« Réélu » le 24 juin, le président turc a dévoilé lundi son nouveau gouvernement dans lequel son gendre obtient le poste de ministre des Finances.
Depuis sa réélection le 24 juin dernier dès le premier tour avec 52,5% des voix, le président turc Recep Tayyip Erdogan récompense ses fidèles en les nommant aux postes clés de l’État.
Celui qui est à la tête de la Turquie depuis 2003 d’abord comme premier ministre puis comme président, a vu ses pouvoirs nettement renforcés après sa large victoire à l’élection présidentielle, puisqu’il cumule désormais les postes de président et de Premier ministre faisant de lui le seul détenteur du pouvoir exécutif. Il sera aussi en mesure de nommer six des treize membres du Conseil des juges et procureurs qui est chargé de désigner et destituer le personnel du système judiciaire. «Un régime d’un seul homme commence aujourd’hui», a dénoncé à sa une le quotidien d’opposition Cumhuriyet.
Le président turc a dévoilé lundi un gouvernement réduit de 16 ministres dans lequel ses proches détiennent les ministères clés de l’État turc. Son gendre Berat Albayrak a d’ailleurs été nommé à la tête des finances. Marié à la fille aînée de M. Erdogan, Esra, M. Albayrak, 40 ans, occupait depuis 2015 le poste clé de ministre de l’Énergie. Il est décrit depuis quelques années comme l’étoile montante de la politique en Turquie et l’un des hommes les plus puissants du pays. «Le Gendre», comme le surnomment les détracteurs d’Erdogan qui dénoncent une forme de népotisme, accompagne le président lors de ses déplacements clefs et assiste aux réunions les plus cruciales. Les deux hommes étaient également en vacances ensemble dans le sud-ouest de la Turquie lorsqu’a éclaté la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016.
Sa nomination a entraîné une chute de la livre turque qui avait perdu 3,5% de sa valeur face au dollar lundi soir. Les marchés ont aussi mal accueilli la publication d’un décret présidentiel dans la même journée, qui accorde au chef de l’État le pouvoir de nommer le gouverneur de la banque centrale de Turquie, ses adjoints et les membres du comité de politique monétaire pour des mandats de quatre ans.
Verrouiller l’armée
Ce nouveau gouvernement a également vu le commandant de l’armée de terre en Turquie, le général Yasar Güler, être nommé chef d’état-major mardi pour succéder au général Hulusi Akar, promu au poste de ministre de la Défense. Le général Akar est ainsi récompensé pour sa fidélité au chef de l’État pendant le putsch de juillet 2016, au cours duquel ce dernier avait été pris en otage par les rebelles après avoir refusé de les soutenir.
Avec ces deux nominations, le président turc entend verrouiller l’armée, deux ans après la tentative de putsch par un groupe d’officiers rebelles, qui a conduit à une purge sans précédent, et toujours en cours, au sein de l’armée et de l’administration. À ce jour, 160.000 fonctionnaires ont été limogés. La dernière purge qui date de dimanche a vu 18.000 soldats et policiers être démis de leurs fonctions.
Le gouvernement fraîchement nommé pourra aussi compter sur le soutien des 295 députés de l’AKP, le parti islamo-conservateur de M. Erdogan et de leurs alliés du MHP (ultranationalistes) qui ont obtenu 49 sièges, pour soutenir les réformes économiques et sécuritaires voulues par l’exécutif.
L’homme fort de la Turquie, que la presse internationale surnomme le «Sultan», pourrait rester au pouvoir encore un bon moment puisque la réforme constitutionnelle adoptée au cours de son dernier mandat, lui permet désormais d’exercer deux mandats de cinq ans, sans tenir compte des précédentes charges qu’il a pu exercer.
Source www.lefigaro.fr