Comment fonctionne l’organisation des Frères musulmans ? Qui en sont les leaders ? Quelle est leur ambition ? Coécrit par le journaliste Emmanuel Razavi et l’essayiste Alexandre Del Valle, « Le Projet » (Ed. L’Artilleur) détricote le maillage complexe de la célèbre confrérie.
Au cours de sa carrière, le journaliste Emmanuel Razavi s’est rendu dans la plupart des pays où rayonnent les Frères musulmans. De ses quinze ans de périples, il a récolté des informations, des entretiens sur la célèbre organisation, dont la structure et le mode de fonctionnement interne restent peu connus. Un temps présentée par l’un de ses guides comme « la plus grande organisation du monde », la confrérie évolue aujourd’hui autour de quelques personnalités plus ou moins connues du grand public.
Coécrit avec Alexandre Del Valle, le pavé de 500 pages remonte à la genèse de l’organisation en 1928, année de sa création par Hassan el-Banna — le grand-père de Tariq Ramadan —, jusqu’à l’épisode récent de l’assassinat à Istanbul du Saoudien Jamal Khashoggi — une autre grande figure de la confrérie.
« Notre postulat a été de donner la parole directement aux responsables de l’organisation, explique Razavi, parmi lesquelles des personnalités importantes comme Azam Tamimi. » Ce militant palestinien, patron de la chaine de télévision Al-Hiwar basée à Londres, explique ainsi que les Frères musulmans « ne sont pas juste une organisation ». « C’est en fait une idée qui fait consensus pour la plupart des Musulmans. C’est pourquoi lorsque vous voyagez à travers le monde et que vous parlez d’eux, vous pensez probablement que tout le monde en est membre, ce qui bien sûr n’est pas vrai. Le nombre de Frères stricts est limité. Mais c’est l’idée qui rassemble les gens. »
Pour ceux qui ne seraient pas d’accord avec cette « idée », de nombreux organes de communication veillent à les faire rentrer dans le rang. Un brin totalitaire, l’organisation s’est donné pour objectif d’islamiser un vaste territoire, dont l’Europe. L’Islamisation du vieux continent est justement le cœur du « Projet », un document retrouvé par les services de renseignement suisses et dont le contenu est totalement assumé par les responsables de la confrérie. « Tout est écrit, cela a le mérite d’être clair », explique Razavi. « L’un de ses protocoles de communication est : provocation, victimisation, médiatisation. En clair, leur stratégie consiste à se faire passer pour des victimes pour mieux imposer leurs valeurs », poursuit le journaliste, qui cite en exemple l’organisation de la manifestation contre l’islamophobie le 10 novembre à Paris dont les organisateurs « font tous partie de la galaxie frériste ».
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