Erdogan propose une collaboration militaire avec Israël en Syrie : enjeux et perspectives
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a avancé une proposition audacieuse visant à coordonner les opérations militaires israéliennes en Syrie avec celles de l’armée turque. Cette initiative, rapportée par la Douzième chaîne israélienne, reflète les ambitions croissantes d’Ankara dans un contexte où le paysage syrien est en pleine recomposition.
La suggestion turque fait suite à l’effondrement du régime syrien de Bachar al-Assad, qui a laissé un vide politique et militaire dans la région. Traditionnellement, la coordination entre Israël et la Russie était essentielle pour éviter les affrontements entre leurs forces respectives sur le territoire syrien. Erdogan semble maintenant chercher à remplacer Moscou en proposant un mécanisme de collaboration similaire entre Tsahal et l’armée turque. Selon la chaîne israélienne, cette proposition a été transmise par des canaux de renseignement, mais Israël n’a pas encore donné de réponse officielle.
Les ambitions régionales de la Turquie
Ankara tente de renforcer son influence en Syrie, particulièrement dans le nord, où la Turquie a affiché des intentions d’occupation pour contrer la présence kurde. Avec le recul de l’influence russe et iranienne, Erdogan envisage de devenir un acteur incontournable dans la résolution du conflit syrien. Cependant, cette dynamique crée des tensions potentielles avec Israël, dont les forces opèrent régulièrement dans le sud de la Syrie, notamment près du plateau du Golan.
Une confrontation évitable ou inévitable ?
Les analystes militaires soulignent que, bien que Tsahal dispose d’une supériorité militaire dans plusieurs domaines, la proximité des opérations des deux armées pourrait entraîner des frictions. La Turquie a déjà émis des avertissements concernant des affrontements potentiels avec Israël bien avant la chute du régime Assad, des propos qui paraissaient alors exagérés. Aujourd’hui, ces scénarios semblent de plus en plus plausibles.
Parallèlement, des observateurs notent qu’Israël cherche à influencer l’évolution politique en Syrie, notamment en surveillant de près la formation d’un nouveau gouvernement. Ces intentions stratégiques se heurtent à celles d’Ankara, qui entend élargir sa sphère d’influence dans la région.
Le rôle des puissances occidentales et russes
Dans ce contexte, la Russie a accusé les services de renseignement occidentaux, notamment britanniques, de comploter pour déstabiliser la situation en Syrie. Selon le Service de renseignement extérieur russe (SVR), des militants de l’État islamique auraient été mobilisés pour attaquer les bases militaires russes à Khmeimim et Tartous. Ces allégations s’inscrivent dans une tentative de Moscou de dénoncer ce qu’elle considère comme une stratégie occidentale visant à empêcher la stabilisation de la Syrie.
Malgré ces accusations, les intentions occidentales semblent orientées vers une pacification de la région. L’Europe, par exemple, cherche à créer des conditions favorables au retour des réfugiés syriens, tout en évitant la réémergence d’un État islamique dans le pays.
Une situation sous haute tension
La proposition d’Erdogan marque une étape importante dans les relations israélo-turques, mais elle reflète aussi la complexité de la situation en Syrie. Alors que les acteurs régionaux rivalisent pour combler le vide laissé par le retrait de certaines puissances, le risque de confrontations directes augmente. La question reste de savoir si un mécanisme de coordination entre Israël et la Turquie pourrait atténuer ces tensions ou les exacerber.
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