Un mois après l’incendie de l’épicerie casher, les commerçants du centre Kennedy qui dénonçaient l’insécurité des lieux se sentent abandonnés. Le syndic a lancé ce vendredi des devis pour sécuriser les lieux.
Le 9 janvier, le centre commercial Kennedy à Créteil faisait la une des médias. Une épicerie casher avait flambé à l’aube, le jour même du triste anniversaire de l’attentat de l’Hyper Cacher, porte de Vincennes à Paris. Un mois après ce geste « criminel », selon l’enquête, — qui reste toujours aussi compliquée faute d’éléments matériels —, la galerie commerciale du Mont-Mesly a retrouvé ses habitudes, ses clients et ses… squatters. « C’est comme si rien ne s’était passé », se désole ce marchand, dégoûté. Même si les stigmates du sinistre sont toujours là. Les murs extérieurs du centre sont toujours noircis, tout comme un côté de la devanture du magasin Hyper Cacher voisin. Des palissades protègent le commerce brûlé. Moins d’une semaine avant, les deux boutiques avaient été taguées de croix gammées.
Le magasin Promo & Destock avait été totalement détruit par les flammes. LP/Jean-Baptiste Quentin
À l’étage de la galerie, certains commerçants peinent. Les assurances tardent à réagir. « Après les quinze jours où on n’avait pas d’électricité et où il a fallu faire avec les groupes électrogènes, j’ai toujours mon rideau de fer bloqué. C’est embêtant, j’ai quand même du matériel à protéger », raconte la coiffeuse. Le matériel avait été forcé par les secours pour vérifier qu’il n’y avait pas d’autre départ de feu. Ce qui la fait tenir ? « Les clients, heureusement, ils sont revenus. » À côté, le traiteur des Jardins de la Méditerranée n’a toujours pas de baie vitrée. « Ce n’est pas facile sans chauffage, avec l’humidité ça glisse au sol », confie cette salariée.
Mais pour les commerçants rencontrés ce jour-là, le plus dur, c’est « l’abandon ». Un peu d’espoir avait surgi au moment du drame, quand les autorités s’étaient penchées sur leur cas. Tous, soutenus par les habitants, dénonçaient la délinquance qui gangrène le centre commercial, les trafics et les squats. Depuis, y a-t-il du mieux ? Ce matin-là, à la question posée, le commerçant qui s’apprêtait à répondre, se mure dans le silence. Un jeune homme vient d’entrer dans sa boutique. Un client, l’échine courbée, presse le pas, préférant ne pas répondre.
« On ne voit plus personne aujourd’hui, ni le syndic, ni la mairie, ni la police », peste cet autre commerçant, qui montre les lumières cassées, les pigeons qui dégradent les façades…
Le maire prêt à rencontrer les commerçants
Le maire PS Laurent Cathala, comme il l’avait proposé le jour du sinistre, est « toujours disposé à rencontrer les commerçants mais ne se substituera ni aux propriétaires ni au syndic. »
Ce vendredi, le syndic de copropriété avait rendez-vous avec des entreprises afin d’établir des devis pour la remise en état des parties communes dégradées après l’incendie. Un chiffrage « pour fermer le centre le soir » et « poser des caméras de vidéosurveillance » est aussi programmé. « Mais tant qu’il y aura ce problème de délinquance, on aura beau fermer… », souffle-t-on au syndic. Une fois les devis établis, le mandataire « convoquera alors une assemblée générale des copropriétaires pour savoir s’ils acceptent ces travaux ». Quitte, sinon, à « aller voir la mairie pour qu’ils nous aident. »