A la mekhina kedam tsvaïth d’Eli
La question reste de savoir si les paroles du rav Lévinstein, le directeur de l’institut pré-militaire de Eli, étaient justifiées, étant entendu que nos Sages ont déjà fixé que, de même qu’il est une mitsva de dire des choses qui peuvent être acceptées, de même c’en est une autre de taire ce que le public ne peut pas tolérer (Yevamoth 65b)… En tout cas, c’est fait, et évidemment le tollé qui a suivi ne cesse de faire des rebonds et d’entrainer des réactions plus que virulentes dans la classe politique, y compris, ou plutôt, surtout de la part du ministre concerné, le ministre de la Défense, actuellement : le sieur Avigdor (Yvett) Lieberman. Et avec lui, qui cherche justement par tous les moyens à faire preuve d’un positionnement centriste et équilibré, une telle aubaine ne pouvait pas être mise de côté…
Rappelons ce qui s’est passé : le rav Lévinstein a déjà défrayé la chronique voici près d’un an avec des déclarations contre les gens souffrant de tendances difficiles (enfin, pour l’instant, la majorité des gens pensent que c’est le cas, et, justement, l’establishment partout vise à les faire accepter et à leur donner légitimation, via le mariage pour tous, etc.) ; et, récemment, ce rav a critiqué la présence de femmes dans le cadre de l’armée, surtout quand il s’agit de troupes mixtes. Or comme il s’agit d’un responsable officiel d’une institution qui est censée préparer les jeunes à leur service militaire, une telle déclaration ne pouvait pas passer sans réactions.
Même s’il disait la vérité la plus stricte, et se faisait l’écho d’une critique fort justifiée.
Le fond du problème : quelle est la forme que doit prendre l’armée en Israël ? Une armée moderne, à tout point de vue, y compris au niveau des mœurs ; ou alors une armée qui se plie aux normes iraniennes, ainsi que Liebermann l’a reproché à Naftali Bannet ?
Liebermann exige le limogeage du rav Lévinstein, sous peine de retirer à l’institution qu’il dirige la reconnaissance de l’armée, pas moins.
Nombreux sont les cadres à l’armée, des anciens de cette institution dirigée par le rav Lévinstein, qui ont fait savoir qu’ils ont été préparés à leur carrière militaire sans avoir été influencés par des positions de cet ordre émanant de leur directeur.
D’un autre côté, divers rabbanim appartenant à ce groupe politique et s’opposant de manière suivie à un service militaire dans des troupes mixtes, se sont prononcés en faveur de la position du rav Lévinstein…
Quant à Bannet lui-même, il ne fait que profiter, lui aussi, du scandale présent : il vise pour sa part à se présenter comme un dirigeant de droite, plus fort que Netaniahou, et dans le présent débat, il peut bien faire passer sa définition : un homme de droite, défendant l’idéologie de ce groupe.
Sur le fond, évidemment, la question de la liberté d’expression est posée avec beaucoup d’acuité : n’a-t-on plus le droit de penser autrement ? Autrement que Libermann, s’entend…
En fait, le ministre de la Défense s’est quelque peu enfoncé dans un terrain visqueux : l’institution que dirige le rav Lévinstein est importante, ses élèves forment un groupe important et dominant à l’armée, et il n’est pas du tout évident qu’il soit possible de lui reprendre sa reconnaissance.
On a pu rappeler à Liebermann ses paroles concernant le ‘Hamas : une seule issue, en finir avec Ismaël Hania, le dirigeant du ‘Hamas. Peut-être, mais qui va-t-il le faire ? Personne. Alors, quoi, juste des paroles ? Juste un débat, histoire de prouver qu’il est la bonne personne à la bonne place, surtout aux yeux du public libéral dans le pays ? Désolant.