Des djihadistes employés à l’aéroport de Montréal

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Un reportage de l’émission d’enquête JE du réseau privé TVA montre que l’aéroport Montréal-Trudeau est aux prises avec des employés qui présentent des signes de radicalisation.

Philippe Séguin et Maxime Landry ont mené pendant des mois une enquête sur la sécurité à l’aéroport de Montréal nommé aéroport Pierre-Elliot-Trudeau (ancien Premier ministre du Canada et père du Premier ministre actuel).

Leur reportage diffusé mardi 28 mars à 19 h 30 a causé un grand émoi au Canada.

Selon TVA, quatre employés se sont fait retirer leur accès à la zone sécurisée par mesure de précaution. Au moins trois de ces individus (deux qui travaillent toujours à l’aéroport) affichent un profil qui inquiète la police.

Certains ont visité des sites internet pro-État islamique, diffusé de la propagande sur les réseaux sociaux, consulté une quantité anormale de documents traitant d’armes ou d’explosifs.

Des quatre autorisations sécuritaires retirées. L’une l’a été après qu’un employé de l’aéroport ayant accès à la zone sécurisée ait suggéré de commettre des attentats similaires à ceux qui ont eu lieu à Paris le 13 novembre 2015.

Deux autres cartes ont été confisquées, car les travailleurs avaient des problèmes psychiatriques qui mettaient la sécurité des opérations aéroportuaires en danger.

C’est la police de Montréal qui assure la sécurité armée à l’aéroport. Six agents sont sur place en tout temps, mais seulement trois sont disponibles pour patrouiller toute l’aérogare et ils ne disposent pas d’arme adéquate. En pratique, ce sont souvent deux agents qui sont mobiles.

« J’en connais (des employés) qui sont arrivés au Canada depuis seulement deux mois et travaillent déjà autour des avions ou dans la salle des bagages », a affirmé un employé de l’aéroport qui a côtoyé certains de ces individus et qui a requis l’anonymat.

Les journalistes de TVA ont repéré deux employés de l’aéroport qui présentaient des profils inquiétants.

Un premier employé occupait un poste stratégique lui donnant un accès direct aux pistes et aux avions garés autour de l’aérogare.

L’enquête policière a démontré qu’il consultait régulièrement des sites pro-ISIS qui vantent la montée en puissance de l’organisation terroriste.

En poussant plus loin leurs recherches, les enquêteurs ont même découvert qu’il s’était procuré une quantité impressionnante de livres et de documentation sur des armes d’assaut de calibre militaire. Les autorités ont muté l’individu à un autre poste, loin des pistes, des avions et en dehors de la zone sécurisée.

Identifié par l’équipe de « J.E. », le second employé est originaire d’Algérie. Il y a quelques mois à peine, il vivait encore dans la région de Montréal. Il a diffusé sur sa page Facebook une vidéo de propagande de l’ÉI. On y voit des meurtres en direct être commis dans la ville de Mossoul et des passants tirés à bout pourtant par des membres de l’État Islamique.

L’individu paraît soutenir les idées de la communauté des Frères musulmans, une organisation extrémiste considérée par les experts comme étant à l’origine du terrorisme islamique.

Les recherches des journalistes montrent que le suspect appuyait le régime de l’ex-président égyptien, l’islamiste Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans classé organisation terroriste, et chassé du pouvoir par la révolte populaire de l’été 2013.

L’homme semble avoir quitté le Canada depuis quelques mois, mais paraît entretenir des liens avec des employés de l’aéroport de Montréal ayant accès aux zones sécurisées.

Lise Ravary a très mal pris cette nouvelle. Elle écrivait dans sa chronique du 28 mars dernier : « Dans la foulée des attentats de Paris en novembre 2015, un employé qui a suggéré qu’il faudrait faire la même chose ici a été congédié. Par contre, même s’il n’a plus accès aux pistes ou aux avions, l’employé qui vantait l’État islamique et qui s’est procuré de la documentation sur des armes d’assaut travaille toujours à l’aéroport.

Dès 2011, le journaliste d’enquête et expert du terrorisme islamique Fabrice de Pierrebourg sonnait l’alarme dans un reportage pour [le journal] La Presse.

Il soulignait qu’un employé de British Airways avait été reconnu coupable de complot terroriste, en l’occurrence un attentat-suicide contre un avion.

