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Troyes : ouverture de la Maison Rachi
Pour vaincre les fantasmes et les préjugés qui font le lit de l’antisémitisme, il est urgent d’introduire dans les programmes d’histoire une présentation complémentaire de l’histoire des Juifs, estime Jean-Claude Lescure, enseignant, dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Un bachelier aujourd’hui croise l’histoire des Juifs dans sa scolarité à trois moments : Moïse et les Tables de la Loi, l’affaire Dreyfus et la IIIe République, et la Shoah.Ces trois moments, en 6e, en 3e et au lycée, centrent le propos sur la connaissance des religions et puis sur l’antisémitisme.
Entre Moïse, Dreyfus et la Shoah, pas d’histoire des Juifs, du judaïsme, des relations avec les Etats, pas d’explications des singularités religieuses, culturelles ou nationales.
Dès lors, pourquoi s’étonner que les sondages et les indicateurs des manifestations antisémites montrent que l’action ancienne des pouvoirs publics et de ses agents contre les manifestations de l’antisémitisme, n’atteint pas son but ?
Les générations d’élèves et leurs enseignants du collège ou du lycée, en cours d’histoire ou d’éducation civique, consacrent des heures à l’antisémitisme ; beaucoup d’enseignants se sont formés grâce aux actions du Mémorial de la Shoah, sont allés visiter les centres de mise à mort nazis, ont compris les ressorts d’une politique publique de l’extermination. Ils l’enseignent, bien le plus souvent, et touchent leurs élèves.
Accessoirement, cela concerne pour l’essentiel l’enseignement général, et bien peu l’enseignement professionnel, toujours délaissé.
Il est urgent d’introduire dans les programmes d’histoire une présentation complémentaire qui au-delà de l’antisémitisme explique l’acte d’émancipation de 1791, ce moment français où les députés de l’Assemblée accordent aux juifs de France une égalité complète, identique à celles de tous les autres Français, et en font des Français juifs.
Le fantasme de la « communauté juive »
Il est urgent de montrer qu’à l’occasion de la révolution industrielle [au XIXe siècle],pendant laquelle apparaissent de nouveaux métiers, les Français juifs font le pari d’une éducation moderne complétant la formation religieuse de Talmud-Torah en se saisissant des nouvelles matières scientifiques enseignées ; ils intègrent des formations de médecins, d’ingénieurs, de journalistes.
Ils participent de la modernité technique et politique, tandis que les migrants juifs venus d’Europe de l’Est sont le plus souvent de pauvres hères, vivant comme d’autres migrants, italiens ou polonais, dans la pauvreté avec le projet d’une intégration à la nation française.