Ces derniers jours, des manifestations ont éclaté en Égypte à la suite de rapports selon lesquels le gouvernement a décidé de réduire le quota quotidien de pain subventionné de cinq pains par habitant à seulement trois, en raison de la profonde crise économique dont souffre le pays. Les manifestations, auxquelles ont participé des centaines de personnes, ont eu lieu à Gizeh, à Alexandrie, à Minya et ailleurs.
Dans la ville de Desouk, les manifestants ont interrompu le trafic ferroviaire en se tenant sur les voies et à Alexandrie, ils ont bloqué une route et ont manifesté devant les bureaux du ministère de l’Approvisionnement. A Kafr Al-Sheikh, des manifestants ont scandé «à bas Al-Sisi» et «Al-Sisi est un tyran».
Le journaliste égyptien Hassanein Karoum, qui passe en revue la presse égyptienne pour le quotidien londonien Al-Quds Al-Arabi, a rapporté que les citoyens qui venaient dans les boulangeries pour acheter leur part de pain subventionné ont été surpris d’apprendre des boulangers que le gouvernement avait réduit les quotas.
La décision de réduire les quotas de pain subventionné a suscité des réactions des députés et des organisations sociales. Ainsi, le député Ali Al-Kayal a posé une question urgente à ce sujet au Premier ministre, M. Sherif Isma’il, et au ministre de l’Approvisionnement, Al-Moselhy. Il a également déclaré aux journalistes que la décision était arbitraire, irrationnelle et injuste et mettrait en danger la sécurité et enragerait des millions d’égyptiens pauvres. Muhammad Al-‘Asqalani, responsable du mouvement Citizens Against Price Rises, a déclaré que les protestations étaient un avertissement pour le gouvernement, car le pain était une question sensible pour les citoyens.
Les critiques sont également également venues d’opposants, y compris des éléments associés aux Frères Musulmans. L’opposant et ancien candidat présidentiel Hamdeen Sabahi a écrit sur Facebook: « Un régime qui affame son peuple ne restera pas au pouvoir ». Muhammad Mahsoub, qui était ministre des affaires parlementaires sous le régime de l’islamiste Muhammad Mursi, a écrit sur son compte Facebook: «Ce n’est pas une révolution de la faim, mais une révolution de droits qui ont été piétinés par un régime qui ne peut même pas gérer une boulangerie, et encore moins un grand pays comme l’Egypte. » Le parti Karama a mis en garde contre le rétablissement de la politique économique du régime de Moubarak, soulignant que la seule façon de résoudre la crise était de répondre aux exigences de la révolution du 25 janvier 2011.
Le Parti de la Coalition populaire a condamné la politique du gouvernement et a noté que les pauvres portent tout le poids de la crise économique. Il a exigé la démission du premier ministre et a appelé à mettre fin à la souffrance des pauvres et sauver l’Egypte des répercussions dangereuses que les émeutes de la faim pourraient avoir.
Des réactions aux manifestations sont également apparues sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, des utilisateurs ont lancé un hashtag « Intifada des subsistances ».
La presse égyptienne, y compris le quotidien gouvernemental Al-Ahram, a publié des articles critiquant la décision du gouvernement et averti de ses répercussions possibles. Les articles ont déclaré que les subventions au pain étaient une « ligne rouge » et ont exigé la suspension de la décision.
La situation générale de l’Egypte devient ainsi chaque jour plus préoccupante. A l’incapacité du régime d’éradiquer l’insurrection islamiste dans le Sinaï et de protéger sa minorité copte, s’ajoute une crise sociale sans fin. Il est douteux que le régime saoudien puisse encore longtemps maintenir le plus grand pays arabe sous perfusion financière.
Et l’on se demande si le gouvernement israélien est bien inspiré de faire de son alliance avec Al-Sisi la pierre angulaire de sa diplomatie au Moyen Orient.
source MEMRI
adaptation française Malkiel Heller
Evidemment, ils n’ont plus de Yossef hatsadik pour les aider…