’Egypte) ? Je sais que mes lecteurs sont encore sur les plages, séparées, du littoral méditerranéen à la fin du mois d’août, mais faisons un petit effort de concentration pour comprendre la finesse du développement. Le Zikhron Yossef (Talmid ‘Hakham de Bené Brak) rapporte plusieurs possibilités afin de répondre à cette question.
La première, d’après le Pri Mégadim qui considère (suivant certains décisionnaires) qu’on peut effectuer la Mitsva du souvenir par la pensée du cœur ! Comme vous le savez fort bien, mon feuillet n’est pas partisan des « Juifs du cœur », mais cette fois cela marchera ! Car la pensée est assimilée à une parole. Donc lorsque le verset dit « Souviens-toi… » on pourra accomplir la Mitsva dans son cœur et ses pensées… Et puisque d’une manière générale un homme qui lit ce passage de la prière aura certainement une petite pensée pour le jour de la sortie d’Egypte (lorsque nous sommes sortis de Ramsès) alors il accomplira en cela la Mitsva du souvenir, CQFD.
Cependant, cette réponse dépendra d’une discussion dans le Talmud à savoir si la pensée est assimilée à une parole (Voir chapitre 4 Michna 4 dans Berakhoth). D’après l’avis plus sévère, une pensée ne sera pas considérée comme une parole. Donc d’après ce dernier avis la question de base reste sans réponse. De plus, la réponse du Pri Megadim (que tout le monde a une petite pensée pour la sortie d’Egypte…) n’est pas dite pour le commun des mortels… En effet, même si le public chante à tue-tête le « Az Yachir Moché » qui peut dire qu’il a véritablement réfléchi sur le sens des mots pour avoir une pensée pour la sortie d’Egypte ? (Et puisqu’on en est là, on rapportera une magnifique anecdote sur le Machguia’h de Poniéwez, rabbi Ye’hezkiel Lévinstein zatsal. Le rav avait une chambre attenante à la Yechiva et plus d’une fois on entendait le bruit des chaises et des tables que l’on déplaçait. Des élèves téméraires ont percé le mystère. Il s’agissait d’un amoncellement de divers meubles et stenders (mini-bureau d’étude) qui étaient alignés l’un en face de l’autre tandis que le rav Lévinstein, passait entre le tas de chaises en chantant le ‘Az Yachir ». C’est-à-dire qu’il se remémorait réellement, les montagnes d’eaux sur les côtés et les fils d’Israël qui passaient au milieu des murailles d’eaux. Pour un homme de cette trempe on est sûr qu’il accomplissait les paroles du Maguen Avraham d’après le Pri Mégadim! (Voir aussi le Chaagath Arié siman 13).
Il existe une autre réponse, celle du Gaon de Vilna. Il enseigne que la véritable délivrance du Clall Israël s’est déroulée lors de la traversée de la Mer ! C’est uniquement lorsque les Bené Israël ont vu leurs geôliers mourir sur les berges de la mer Rouge qu’ils ont été soulagés et se sont considérés pour toujours délivrés du joug égyptien ! Jusqu’à ce qu’ils reconnaissent les corps de leurs tortionnaires, ils ont toujours eu la peur qu’ils ne reviennent les asservirent. Ce n’est que lorsqu’ils ont identifié les cadavres de leurs anciens maitres qu’ils ont pu croire à la fin de l’esclavage. De plus, la mer a déposé sur les berges toute la richesse des chariots de combat égyptiens et en cela, le peuple juif s’est enrichi par le paiement des 210 années de peine et de travail. Donc l’épisode de la traversée de la mer fait partie intégrante de la sortie d’Egypte (on pourra donc se suffire de lire le passage de la traversée de la mer pour accomplir la Mitsva).
