Dire « Chalom » à Ticha’ Beav ?!

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Autour de la table de Chabbath, n° 449  Devarim-Chabbath ‘Hazon

Dire « Chalom » à Ticha’ Beav ?!

La semaine à venir, le Clall Israël va « fêter » le 9 Av. Comme vous le savez, c’est une journée noire dans le calendrier hébraïque puisqu’une série de malheurs se sont abattus à pareille date sur le Clall Israël. Déjà à l’époque reculée du désert, la communauté a fauté lorsque les explorateurs sont revenus au campement et ont fait une description catastrophique (le 9 Av) de la situation qui prévalait Terre sainte (pire encore que les éditos de « Libé » et du « Monde » réunis, sans oublier les « fins » analystes des réseaux sociaux sur la situation actuelle). A cause de ce Lachon hara’, Hachem punira l’assemblée d’Israël et la génération de la sortie d’Egypte n’aura pas le mérite de entrer en Israël.

Seulement, pour nous cette date marque la destruction des deux Temples de Jérusalem. Le premier ayant été détruit par Nabuchodonosor et le second par l’empereur romain Titus de mémoire maudite. Depuis, le Clall Israël a pris le chemin de l’exil et s’est retrouvé éparpillé sur les quatre coins de la planète.

Les Sages de mémoire bénie (Yoma 9:) enseignent que le premier Temple a été détruit à cause de grandes fautes (culte idolâtre, etc.) tandis que le second à cause de la haine gratuite. C’est-à-dire que les Sages dévoilent que le Michkan de Jérusalem n’est l’expression que du niveau spirituel du peuple. Et lorsque nous nous comportons avec équité et amour vis-à-vis de notre prochain alors nous établissons un Sanctuaire au niveau du cœur de la nation et de notre relation avec Hachem. Si le contraire est vrai, ‘halila , alors il n’existe pas de raison à ce que le Michkan perdure.

Une autre preuve du raisonnement, c’est la Haftara qu’on lira ce Chabbath « Hazon ». Isaïe (ch 1) dit au Nom de Hachem : »Pourquoi M’apportez-vous ces sacrifices ? Qui vous permet de marcher sur l’esplanade (du Temple) et d’offrir ces offrandes ? Ces sacrifices Me dégoutent… » C’est la preuve que Hachem demande une pureté de cœur et des actions équitables avant tout.

A Ticha Beav, le Clall Israël est en deuil de la destruction du Temple et de l’exil. S’il est juste qu’une bonne partie de la communauté vit en Terre sainte, il n’empêche que ses dirigeants n’ont pas le souci majeur (c’est le moins que l’on puisse dire) de faire de la pratique des Mitsvoth une way of live en Israël – c’est peut-être à cause de cela que les nations se déchainent contre nous. Pour faire réfléchir les mouvements libéraux existant en Erets (et de par le monde) que l’assimilation aux idéaux en vogue dans une société sur le net (la liberté à tout prix ; la fin des valeurs de la famille et la permission à toutes sortes d’immondices) n’amène pas la paix avec notre entourage mais la guerre !

Mais comme la « Table du Chabbat » (qui n’est pas si magnifique à l’approche du 9 Av) veut déplaire à tous ces libéraux de la communauté, je rajouterais un court mot de ‘Halakha. Depuis lundi soir prochain 12 aout (à la tombée de la nuit jusqu’au mardi soir 13) on ne pourra pas manger ni boire, soit plus de 24 heures de jeûne. Il est aussi interdit de saluer son prochain, étudier la sainte Tora (car son étude requinque les cœurs et procure de la joie) le port de chaussures en cuir ; l’interdit de se laver et aussi tachmich hamita.

J’ai entendu une intéressante question (du rav Harrar chlita de Bené Brak) au sujet d’une de ces lois. Puisque la cause de la destruction du dernier Temple était dû à la haine gratuite (le Lachon hara’ sur ses amis, la jalousie, la haine de son prochain etc.) alors pourquoi les Sages n’ont pas institué de faire du 9 Av un jour de grand Chalom intercommunautaire ? Du genre, instituer que le 9 Av chacun doit dire un cordial ‘Chalom ‘Aleichem’ à au moins trois amis le matin et en après midi, en particulier à tous les gens qu’on n’aime pas. Puisque les Sages s’occupent des causes profondes ils auraient mieux valu qu’ils prennent le taureau par ses cornes et obligent de faire du 9 Av un jour de « Chalom’ mondial. Intéressante comme question, n’est-ce pas ?

