Autour de la table de Chabbath, n°474 Bechala’h
Ça y est, nous sommes pour de bon sortis d’Egypte. Apres 210 ans de labeurs, tortures et vexations en tout genre, le Call Israël prend ses bagages et abandonne le pays de l’esclavage.
La chose n’était pas facile car il a fallu que de grandes calamités s’abattent sur le pays du Sphinx (et pour nos puristes qui nous suivent, la traduction en araméen d’Onkelos de la plaie des vermines s’appelle : Calamité…) pour que le Pharaon accepte que son principal moteur économique quitte son pays. Et cette fois, ce n’est pas un exode à la manière de ce qui s’est passé en Espagne du temps de l’inquisition ou dans les pays de l’Europe des Croisades, sans oublier les pays arabes qui ont opéré des actions vindicatives sur les communautés sans défense après 1948. A l’inverse, la sortie d’Egypte se fera la tête haute puisque nos Sages de mémoire bénie enseignent que chaque famille partait avec de multiples ânes chargés de richesses. En effet, Hachem avait annoncé à Avraham Avinou (lors de l’épisode du « Brit Ben Habetarim »), donc longtemps à l’avance, que le peuple vivrait un exil sur une terre étrangère mais qu’au final il sortirait avec de grandes richesses. De plus, la dernière plaie s’abat au milieu de la nuit du 15 Nissan (date du Séder de Pessa’h) mais le départ de Ramsès en direction de Soukoth se fera au matin afin de montrer aux yeux de nos tortionnaires que nous sortons comme un nouveau peuple qui proclame respectabilité et grandeur. Magnifique !
Seulement les grandes choses ne sont pas faciles à acquérir puisque sept jours plus tard la troupe égyptienne rejoint les Bené Israël devant la Mer Rouge pour les ramener de force (ou pour la solution finale). Le dilemme était grand pour la communauté, devant eux c’était l’immensité de la mer tandis que derrière c’était la cavalerie de l’ennemi. Hachem dit alors à Moché (ch. 14.15) : « Parle aux enfants d’Israël et dit leur d’avancer ! » Qui est prêt à suivre l’ordre de Moché Rabénou et d’entrer dans la mer ? Or, à l’horizon il n’y a pas de vedettes ou un gros paquebot affrété par les américains qui attend les réfugiés ! Cet épisode, fondamental dans notre histoire, marque que le Clall Israël a la foi dans les paroles de Moché notre maitre et est prêt à se sacrifier (rentrer dans la mer sans savoir comment en sortir) en l’honneur de Hachem.
La suite nous est bien connue (pour ceux qui ont vu le film…) puisque la mer se fendit en 12 canaux lorsque la première tribu (Yehouda) entra dans l’eau. Chaque tribu avait son propre canal et pouvait traverser la mer à pied sec. Le Midrach (Tehilim 136) rapporte que le sol n’était pas vaseux mais pavé de pierres, et que chaque tribu pouvait voir les autres tribus qui passaient dans les couloirs (c’était translucide). Magnifique !
Pourtant les Egyptiens gardaient une haine farouche (un peu comme les iraniens, tout du moins une partie au pouvoir, les ‘Houttim du Yémen, le Hamas de Gaza, le Hezbolah du Liban, et je pense en avoir oublié…) se sont engouffrés pour rattraper leurs anciens esclaves. Et lorsque le dernier Israël arriva sur les berges à sec, la mer s’abattra sans pitié sur les chars d’assaut et la cavalerie sera engloutie pour toujours dans la mer chaude du détroit. Le Clall Israël était à nouveau sauvé du glaive égyptien et cette fois il n’y avait plus de crainte de revenir à tout jamais esclave en Egypte.
Seulement le Midrach (Chemoth Rabba 21) rapporte que lors de cette traversée il y a eu une discussion très instructive entre les anges du service Divin et Hachem quant à l’opportunité de frapper les Iraniens… pardon, les Egyptiens. Les anges ont soutenu que « Ceux-là sont idolâtres mais ceux-là aussi (les Bené Israël) sont idolâtres ». C’est-à-dire que la partie civile dans le ciel a soutenu que la communauté ne valait pas beaucoup plus que les Egyptiens par rapport à la Emouna en un D’ Unique. Donc pourquoi vouloir tant les sauver au détriment d’un autre peuple ? Cette plaidoirie est basée sur des faits réels puisque durant les 210 années d’esclavages une bonne partie du peuple servait les cultes païens égyptiens.
Au sujet de cette plaidoirie forte passionnante, j’ai entendu une question. Juste avant la dernière plaie les Bené Israël ont offert le sacrifice de l’agneau pascal et le verset dit « Mich’hou veke’hou sé. » / Tirez et prenez l’agneau ». Et les Sages font l’exégèse : « Mich’hou : retirez-vous de l’idolâtrie et Ke’hou et faite le sacrifice de l’agneau pascal ». C’est-à-dire que la condition sine qua non de l’offrande de l’agneau de Pessa’h c’était qu’au préalable le peuple se sépare de tout soupçon d’idolâtrie. Donc comment les anges célestes ont pu prétendre lors de la traversée de la Mer que les Bené Israël sont restés de vils païens comme les Egyptiens ?