Une troisième manière de répondre c’est d’après l’avis de Ben Zoma dans la Michna A de Berakhoth. Il considère qu’à la venue du Machia’h on n’aura plus besoin de mentionner la sortie d’Egypte. En effet le verset des prophètes énonce : « Voici les jours qui viennent (dit Hachem) où l’on ne dira plus « voici les jours que Hachem a fait pour nous sortir d’Egypte » mais « voici les jours que Hachem nous a fait , pour sortir des pays du Nord et pour nous amener en Erets Israël… » C’est à dire que le prophète nous prévient qu’après le dévoilement du Machia’h on cessera de se remémorer la sortie d’Egypte ! Les prodiges de l’avènement du Machia’h seront tellement grands qu’on n’aura plus besoin de se remémorer la sortie d’Egypte. Lors de la nouvelle époque, on mentionnera uniquement la sortie de l’exil d’entre les nations ! Or, le Rachba pose sur ce dernier avis une question. Il est un des fondements de la Tora que les lois du Sinaï ne seront jamais abolies ! Jusqu’à la fin des temps ! Donc comment le prophète peut-il prétendre qu’une seule Mitsva (comme le souvenir de la sortie d’Egypte) puisse devenir caduque ? Sa réponse est que le souvenir de la Sortie d’Egypte a pour but de se renforcer dans la foi et la confiance en Hachem ! A l’heure où le Machia’h se dévoilera, ce sentiment de foi sera encore bien plus développé (grâce à tous les miracles occasionnés par sa venue. NB: quand on parle Messie, il s’agit d’un homme, et non une nation ou l’Etat hébreu, descendant de la lignée du roi David qui viendra nous délivrer de l’influence des nations). Donc conclut le Rachba, lorsqu’à la fin des temps on ne mentionnera que les prodiges du Messie c’est que l’essence de la Mitsva (de la sortie d’Egypte) n’est pas perdue ! De la même manière, en disant le chant de l’Az Yachir, on accomplira la Mitsva du souvenir en renforçant le sentiment de confiance vis-à-vis du Boré ‘Olam !
Cette Mitsva vient pour nous renforcer dans notre confiance en Hachem et dans Ses capacités de venir à notre aide. Car la foi d’un croyant a toujours besoin d’être entretenue et consolidée. Or la sortie d’Egypte avec tous les miracles qui l’accompagnèrent est une base solide pour la construire. Et comme les Sages l’enseignent, la Providence divine ressemble à l’ombre de l’homme qui se dessine dans le sol. Lorsque l’homme tend sa main au soleil, son ombre apparaitra à terre. Par contre si on tend tout le bras, son ombre apparaitra. C’est la même chose avec Hachem ! Lorsque l’homme veut se débrouiller tout seul, Hachem le laissera faire. Si par contre l’homme s’appuie sur D’, alors Sa grande Miséricorde se déversera sur lui pour l’aider dans les moments difficiles de sa vie.
Cette semaine, je vous présente une histoire véridique sur le rav Reouven Karlinstein zatsal qui était connu en Erets Israël pour être Talmid ‘Hakham et grand prédicateur. Seulement il avait de graves problèmes de santé. Ses reins, à D’ ne plaise, ne fonctionnaient pas ! La situation était tellement grave qu’il partit en Amérique pour tenter de faire une transplantation. C’est ainsi que le rav arriva à New York, fit des démarches dans les hôpitaux de la ville afin d’être sur la liste d’attente pour recevoir un nouveau rein. Or, la difficulté était que son groupe sanguin était très particulier, donc les possibilités de recevoir une transplantation étaient encore plus restreintes ! Le rav Karlinstein trouva le gîte et le couvert parmi les membres de la généreuse communauté juive de Boro Park/New York. Les premières semaines passèrent avec les séances de dialyse à l’hôpital, les douleurs etc. Les mois passèrent, la première année ainsi qu’une seconde et toujours pas de signe de la part des médecins concernant un donateur ! L’attente était difficile car il n’avait aucun lien avec sa famille qui était restée en Israël. De plus, à l’époque les conversations téléphoniques étaient particulièrement onéreuses donc l’éloignement ajoutait à la peine du rav. C’est alors qu’un ‘askan/hommes d’influence de la communauté juive a décidé d’agir. Il aida le rav dans ses démarches afin d’activer les procédures. A un moment, il dit au rav qu’il fallait tenter sa chance vers la côte Ouest des USA, peut-être que là-bas la chance sourira au rav. Rav Reouven qui ne connaissait pas un brin d’anglais dit à notre ‘askan qu’il est prêt à s’y rendre. Toutefois, il a besoin d’une aide dans les hôpitaux pour faire le point avec le staff médical. L’homme d’affaires appela son épouse à la maison pour savoir s’il pouvait accompagner le rav à San Francisco. La réponse fut positive. Les deux hommes partirent donc vers la grande ville. Cependant, la femme avertit son mari de bien faire bien attention de l’appeler dès son arrivée car, on ne sait jamais, il se peut qu’entre-temps, l’hôpital de New York