Donald Trump bloque une fusion à 117 milliards de dollars au nom de la « sécurité nationale »

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Republican Presidential candidate Donald Trump gestures during a rally in Richmond, Va., Friday, June 10, 2016. (AP Photo/Steve Helber)

ÉTATS-UNIS – Donald Trump a bloqué lundi 12 mars la fusion entre les fabricants de microprocesseurs Broadcom et Qualcomm, estimant qu’elle portait atteinte à la sécurité nationale des États-Unis. Le président américain a pris un décret en ce sens sur la base des recommandations du Comité américain sur les investissements étrangers (CFIUS) qui avait décidé au début du mois d’examiner cette fusion après avoir été saisi par Qualcomm, qui s’opposait aux visées de son rival.

« L’acheteur (Broadcom) et Qualcomm doivent immédiatement et définitivement abandonner le rachat proposé », stipule le décret, qui évoque « des éléments crédibles » laissant penser que l’opération pourrait menacer la sécurité nationale. Cette décision met fin à la bataille que se livraient les deux groupes depuis plusieurs mois dans le cadre d’une opération qui, à 117 milliards de dollars, aurait été la plus importante du secteur et l’une des plus grosses jamais réalisées.

Pas une première dans le secteur des microprocesseurs

Sans surprise, Broadcom s’est dit dans un communiqué laconique « en profond désaccord avec l’idée que l’acquisition proposée de Qualcomm soulève la moindre inquiétude en matière de sécurité nationale ». Le groupe a ajouté être « en train d’examiner le décret » présidentiel. Broadcom, dont le siège est à Singapour, avait pourtant annoncé quelques heures plus tôt avoir décidé de revenir s’installer aux États-Unis à compter du 3 avril pour tenter d’atténuer les inquiétudes des autorités américaines.

Le CFIUS, organisme réunissant plusieurs institutions, est chargé de décider si une fusion ou une acquisition menace les intérêts du pays en matière de sécurité. Donald Trump s’est déjà opposé l’an dernier, sur la base des recommandations du CFIUS, au rachat du fabricant américain de microprocesseurs Lattice par un groupe étatique chinois appuyé par un fonds d’investissement américain.

Toujours dans le secteur des microprocesseurs, cet organisme avait également recommandé en 2016 à Barack Obama -prédécesseur de Donald Trump- de s’opposer à l’opération entre le groupe allemand Aixtron et le fonds chinois Grand Chip en raison de la présence aux États-Unis d’une filiale du groupe allemand. L’opération a été abandonnée.

Le protectionnisme de l’administration Trump

Le titre de Qualcomm a chuté lourdement en Bourse après l’annonce de cette décision, perdant près de 4,31% à 60,04 dollars dans les échanges électroniques d’après séance à Wall Street. Broadcom progressait quant à lui de 0,63% à 264,50 dollars. Dans une lettre rendue publique lundi par le Wall Street Journal et envoyée aux deux groupes dimanche, le CFIUS montrait déjà ses réticences face à l’opération, accusant notamment Broadcom d’avoir « au moins à trois reprises » pris des initiatives concernant sa domiciliation aux États-Unis sans en informer le CFIUS comme dans les délais légaux.

Le CFIUS avait interdit début mars au groupe singapourien de prendre une quelconque initiative pouvant contribuer à précipiter une fusion. Broadcom avait tenté de se défendre en affirmant que la décision de se domicilier aux États-Unis faisait partie de son offre sur Qualcomm dès le départ et ne pouvait être considérée comme un nouveau développement.

Ces arguments n’ont pas suffi à rassurer l’administration Trump qui défend une feuille de route protectionniste et soupçonnait à mots couverts Broadcom d’agir comme paravent à des intérêts chinois. Le PDG du groupe Hock Tan s’était engagé lors d’une entrevue avec Donald Trump en novembre à la Maison Blanche à ramener le siège de l’entreprise aux États-Unis.

La crainte de la Chine

Celui-ci s’y trouvait depuis la création du groupe en 1991 mais avait été transféré à Singapour lors de son acquisition en 2015 par Avago qui avait décidé de garder le nom de Broadcom pour la nouvelle entité.

Mais, malgré cette promesse, les États-Unis craignaient que l’acquisition de Qualcomm ne permette à la Chine de s’immiscer dans le déploiement aux États-Unis des services de communications ultra-rapides de type « 5G » dont Qualcomm est un des « leaders » grâce à ses nombreux brevets. Le Wall Street Journal évoquait dimanche la possibilité de voir le géant américain des microprocesseurs Intel se mêler à la bataille entre Qualcomm et Broadcom par le biais d’une offre de rachat de ce dernier.

Si la fusion entre Qualcomm et Broadcom avait été menée à bien, elle aurait donné naissance au troisième groupe le plus important du secteur derrière Intel et le sud-coréen Samsung.

Source www.huffingtonpost.fr

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