Élisabeth Borne évoque la déportation de son père

Élisabeth Borne évoque la déportation de son père

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Au dîner du Crif, Élisabeth Borne évoque la déportation de son père à Auschwitz

Déporté en 1943, le père d’Élisabeth Borne (ici, devant sa pharmacie après la guerre) a été plusieurs fois mentionné lors de cette réunion annuelle du Crif, une rare confession de la Première ministre sur le sujet.

POLITIQUE – « Prendre la parole devant vous, ce soir, a un écho particulier pour moi ». Lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France, organisé ce lundi 13 janvier, la Première ministre Élisabeth Borne a décidé d’évoquer son histoire personnelle et familiale, notamment la déportation de son père (juif, né Bornstein, sa mère, Marguerite Lescène) à Auschwitz, afin d’appeler à « combattre de toutes nos forces l’antisémitisme ».

« Il y a des dates, qui marquent un destin. Pour mon père, mais en réalité pour toute ma famille, c’est le 25 décembre 1943 », a confié la Première ministre dont le père, de confession juive, a été déporté à Auschwitz. Survivant, il a mis fin à ses jours en 1972, quand sa fille avait 11 ans.

« Ce jour-là, avec mon grand-père et mes oncles, il a été arrêté par la Gestapo. Puis ce furent les wagons plombés, les ordres, les coups, les humiliations. Drancy, Auschwitz. Ils étaient 1 250 au départ. Six sont revenus », a retracé la locataire de Matignon, qui était l’invitée d’honneur de ce traditionnel rendez-vous du Crif.

Parmi les survivants, « certains ont réussi à garder le goût de l’espérance et la foi dans la vie. D’autres non. Je ne le sais que trop bien », a-t-elle poursuivi. La première ministre a aussi tenu à raconter que « dans les mois qui ont suivi son retour des camps, (son) père avait commencé à parler, jusqu’à ce qu’on lui dise qu’il valait mieux se taire ».

« Certains ont voulu poser une chape de silence sur le passé », a-t-elle poursuivi, confiant que ce qui s’était « passé là-bas », son père le lui avait « écrit dans deux lettres – qui sont le seul témoignage que je conserve de lui ». Comme le rappellent nos confrères du Figaro, les moments publics pendant lesquels Élisabeth Borne évoque son histoire familiale sont extrêmement rares, dont une fois notablement dans le New York Times, en décembre dernier.

La Première ministre a également eu une «pensée pour la famille d’Ilan Halimi, assassiné il y a 17 ans».

Une baisse des faits antisémites saluée

Refermant le chapitre intime de sa vie – qu’elle n’avait jusqu’ici ouvert qu’une seule fois, dans le New York Times , en décembre dernier -, la Première ministre a appelé à «combattre, de toutes nos forces l’antisémitisme, partout où il se montre, partout où il frappe, partout où il se cache». Ce, en même temps qu’elle a exprimé «une pensée pour la famille d’Ilan Halimi , assassiné il y a 17 ans» jour pour jour, après avoir été torturé des semaines durant. «Ce ne sont ni les mots, ni les indignations, ni les hommages, qui vous protègent et rendent justice. C’est de notre action résolue, de notre détermination inflexible, que viennent les résultats», a-t-elle ensuite ajouté, estimant que tant «qu’il y aura des insultes, des attaques et des meurtres, nous devrons continuer à agir». «La consommation de drogue ne peut pas, ne doit pas tout excuser», a-t-elle encore jugé, après avoir cité Sarah Halimi, défenestrée par son voisin en 2017, et dont l’assassin, Kobili Traoré, n’a pas été jugé en raison d’une «irresponsabilité pénale».

«Premières cibles de l’islam radical»

En dépit du récent recul «de plus d’un quart» du «nombre de faits antisémites» enregistrés en 2022, la locataire de Matignon a reconnu que «les Juifs de France sont parmi les premières cibles de l’Islam radical, qui (les) menace et s’en prend ainsi à la République toute entière». «La critique d’Israël en tant qu’État, l’antisionisme, ne doivent jamais être les paravents de la haine», a-t-elle ensuite tranché, saluant la reconnaissance par la France de la définition de l’antisémitisme telle que rédigée par l’Alliance internationale pour la reconnaissance de l’Holocauste (IHRA). «Dans certains établissements, tout ne peut pas être dit. Tout ne peut pas être enseigné (…). Nous ne devons pas l’ignorer ou le minimiser. (…) Là encore, je veux le dire : la Shoah doit pouvoir être enseignée dans toutes les salles de classe, sans exception», a enfin prévenu Élisabeth Borne, sous les applaudissements nourris de la salle.

Terminant son discours, la Première ministre a enfin tenu à s’adresser à son auditoire, en sa qualité de «Conseil représentatif des institutions juives de France» au sens littéral du terme. Et résumer ainsi, «avec force», le sens de son intervention : «Vous prendre pour cible, vous attaquer, c’est tourner le dos à la République ; c’est tourner le dos à notre Histoire ; c’est tourner le dos à ce qui fait notre pays. En combattant la haine, c’est notre jeunesse que nous protégeons. Car nous voulons construire pour elle, un pays de laïcité, d’universalisme, de liberté. (…) Ce que vous défendez, c’est le droit de vivre libre, et en sécurité, c’est la volonté de continuer à écrire l’avenir de la France», a-t-elle martelé, avant de conclure en citant «la prière à la République, lue dans les synagogues» chaque samedi matin, durant l’office du «Chabbat». Prise de parole à l’issue de laquelle une Marseillaise a spontanément été entonnée par le public.

JForum avec Le HuffPost et LeFigaro

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