Israël : le Premier ministre Naftali Bennett mis en échec sur la question des « mariages mixtes ».
Mardi 6 juillet, les députés de la Knesset, le Parlement israélien, ne sont pas parvenus à se mettre d’accord au sujet d’une mesure polémique qui visait à interdire l’octroi de la citoyenneté aux conjoints palestiniens d’Arabes israéliens, au grand désarroi du Premier ministre Naftali Bennett.
Un sérieux camouflet pour le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett et d’une bonne nouvelle pour ce genre de « couples mixtes ». Ce mardi 6 juillet, un vote à la Knesset, le Parlement, ne lui a pas permis de faire renouveler une mesure interdisant l’octroi de la citoyenneté aux conjoints palestiniens d’Arabes israéliens. Plus précisément, aucun camp n’a réussi à obtenir de majorité : 59 élus ont voté en faveur de la prolongation de cette disposition et 59 contre. Or, une majorité de 61 députés sur les 120 que compte le Parlement était nécessaire pour faire adopter cette interdiction.
Cette mesure extrêmement controversée a été adoptée pour la première fois en juillet 2003 pendant la deuxième Intifada. Depuis, elle avait été systématiquement approuvée par la Knesset. Pour la justifier, les autorités avançaient des raisons sécuritaires liées au conflit israélo-palestinien.
Mais l’année 2021 marque de grands changements pour Israël avec une élection présidentielle qui a porté l’indépendant Yits’hak Herzog au pouvoir, une élection législative, la chute de l’ancien Premier ministre Benyamin Netanyahou et l’arrivée de son successeur Naftali Bennett, par ailleurs à la tête du Parti sioniste religieux Yamina.
L’actuel Premier ministre doit jongler avec une alliance atypique de 61 députés, qui va de la droite à la gauche. Naftali Bennett n’a pas pu compter sur les voix des membres de deux partis de sa coalition : Meretz, placé à l’extrême gauche de l’échiquier politique, et Raam, le parti islamiste de Mansour Abbas. Pour ces parlementaires, la mesure était considérée comme discriminatoire envers la frange arabe d’Israël, qui représente 20 % de la population.
LE LIKOUD EN EMBUSCADE
Naftali Bennett espérait obtenir les précieuses voix du Likoud, le parti de son ancien allié Benyamin Netanyahou, écarté du pouvoir en juin 2021 et désormais dans l’opposition. Or, « Bibi » est loin d’avoir entraîné son parti dans sa chute. Le Likoud conserve un quart des sièges à la Knesset. Les fidèles de Benyamin Netanyahou devaient donc faire un choix entre leur soutien à la proposition et leur opposition à Naftali Bennett.
Dès lundi matin, le Premier ministre avait tenté de les rallier à sa cause. « Il y a des choses avec lesquelles on ne joue pas, avait-il déclaré. La sécurité de l’État est une ligne rouge, et l’État a besoin de contrôler qui entre et qui obtient la citoyenneté. » Mais les membres du premier parti d’Israël ont tranché : c’est non, afin de ne pas offrir un filet de sauvetage à la coalition au pouvoir. « L’opposition a mis en péril directement la sécurité d’Israël », enrage Yamina, le parti du Premier ministre, dans un communiqué publié après le vote. Un refus qui n’a sûrement pas plu non plus à la ministre de l’Intérieur qui portait la mesure, Ayelet Shaked.
Les Palestiniens qui ont épousé des Arabes israéliens pourront désormais demander la nationalité israélienne s’ils le souhaitent. Dans les faits, de nombreuses demandes d’obtention de la citoyenneté israélienne émanent des conjoints palestiniens d’Arabes israéliens, qui sont originaires de Cisjordanie ou de la bande de Gaza. Les intéressés sont notamment susceptibles d’obtenir la nationalité pour des raisons humanitaires, s’ils ont des enfants avec le citoyen israélien, et pour des raisons de santé.
Le rejet de cette loi controversée dite de « la citoyenneté », pour laquelle 59 députés israéliens ont voté pour et 59 contre, semble démontrer la fragilité de la coalition de M. Bennett, dont le gouvernement hétéroclite avait obtenu in extremis la confiance de la Knesset (Parlement) il y a près d’un mois (60 voix pour et 59 contre).
Même si la procédure reste longue et soumise à de nombreuses conditions, les Palestiniens ayant épousé des Arabes israéliens pourront désormais demander la nationalité israélienne, ce à quoi le Premier ministre, chef de file de la droite radicale, et ses alliés étaient opposés.
Depuis sa première adoption en juillet 2003 pendant la deuxième Intifada (soulèvement palestinien), la loi, justifiée par les autorités pour des raisons sécuritaires, avait été sans cesse renouvelée.
