« Cela rend les antisémites fous »: une créatrice de contenu français efface des graffitis pro-Hamas
Une militante de base descend dans la rue la nuit pour transformer les graffitis anti-israéliens en messages d’espoir et de valeurs françaises.
Par Jonathan Duschnitzky
Ayant grandi dans la banlieue sud de Paris, Claudine a baigné dans un environnement multiculturel où cohabitaient Juifs, musulmans, chrétiens et laïcs, dans un contexte politique majoritairement de gauche. Née d’un père juif qui a fui la Tunisie en 1960 et d’une mère française non juive, elle a été élevée dans des principes forts de liberté et d’égalité, bien qu’elle se définisse comme une « juive française laïque ».
Au lendemain de l’ attaque du 7 octobre, elle a pris la décision cruciale de revisiter ses racines de graffeuse avec une nouvelle mission. « J’ai commencé par des graffitis massifs proclamant ‘VIOL DU HAMAS’ et ‘FUCK HAMAS’ », révèle-t-elle. Depuis, ses missions nocturnes consistent à localiser des graffitis anti-israéliens tels que « Libérez Gaza » et « Mort à Israël », qu’elle transforme en messages prônant le retour des otages, accompagnés de drapeaux français.
Son activisme a créé des remous au sein de la communauté hip-hop française à laquelle elle appartient, communauté qui, selon elle, est à 90 % pro-palestinienne. « Ils me méprisent parce que j’utilise des outils qu’ils considèrent comme leur domaine exclusif », note-t-elle, « mais cela ne me dérange pas. J’évite la confrontation, la violence ou les disputes – je passe simplement à l’action. »
Lorsque Claudine a commencé à partager ses activités sur les réseaux sociaux en juillet 2024 avec le message « tout le monde peut agir », elle a d’abord dû faire face à la résistance de la communauté juive, inquiète d’une éventuelle réaction antisémite. Mais peu à peu, des sympathisants juifs et non juifs lui ont témoigné leur gratitude et lui ont proposé de se joindre à sa cause. « Je ne dirige pas un groupe, mais je lance un mouvement », souligne-t-elle. Aujourd’hui, elle reçoit des documents sur des actions similaires dans toute la France et dans les pays voisins, notamment en Allemagne, au Luxembourg et en Angleterre.
Il y a environ deux mois, elle a étendu sa présence sur TikTok, malgré les restrictions imposées par la plateforme. « Je persiste là-bas parce que je réussis à frustrer les antisémites et les pro-palestiniens, et j’adore ça ! », dit-elle avec un sourire entendu.
Claudine anticipe une aggravation des tensions politiques et raciales à travers l’Europe, notamment en France. « La société française ne peut accepter des quartiers dominés par des femmes voilées, observe-t-elle. L’identité laïque de la France est fondamentale pour notre caractère national. » Néanmoins, elle est devenue sceptique quant aux changements qui pourraient émerger au sein des communautés musulmanes. « Même si j’aimerais qu’elles se dressent contre les islamistes et défendent l’égalité, j’ai abandonné cet espoir. »