La réponse que j’ai entendu au nom d’un grand de la ‘Hassidouth, l’Admour Mena’hem Mendel de Boïane zatsal (Kovets Tiféreth Israël 51-Nissan 5763) c’est qu’effectivement les Bené Israël n’étaient plus idolâtres. Seulement ils manquaient de « Emouna/Foi ». C’est juste qu’ils aient été témoins des 10 fantastiques plaies, c’est la Main de Hachem qui punit les hommes. Ils ont vu la justice de Hachem s’exercer mais ils ne savaient pas encore que Hachem associe la Miséricorde à Son attribut de justice.
En voyant les égyptiens s’approcher, ils ont eu peur et ils ne pouvaient pas croire qu’ils allaient être à nouveau sauvés car leur niveau de foi était bas. Et pourtant le miracle arriva. Même si nous ne sommes pas de grands Tsadikim, D’ opère le miracle (pour les uns) précisément au moment de la punition (pour les autres). Hachem nous sauve car Il nous aime.
C’est un message pour les générations à venir : même dans les moments difficiles et obscurs Hachem fait toujours des prodiges pour ceux qui croient en Lui et qui ont la Emouna en Boré ‘Olam.
Comme disait Rabenou Na’hman ben Faïgue : « Il n’y a pas de place au désespoir dans ce monde »
Le sipour
Cette semaine notre sipour est une petite anecdote sur un des grands de notre peuple, pas un de ceux qui se trouve à la ‘une’ des journaux du monde, mais un de ceux sur lesquels repose la transmission de la Tora de générations en générations. Il s’agit du eav Eliahou Dessler (décédé le 30 décembre 1953), Machgia’h de la fameuse Yechiva de Gateshead en Angleterre et du collel des rabbanim de cette même ville. Durant la Deuxième Guerre mondiale, le rav était en Angleterre et ne connaissait pas le sort de sa femme et de ses enfants qui résidaient alors en Lituanie. D’une manière miraculeuse ils ont été sauvés en fuyant vers l’Australie et les USA. Après la guerre et les retrouvailles familiales, le rav Dessler demanda à son fils Na’hum Zéev qui résidait alors à New York comment avait-t-il passé les années de la tourmente? Il lui répondit qu’il fut hébergé par le rav Sylver de la ville américaine de Cincinnati. Le rav lui demanda alors de l’accompagner pour rencontrer le rav Sylver afin de le remercier à Cincinnati. Il faut savoir qu’il y avait 9 heures de voyage et le rav à cette époque était déjà âgé. A leur arrivée, ils se dirigèrent vers la Choule du rav de Cincinnati qui les reçut cordialement et les invita après la Tefila à manger chez lui. Après s’être entretenu de Tora, comme c’est l’habitude des Talmidé ‘Hakhamim, son hôte lui demande alors la raison de sa venue. Le rav Dessler répond que c’était pour lui marquer sa reconnaissance d’avoir hébergé son fils si longtemps. Le rav Sylver ne croyant pas que son invité de marque ait fait tellement de kilomètres pour le remercier, lui redemande sa véritable intention pour venir le rencontrer. Et le rav Dessler de répéter qu’il le remercie sincèrement pour ce qu’il a fait pour son fils. Après ces paroles le rav de Cincinnati comprit combien est fondamental pour un homme d’être reconnaissant pour les bontés qu’il reçoit de quiconque. On a pensé qu’il était bon aussi pour nous de méditer sur la morale de l’anecdote. En particulier dans notre rapport avec notre conjoint, de voir combien notre valeureuse épouse s’est efforcée de préparer les bons plats du Chabbath (la Kémia et\ou le guefilte fish) et aussi toute la maison en l’honneur du Chabbath.
Est-ce que ça ne vaut pas la peine de dire un grand MERCI pour tout ? Et pour cela on n’a pas besoin de faire neuf heures de train. C’est juste au bout de la table.
Coin Halakha : Nous avons vu les semaines précédentes qu’on ne devait pas tirer profit du travail d’un non-juif fait en notre faveur. Seulement s’il le fait par exemple allumer la lumière, sans notre accord, nous n’aurons pas besoin de sortir de la pièce (276.1).
Lorsqu’il s’agit d’un « travail » qui est interdit uniquement par les Sages (par exemple monter sur un arbre le Chabbath), j’ai le droit de demander à un non-juif de le faire lorsque j’en ai impérativement besoin ou pour les besoins d’une Mitsva (par exemple un Séfer posé sur les branches de l’arbre) ou encore pour les besoins d’un malade même bénin (Or Ha’haim 307.5)
Chabbath Chalom et à la semaine prochaine, si D’ veut.
David Gold
E-mail : dbgo36@gmail.com
Tél : 00 972 556778747
Une bénédiction pour Lyora Elgrabli (Paris) à l’occasion de ses fiançailles, Mazel Tov !
Une berakha à Dan Azoulay et à son épouse (Kiriat Yovel-Baït Végan) dans ce qu’ils entreprennent (la fabrication sur Jérusalem de magnifiques viennoiseries et très bons pains), l’éducation des enfants et le Chalom Baït
Une berakha à Daniel Zana (Paris) dans ce qu’il entreprend, la santé et l’éducation des enfants.