« Patchwork »
Mais cette fois, elle est arrivée à échéance mardi sur fond de vives divisions politiques, alors que le gouvernement de coalition est composé de partis de droite, du centre et de gauche. Un accord au sein du gouvernement prévoyait que tous les députés des partis qui le composent votent en faveur du texte, mais Ami’haï Chikli, un élu du parti Yamina du Premier ministre, s’est prononcé contre. « Israël a besoin d’un gouvernement sioniste qui fonctionne, non d’un patchwork », a expliqué sur Twitter M. Chikli, qui critique notamment le soutien d’une formation arabe islamiste Raam au gouvernement.
En face, l’opposition constituée de partis de droite a voté contre cette loi défendue par M. Bennett à qui elle reproche de s’être allié à des partis de gauche et arabes pour chasser du pouvoir Benjamin Netanyahu, Premier ministre sans discontinuité pendant 12 ans.
« L’opposition a délibérément porté un coup direct à la sécurité du pays, en raison d’une certaine amertume et frustration », a fustigé lundi M. Bennett. « Ceux qui ont voté contre la loi de la citoyenneté (…) ont choisi la politique politicienne plutôt que ce qu’il y a de mieux pour les citoyens d’Israël. »
Etranges propos venus d’un homme dont la nomination au poste de Premier ministre s’est fondée sur la trahison de son électorat avec des alliances contre nature. Yamina est en voie d’implosion. Après la démission d’un de ses membre voilà qu’un second membre de Yamina dénonce publiquement ces alliances contre nature en la personne de Ami’haï Chikli. A partir de maintenant la coalition n’a plus que 59 députés. La majorité n’a plus de majorité.
« Il y a des choses avec lesquelles on ne joue pas. La sécurité de l’Etat est une ligne rouge, et l’Etat a besoin de contrôler qui entre et qui obtient la citoyenneté », avait-il affirmé la veille. La sécurité est un ensemble et avoir des partis antisionistes au sein du gouvernement reste largement plus grave que cette loi.
L’attitude de l’opposition « va entraîner 15.000 demandes de citoyenneté », a de son côté prévenu sur Twitter la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked, une proche de M. Bennett.
Pour donner des gages aux formations idéologiquement opposées au texte, comme la formation Meretz d’extrême gauche, l’accord du gouvernement prévoyait que tous les partis en son sein voteraient pour le texte, en échange de quoi plus de 1.500 Palestiniens ayant déjà un permis de résidence obtiendraient la citoyenneté israélienne, selon Mme Shaked.
« Le cheval de Troie »
Mais pour le Likoud, parti de M. Netanyahu, cette dernière mesure aurait justement « mis en péril l’identité sioniste et la sécurité de l’Etat d’Israël ». M. Netanyahu a par ailleurs déclaré aux membres de son parti que « le plus important était de renverser ce gouvernement dangereux et soutenu par des éléments antisionistes ».
Pour le parti Yamina, c’est au contraire l’opposition qui a « directement mis en danger la sécurité d’Israël ». De nombreuses demandes d’obtention de la citoyenneté israélienne émanent des conjoints palestiniens d’Arabes israéliens originaires de Cisjordanie –territoire occupé par Israël depuis 1967– ou de la bande de Gaza, une enclave sous blocus israélien.
Des dizaines d’Arabes israéliens avaient de nouveau manifesté lundi devant la Knesset pour protester contre une loi qui complique selon eux les démarches et la vie des Palestiniens dont les conjoints sont israéliens.
Le non-renouvellement de la mesure est « une victoire partielle après une longue bataille qui dure depuis 18 ans et qui n’est pas terminée », a estimé lundi Jaafar Farah, directeur de l’ONG Moussawa de défense des droits des Arabes israéliens.
« Des milliers de familles palestiniennes sont affectées par cette loi et sont contraintes de vivre séparément, de quitter le pays » ou, pour les conjoints qui vivent en Israël sans autorisation, de vivre sous la « menace » de l’expulsion, a-t-il déclaré à l’AFP, qualifiant la loi de « punition collective raciste ».
La survie d’Israël comme Etat juif prime sur toute autre considération, et il doit être hors de question de permettre l’entrée d’un cheval de Troie dans cette configuration. Hors le cheval de Troie est déjà dans les lieux avec des partis prêts à s’en prendre aux intérêts vitaux du pays avec leur plateforme politique antisioniste.
La chute de ce gouvernement est une question de semaines ou de jours. Et il n’est pas certain que Bennett et Saar retrouvent leur poste à la Knesset
JForum – sources diverses
NDLR : Cet article ne rapporte pas le fait que le Likoud a proposé une contre-loi à ce propos, ce qui est de loin plus fort qu’une mesure qu’il faut confirmer chaque année, mais une vrai loi ! Les traitres ne sont pas ceux qui ressort du présent texte…