Autrefois, les manutentionnaires et les bagagistes étaient des employés stables de grandes compagnies aériennes comme Air Canada, British Airways ou Air France. Aujourd’hui, ces tâches sont données en sous-traitance à des firmes qui embauchent des gens sans expérience au salaire minimum. Tous les employés qui ont accès aux zones sensibles doivent subir une enquête de sécurité, mais rien ne les empêche de se radicaliser après leur embauche.

Et puis, quand l’enquête prend du temps, on leur donne une carte temporaire !

[…]

Encore moins rassurante l’attitude du SPVM dont le directeur adjoint nous apprend que le risque zéro n’existe pas, et celle du patron d’aéroports de Montréal qui dit traiter toutes les menaces à la sécurité de la même façon, alors qu’on vient de lui prouver qu’il est possible d’accéder à un Airbus 330 sans être fouillé (le journaliste de JE). Surtout, pas de stigmatisation ! »

Conclusion

Réagissant avec leur flegme habituel, les autorités ont tenu à rassurer les Canadiens.

Le Premier ministre Trudeau a promis mercredi que son gouvernement ne tournerait pas les coins ronds pour assurer la sécurité des voyageurs canadiens.

Le ministre responsable du transport aérien au Canada, Marc Garneau (ex-astronaute) a voulu se faire rassurant et a indiqué que rien ne justifie que des changements soient apportés à la sécurité de Montréal-Trudeau.

Le ministre de la Sécurité publique du Québec, Martin Coiteux a déclaré que la police prend toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité publique.

D’après lui, la police de Montréal, la force provinciale du Québec et la GRC travaillent ensemble et surveillent de près la situation.

Loin de se lancer dans une séance de « Québec bashing », la journaliste du Toronto Sun, Candice Malcolm, croit que cette situation ne concerne pas seulement Montréal.

Elle a écrit :

« Apparemment, vous pouvez être un sympathisant terroriste au Canada — vous pouvez même soutenir des ennemis qui nous font la guerre — et cela ne vous fera pas nécessairement renvoyer. L’ancien agent de police et expert en sécurité basé à Vancouver, Leo Knight, agite la sonnette d’alarme. Selon lui, on peut trouver des situations similaires dans les aéroports et autres ports d’entrée à travers le Canada. Il l’appelle ça “une faille fondamentale dans notre système de sécurité nationale”.

Lorsque des individus font une demande d’autorisation de sécurité par l’entremise d’une agence fédérale, le gouvernement s’appuie sur une vérification locale des antécédents effectuée par la GRC.

Mais si une personne a passé du temps à l’extérieur du Canada, si elle provient d’un État déchu ou d’un pays terroriste, il peut n’y avoir aucune trace dans les bases de données de sécurité canadiennes.

“Transports Canada et Global Affairs Canada n’ont pas la capacité de procéder à des vérifications approfondies dans certaines parties du monde”, a déclaré M. Knight, en donnant la Somalie et l’Irak comme exemples.

Plutôt que d’effectuer une vérification approfondie des antécédents de ceux qui ont passé du temps dans les points chauds du terrorisme, dans de nombreux cas, le contrôle de sécurité ignore ces années.

“C’est un trou béant dans notre sécurité nationale. Et c’est une faille à travers laquelle vous pourriez littéralement conduire un camion rempli d’explosifs”.

Ce rapport est particulièrement alarmant dans le contexte des menaces récentes menées contre les compagnies aériennes.

Les ordinateurs portables et les grands appareils électroniques ont été interdits dans les avions en provenance de 10 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

Il y a lieu de croire que la menace pour le Canada est plus étendue et ne concerne pas seulement quelques employés de l’aéroport de Montréal.

Une demande d’accès à l’information de Rebel Media à Transports Canada a révélé que le nombre d’autorisations de sécurité nationale révoquées et refusées a augmenté régulièrement.

En 2010, il y a eu 31 cas de personnes refusées, et 11 où les autorisations de sécurité précédemment attribuées ont été révoquées.

En 2015, ces chiffres se montaient à 110 refus et 42 révocations.

Cela suggère que le rapport de l’aéroport international Trudeau de Montréal pourrait très bien ne pas être un problème isolé. Il se pourrait qu’il s’agisse de quelque chose de plus important et de potentiellement coordonné.

Des ennemis travaillent à infiltrer nos institutions afin de nuire à des civils innocents. Nous devons prendre cette menace au sérieux et faire tout notre possible pour les arrêter. »

© Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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