Transformée une écurie par les Allemands durant l’occupation, redevenue un lieu de culte après la Seconde Guerre mondiale, la synagogue d’Elbeuf, inaugurée en 1909, est aujourd’hui en passe de devenir un pigeonnier sinon une volière géante, tant sont nombreux les volatiles à y trouver refuge ! Un état qui ne pouvait laisser insensible Alexandra Sobczak, la présidente d’Urgences patrimoine. « C’est l’un des premiers édifices que m’a présentés mon mari lorsque je suis arrivée dans l’agglomération elbeuvienne. À l’abandon depuis des années, il s’est dégradé. Il convient donc de tout entreprendre pour le sauvegarder. C’est un projet qui me tient à cœur. Je comptais m’en ouvrir au maire d’Elbeuf, qui m’avait invitée à le rencontrer… Et c’est justement pour me parler de la réhabilitation de la synagogue qu’il avait tenu à me voir ! »
En faire un lieu culturel
Depuis l’échec des Américains dans la tentative de mettre en œuvre sa restauration, le lieu s’est encore dégradé. Cette volonté commune de la Ville et d’Urgences patrimoine de saisir du dossier doit permettre d’enfin faire aboutir cette réhabilitation. Pour ce faire, en marge de l’association cultuelle présidée par Laurent Bansard, a été créée l’association culturelle des amis de la synagogue d’Elbeuf, présidée par Nassim Lévy, par ailleurs président du consistoire régional des communautés juives de Normandie et de l’association cultuelle israélite de Caen. « Plus qu’un lieu de culte, l’idée est surtout d’en faire un lieu culturel, même s’il pourra être utilisé pour les Bar Mitzva, les mariages, les offices ou des fêtes, précise ce dernier. Nous avons également en projet de faire revenir le Grand רabbin de France (N.D.L.R. : celui-ci, alors Joseph Sitruck, était venu en 1992). Je tiens à rendre hommage à Djoudé Merabet, qui est un homme juste, et à Alexandra pour le travail qui va être mené. On va monter un projet, signer une convention pour lever des fonds. En mettant en commun tous nos réseaux, on va réussir. »
Djoudé Merabet, maire d’Elbeuf, qui rêve de cette restauration depuis des années, en est lui aussi pleinement convaincu, misant sur les vertus du partenariat.
Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin »
« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin, avance-t-il, reprenant à son compte le proverbe. Là, nous nous avons tous envie d’aller au bout, afin de mettre en valeur l’histoire de ce lieu. » La synagogue de la rue Grémont est le témoin de la présence des Juifs alsaciens, patrons du textile (les Blin, Bloch, Fraenckel, Herzog, Bernheim...), venus après la guerre de 1870 à Elbeuf, avec leurs salariés (protestants).
« Il n’y a pas que les églises à sauvegarder, il y a plein d’autres lieux. C’est ce que j’appelle le patrimoine de proximité des territoires, ajoute Alexandre Sobczak. Le patrimoine, c’est un vecteur de rassemblement au-delà des âges, des religions… »
Prochaine étape : le passage d’un architecte, sous couvert de celui des Bâtiments de France (la synagogue figure à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, on ne peut pas faire n’importe quoi) et une première estimation du coût des travaux : 200 000 € 400 000 €, 600 000 € ?
Source actu.fr/normandie