Le président américain a évoqué mardi un possible report de son sommet «historique» avec le leader nord-coréen, prévu le 12 juin à Singapour.
La future rencontre a déjà sa médaille commémorative: une pièce de métal célébrant le face-à-face historique entre le président américain Donald Trump et son homologue nord-coréen Kim Jong Un, qualifié pour l’occasion de «leader suprême». Elle a été frappée à l’initiative de l’agence de communication de la Maison Blanche. L’expression «pourparlers de paix» figure en haut de la médaille, tandis que l’année «2018» est inscrite en bas.
Donald Trump dit avoir noté une différence de ton de la part de la Corée du Nord après une deuxième réunion au sommet entre Kim Jong Un et le président chinois et principal allié de Pyongyang, Xi Jinping. «Il y avait une attitude différente après cette rencontre et j’ai été un peu surpris», a dit le président américain, en s’interrogeant sur le rôle de son homologue chinois. «Les choses ont changé après cette rencontre et je ne peux pas dire que cela me rende très heureux».
À trois semaines du rendez-vous historique de Singapour, le locataire de la Maison Blanche compte sur Moon Jae-in, en déplacement à Washington, pour l’aider à décrypter les intentions exactes de l’homme fort de Pyongyang. Au cœur des débats, la question de la dénucléarisation, que Washington veut «complète, vérifiable et irréversible» et sur laquelle le Nord n’a pas véritablement dévoilé son jeu.
Les promesses de «bonnes nouvelles pour le monde» abandonnées
Le climat est loin de la forme d’euphorie qui a flotté dans les semaines suivant l’annonce, le 8 mars, d’un accord de principe pour un face-à-face, longtemps inimaginable, entre le président des États-Unis et l’héritier de la dynastie des Kim, qui règne sur la Corée du Nord depuis plus d’un demi-siècle. Prenant nombre d’observateurs –et semble-t-il Donald Trump lui-même- par surprise, le régime est brutalement revenu la semaine dernière à sa rhétorique belliqueuse.
Lundi soir déjà, le vice-président Mike Pence avait assuré que le président américain était prêt à quitter les pourparlers s’il lui semblait qu’ils ne donneraient pas de résultats. «Ce serait une grave erreur pour Kim Jong Un de penser qu’il pourrait se jouer de Donald Trump», a-t-il dit.
S’il a dans un premier temps opté, en public, pour un ton plutôt apaisant en évoquant sa rencontre inédite avec l’homme fort de Pyongyang, de près de 40 ans son cadet, le président américain a récemment abandonné les superlatifs et les promesses de «bonnes nouvelles pour le monde». Celui qui louait depuis plusieurs semaines l’attitude de la Chine, principale alliée de la Corée du Nord, s’est ouvertement inquiété lundi qu’elle lâche trop de lest, trop vite. «La Chine doit continuer à être forte et étanche sur la frontière avec la Corée du Nord jusqu’à ce qu’un accord soit conclu», a-t-il tweeté, témoignant de son agacement. «J’entends dire que la frontière est devenue bien plus poreuse récemment et que plus de choses ont réussi à passer à l’intérieur».
Pour 38% des Américains, le régime de Pyongyang n’est pas sérieux
Selon un sondage du Pew Center réalisé fin avril, plus de deux Américains sur trois sont favorables à des discussions directes entre les États-Unis et la Corée du Nord. Mais seuls 38% d’entre eux pensent que le régime de Pyongyang est sérieux dans sa volonté de répondre aux préoccupations de la communauté internationale sur son programme nucléaire.
Quelques heures avant la rencontre Trump-Moon, des journalistes étrangers sont partis depuis Pékin pour la Corée du Nord où ils doivent assister à la destruction de son site d’essais nucléaires, une promesse vue comme un geste de bonne volonté même si les spécialistes sont divisés sur le fait de savoir si le site sera vraiment rendu inutilisable. Si ce n’est pas déjà le cas.
Source www.lefigaro.fr