annonce qu’un rein peut être transplanté. Les deux hommes prirent un vol de nuit et arrivèrent sur le coup de 3 heures du matin dans la ville excentrée de l’ouest américain. L’heure était si tardive que l’accompagnateur du rav n’appela pas sa maison. Finalement les deux hommes prirent leur chambre et passèrent une courte nuit. A 6 heures du matin des coups se firent entendre à la porte de la chambre de l’homme d’affaires. Police ! L’officier lui dit « Cela fait trois heures que ta femme te cherche partout à San Francisco et demande que tu la contactes d’urgence !» L’accompagnateur appela immédiatement sa femme. Rapidement la femme répondit et passa un «savon» à son mari. « Je t’avais dit de m’appeler dès ton arrivée ! Il y a exactement 3 heures ¼ que l’hôpital de New York m’a contacté en m’annonçant qu’un homme était mort en léguant ses reins. Or il se trouve qu’ils sont parfaitement adaptés au profil sanguin de rav Reouven! Or il existe une loi à l’hôpital, c’est qu’un patient en attente a exactement 3 heures pour se déclarer vouloir faire la transplantation, passé ce délai le rein est donné à d’autres malades qui sont sur la liste d’attente. Or le délai est dépassé d’un quart d’heure donc le rein a été destiné à un autre patient !» Au bout du fil, notre homme d’affaire était navré et désespéré de sa grande bourde. Deux années d’attentes et finalement l’occasion passe sous le nez ! Terrible ! Le lendemain, rav Reouven qui n’était pas au courant de ce qui s’était passé la veille, distingue nettement que la mine de son accompagnateur ne ressemble pas aux autres jours. Il lui demande la raison de sa tristesse, mais ce dernier refuse de répondre. Rav Reouven insiste et cette fois l’accompagnateur lui dévoile les raisons de sa tristesse. A peine après avoir entendu les paroles de son ami que le rav COMMENCE A DANSER dans les couloirs de l’hôpital. L’ami n’en croit pas ses yeux et suppose qu’à cause de la mauvaise nouvelle le rav avait perdu la raison ! C’est alors que rav Reouven dit, pas du tout ! Je suis en parfaite conscience. Je suis l’homme le plus heureux du monde car ce rein n’était pas fait pour moi ! Lorsque le staff hospitalier de New York a dit «Tel rein doit profiter au rav Reouven, dans le même temps, Hachem disait du ciel, non, ce rein n’est pas pour reb Reouven ! Donc c’est bien D’ Qui m’a amené jusqu’à la lointaine côte ouest américaine afin que je ne reçoive pas ce rein ! C’est bien la preuve que ce rein n’était pas fait pour moi ! Béni soit Hachem que la transplantation n’ait pas eu lieu car ce rein n’était pas le mien !» Sur ce, rav Reouven appela sa famille d’Erets pour leur raconter le miracle, que Hachem lui a évité de prendre un rein qui n’était pas fait pour lui ! L’homme d’affaires au départ incrédule se rangea à l’avis du Talmid ‘Hakham. Et finalement c’est après 3 mois d’attentes supplémentaires que s’effectua la transplantation tant attendue ! Et grâce à ce rein il vécut encore 30 années supplémentaires ! Tous les ans à pareille époque le rav Reouven faisait une fête en reconnaissance à Hachem qu’Il l’a sauvé du rein qui n’était pas pour lui ! En effet l’homme d’affaires américain fit une rapide enquête sur la suite des transplantations effectuées grâce aux reins qui étaient destinés au départ au rav Reouven. Les deux patients qui ont utilisé ces reins vécurent 6 mois car ces reins à l’extérieur semblaient sains, mais en fait étaient complètement viciés, que D’ nous en préserve ! Fin de l’anecdote, pour nous apprendre que des fois un homme est enclin à dire «Dommage pour l’occasion manquée, l’appartement de rêve : vue sur mer qui à la dernière minute n’a pas été acheté et entre temps les prix de l’immobilier ont doublé, etc… Or il est bon de savoir que dans le même temps du haut du Ciel Hachem dit, « L’affaire du siècle n’est pas pour untel, l’appartement n’est pas pour lui!», alors à quoi bon se mortifier pour l’occasion soit disant perdue ?
Shabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.
David Gold
Une bénédiction à la famille Cohen Gérard et son épouse (Paris) à l’occasion du mariage de leur fils, Samuel Néro Yaïr. On souhaitera aux nouveaux mariés qu’ils fondent leur maison dans la Tora et les Mitsvoth et qu’ils aient une belle descendance – Mazel Tov !
Une bénédiction à mon gendre Yossef Haim Néro Yaïr et à son épouse (famille Kook) à l’occasion de la naissance de leur fille (ma petite-fille) qu’ils aient le mérite de la voir grandir dans la Tora et les Mitsvoth – Mazel Tov !
Un cordial Chalom à nos amis de la communauté juive du Cameroun qui suivent mon feuillet.
Tous ceux qui souhaitent dédicacer le feuillet pour une réussite ou un souvenir, peuvent prendre contact par mail à l’adresse suivante : 9094412g@gmail.com, ou par téléphone 00 972 55 677 87 47