Je vous propose une réponse qui va peut-être faire sourire certains ou grincer des dents à d’autres, à savoir que la tristesse du 9 Av est souhaitable. Si les Sages avaient indiqué la voie à suivre (de faire du jour un grand Chalom) on aurait raté le coche. Car le deuil que prend la communauté c’est prendre la juste mesure de la réalité. La destruction du Temple marque l’éloignement de Hachem : la vérité de la Tora n’est plus palpable comme à l’époque du Temple (il existait alors des miracles permanents qui montraient que la Présence Divine régnait au sein de la communauté. Les pèlerins repartaient de Jérusalem fortifiés de Emouna et au retour à leur maison à Paris ou New York et même jusqu’à la lointaine côte d’Azur… la première de choses qu’ils faisaient c’était de fixer un cours supplémentaire de Tora à la fin de leur journée de travail).

Hors, de nos jours, le déferlement des désinformations, d’images les unes plus cruelles que les autres, les messages lamentables qui sont déversés quotidiennement sur notre peuple,  perturbe les meilleurs esprits de la communauté qui ouvrent systématiquement leur IPhone (avec ou sans filtre) à longueur de journée pour savoir in live de ce qui se passe en Erets et dans le reste du monde. D’autant plus que ces informations sont diffusées par des gens qui semblent très intéressant et de bonne foi, faisant parti d’une élite en complet-veston du meilleur goût (d’ailleurs les nazillions de Berlin des années 30 devaient être aussi sur leur 31…)

Donc c’est juste, il y a lieu d’être triste à Ticha Beav. Pleurer le manque de Kedoucha dans notre bas-monde, voire le monde juif qui est systématiquement mis exergue par les nations. Et si, nous prenons l’envergure du manque de la présence Divine sur terre, alors il y aura un espoir que Hachem prenne en pitié Son peuple et nos familles afin de voir de nos jours l’avènement du Machia’h et la construction du Michkan à Jérusalem reconstruite. Car Hachem nous attend comme un père peut attendre son fils qui est parti de la maison depuis de nombreuses années.

« Tout celui qui prend le deuil du 9 Av aura le mérite de se réjouir avec elle ».(Ta’anith 30: )

Le sippour

Par le mérite du pardon…

Cette semaine je vous présente un très intéressant sippour véritable qui sera une clef pour accéder à la consolation des semaines de deuil du 9 Av. Il s’agit d’un Avrekh (une personne qui se dévoue à l’étude de la Tora pour le bien-être de toute la population habitant la Terre sainte et du monde entier, même si les nouveaux dirigeants du pays pensent différemment. Et c’est dommage…) s’appelant Yossef qui habite la ville de Beth Chemech. Notre reb Yossef a pour voisin un instituteur d’une école religieuse se nommant Chelomo. Un jeudi soir, on frappa à la porte de Yossef, c’est Chelomo qui lui demande conseil : « Tu sais, demain vendredi on m’a annoncé l’enterrement de l’oncle de ma femme. Or, je ne sais pas si je dois me rendre à son enterrement… Cet homme a provoqué dans ma vie de véritables catastrophes que je ne lui pardonne pas ! Cela fait quatre années que je ne lui adresse plus la parole à cause de tout le mal qu’il m’a fait. Et je viens juste d’apprendre son décès… » Après une pause, il ajoute, « Seulement je réfléchis à nouveau à cette nouvelle situation, et je me demande si cela ne vaut pas mieux que je me rende au cimetière et avant son ensevelissement que je lui pardonne le mal fait afin qu’il monte propre et saint au Ciel ou bien non, dois-je garder la rancœur pour tout le mal fait ? » Chelomo, son grand ami, connait les dessous de l’affaire et sait combien l’oncle de sa femme a été responsable, plus ou moins directement, de grands déboires dans la vie de famille de Chelomo.  Au point que sa femme est tombée (indirectement) malade et a subi une paralysie partielle de son corps lui rendant difficile ses déplacements et même sa parole, que D’ nous en préserve.

Reb Yossef répond à son ami : « Je ne pourrais jamais te répondre entièrement à ta question car je n’ai pas vécu tes grandes difficultés. Seulement je peux te raconter une histoire dans ma famille. J’ai un proche parent, mon oncle, qui a eu une fille il y a 11 années et depuis il n’a plus eu d’enfants… Il voulait tellement avoir d’autres enfants qu’il a fait tous les efforts possibles… en vain. Seulement il y a juste deux semaines j’ai été appelé pour participer à la Brith Mila de son fils. Je tiens à te faire partager les tenants de l’histoire. Cela remonte à quelques années en arrière, cet oncle a été contacté par son beau-frère qui lui a proposé d’investir une très forte somme d’argent dans un produit qui devait rapporter de gros dividendes. Or en très peu de temps tout l’argent investi est parti en fumée ! Mon oncle était complétement dépité. Rapidement il considéra que son beauf l’avait roulé ou qu’il avait fait de très lourdes fautes de gestion… Tandis que ce dernier se défendait en disant qu’il avait tout fait pour éviter la catastrophe et que ce n’était pas sa faute… La situation était très tendue entre les deux hommes et les familles se séparèrent… Avec le temps les deux beaux-frères devinrent des ennemis jurés… Quelques années passèrent et une personne est venue voir mon oncle en lui disant qu’il fallait peut-être pardonner. Il lui dit : « C’est certainement vrai que tu as raison, mais c’est tellement dommage de gâcher la vie d’une famille pour ce motif ». Petit à petit son cœur s’est ouvert, et, maintenant au bout de 10 ans il attend un autre enfant. Or, il sait que la clef de la bénédiction dépend du Chalom/paix. Au début du mois de mars 2019, les deux beaux-frères se réunirent pour la première fois depuis de longues années et ils se serrèrent la main en signe de paix, les deux voulurent tourner la page… Quelques mois plus tard (dans l’histoire il n’est pas dit combien) un fils naquit chez mon oncle après 11 années d’attente ! L’émotion était à son comble dans la famille et le garçon fut appelé CHALOM car mon oncle avait compris que ce bébé était le fruit direct de l’entente avec son beauf… » Fin de l’histoire racontée par Yossef et les deux voisins se séparèrent le jeudi soir au pas de la porte.

