En souvenir de Lionel Eliyahou Brami zal

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Le’ilouï nichmat rav Chalom zatsa’’l, rav Avraham zatsa’’l, tous nos disparus et en particulier ceux pour lesquels personne n’étudie ni ne prie. Une guérison rapide et complète pour tous nos malades et blessés. Que nos otages reviennent tous et toutes rapidement et en bonne santé. Que ceux et celles tombés au combat pour notre sécurité intercèdent en notre faveur.

Ces lignes sont également dédiées à Lionel Eliyahou Brami za’’l qui vient de nous quitter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lionel, ta bonne humeur constante et contagieuse, ton amour des rabbanim, ta voix mélodieuse pour Kriat HaTora et ta profonde intégrité manquent déjà à ce monde. Je suis sûr que tu interviendras Là-Haut pour nous tous, avant de te revoir prochainement ainsi que tous nos disparus.

La Guemara (Chabbath 106a) nous apprend qu’en cas de décès d’un des membres d’une communauté, c’est ce groupe dans sa globalité qui doit s’inquiéter (cf. Rachi). Cette loi figurant dans le Choul’han ‘Aroukh (Yoré Déa’ 394), il ne s’agit pas d’un simple conseil, mais d’une réalité.

Rav Tikotchinski zatsal, Roch Yechiva de Yerou’ham, l’expliquait ainsi avec ses mots :  le premier homme, Adam harichon, voyant d’un « bout à l’autre du monde » de par sa stature spirituelle, a décrété depuis Beréchith quels endroits seraient habités, lesquels seraient vides.

Chaque lieu a donc un but précis, et tous ne se valent pas en termes de mission à y accomplir, ce qui permet d’ailleurs de mieux comprendre le fameux « Chinouï makom chinouï mazal », à savoir que nous pouvons changer de vie en changeant de lieu.

Dans chaque contenant (« Makom ») qu’est un lieu, vont se retrouver des créations de niveaux différents, du minéral à l’humain, qui vont toutes avoir des interactions avec ce contenant. Il leur reviendra alors de faire leur job, à cet endroit, à cette époque, avec ceux et celles qui les entourent, conformément au « Psak » (décret) de Adam harichon.

Nous ne nous posons que rarement la question de savoir pourquoi nous croisons précisément telle personne au marché ou sommes assis à côté de telle autre à la Choul. Pourtant, tout cela a évidemment un but, décrété depuis le tout premier bureau du cadastre dirigé par le tout premier homme.

Quand un membre de la communauté nous quitte, outre ce qui concerne le défunt lui-même, c’est donc un message clairement adressé à son entourage (il y a d’ailleurs discussion sur les raisons du deuil, à savoir est-ce pour le défunt ou pour nous, ce qui peut rejoindre cette réflexion), un message forcément destiné à nous inciter à la Techouva, la correction de nos trajectoires.

Imaginons Reouven, entrant lundi dans un magasin de porcelaine, et y cassant un vase par négligence. Il s’excuse platement, déclenchant ainsi la clémence du marchand qui ne l’oblige pas à payer les pots cassés. Il y revient mardi, et de nouveau, même scénario : son gros sac à dos emporte avec lui une jolie carafe. Cette fois-ci il va devoir payer. Mercredi, le voici de nouveau à la porte du magasin, prêt à y entrer. Ni clémence ni remboursement, le marchand lui ferme la porte au nez, lui interdisant l’accès.

Une Michna (Yoma 8,9) évoque quelque part cette notion et nous apprend que celui qui planifie de fauter puis faire Techouva à répétition « n’aura pas l’occasion de faire Techouva ». Etonnant, la Michna n’aurait-elle pas dû plutôt décréter que « pareille Techouva n’est pas recevable» ? Il semble que nous devions en déduire que rien ne peut s’opposer à une vraie Techouva, quand bien même elle ferait partie d’une stratégie : elle pourrait bien réussir à « forcer » son acceptation Là-Haut. C’est pourquoi on ne lui en donnera même pas l’occasion.

Nous apprenons également au passage que planifier une Techouva à répétition ne marchera pas, mais que fauter 1000 fois et regretter 1000 fois, cela marche, si la démarche est sincère à chaque fois.

Revenons au raisonnement : que signifie qu’il « n’aura pas l’occasion de faire Techouva » ? On peut imaginer un départ prématuré de ce monde bien sûr. Mais peut-être existe-t-il encore plus grave : l’impossibilité pratique. Le même Reouven, outre sa maladresse, aime beaucoup l’alcool. Il voudrait faire Techouva sur ce point et mieux se comporter. Mais un diagnostic médical lui interdit soudain toute gorgée d’éthanol. Fin de la Techouva possible. Non seulement il ne boira plus jamais une goutte de whisky sur prescription médicale, mais en plus il ne recevra aucun mérite dessus car il n’aura pas arrêté volontairement (il aura néanmoins respecté l’obligation de se soigner). Double peine.

Il est aisé de transposer cet exemple, volontairement basique, dans tous les domaines de la vie. Car de nombreuses tentations sont liées à l’âge et disparaissent avec la vieillesse.

Stopper une mauvaise conduite car notre corps nous en empêche ne génère aucun mérite hélas. Nous aurons failli à la mission, car la faute a cessé d’elle-même et non de par notre volonté de faire plaisir à Hachem.

En cela, on nous aura empêché de faire Techouva et comme l’expression de la Guemara (Baba Kama 60b) le dit « il en est sorti chauve de tous les côtés ».

Peut-être peut-on inclure ceci dans une autre expression de la Guemara (Soucca 53a superbe passage sur Sim’hath Beth Hachoéva) : « Certains disaient : heureuse notre jeunesse qui n’a pas fait honte à notre vieillesse ». Se réjouir de n’avoir pas cédé dans sa jeunesse à ses envies alors que le potentiel de faute est au plus haut. Et ainsi ne pas avoir humilié une vieillesse qui, de toute façon et de force, rendrait caduque ces envies en enlevant donc tout mérite de leurs cessations.

Que nous puissions tous et toutes prendre conscience que l’horloge tourne grâce à une pile dont nous ne connaissons pas l’autonomie et que le bon moment pour avancer, c’est tout de suite.

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