Vendredi passe, les sirènes sonnent l’entrée du Chabbath et la paix du Chabbath s’installe dans les quartiers de Beth Chemech. Vendredi soir, durant le repas du Chabbath on frappe à la porte de Yossef. Ce dernier ouvre la porte et voit à nouveau son voisin Chelomo. Il lui dit : « Je n’ai pas de mots pour te remercier… » « Que s’est-il passé ? » Chelomo inspire profondément et lui dit : « Après que tu sois parti, la nuit dernière, j’ai beaucoup réfléchi à tes paroles et à ton histoire. Qu’est-ce que cela m’apportera que je garde rancune et haine dans mon cœur ? Peut-être, qu’au contraire, je pourrais accéder à la délivrance si je lui pardonne le mal fait. La nuit dernière j’ai peu dormi, je me suis plusieurs fois retourné dans mon lit pour savoir si j’allais ou non à l’enterrement. Finalement j’ai décidé d’y aller. Le matin, j’ai garé ma voiture devant le cimetière et j’ai parcouru toutes les allées, d’un pas très lourd, jusqu’au rendez-vous. Je me demandais si j’allais arriver à ouvrir la bouche, tant l’émotion était grande. Je me suis approché de l’endroit où l’on faisait les oraisons funèbres afin de m’imprégner des bons côtés de cet homme…Je me suis alors approché du cercueil et j’ai dit : « Je te pardonne… » puis j’ai crié « Ma’houl Lekha ! » (Je te pardonne) trois fois de suite d’après la coutume. Je suis reparti en direction de ma voiture, j’ai ressenti mon pas beaucoup plus leste et mon cœur libre. Je savais que j’avais fait quelque chose de souhaitable et de bien.

Je suis rentré à la maison et au moment de l’allumage des bougies du Chabbath ma femme à fait de longues prières alors qu’elle était en sanglots… Elle pria que, par le mérite du pardon de son mari (vis-à-vis de son oncle), qu’elle accède à la guérison complète.

Lorsque je me suis rendu à la synagogue pour accueillir le Chabbath, j’ai chanté le Lekha Dodi où on dit le passage : « Approche toi, princesse du Chabbath, lève-toi, lève-toi… » J’ai pensé à ma femme afin qu’elle se lève de sa paralysie … Après la prière, je suis rentré à la maison, j’ai frappé à la porte en attendant qu’un de mes enfants ouvrent. J’ai eu alors le choc de ma vie, la porte s’est ouverte et c’est ma femme qui l’a ouverte sans aide en disant un grand « Chabbath Chalom » sans aucun problème de langage… Je n’en revenais pas, ma femme souffre d’une demi-paralysie doublée d’une difficulté de langage… Et d’un seul coup tout a disparu ! Est-ce que tu comprends… Ma femme vient de sortir de sa paralysie ! Je me suis assis à table avec elle et j’ai commencé des chants de louange à D’ pour ces grands miracles. Je voulais faire le Kidouch et je me suis souvenu de toi, l’ami qui m’a donné ce conseil (de lui pardonner). C’est donc vers toi que je me dirige afin de t’annoncer la formidable nouvelle… »  Et les deux amis commencèrent spontanément à chanter et à faire une ronde (sans bondir – Voir Rama 339.3) pour remercier le Maitre du monde pour toutes ces grandes bontés et en particulier la guérison de sa femme…  Fin de cette histoire extraordinaire qui a eu lieu sous les cieux cléments de la Terre sainte. Et pour nous, de savoir que parfois la bénédiction est stoppée du Ciel à cause d’une veille rancune, ou d’une sourde colère… Peut-être que les semaines de consolations qui suivent le 9 Av seront propices pour reconsidérer les choses sous un autre aspect… Et de se dire qu’il est temps de pardonner afin de recevoir, pour de bon, la grande bénédiction du Ciel qui nous attend.

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.

David Gold

Soffer écriture ashkenaze-sépharade

Prendre contact au 00 972 55 677 87 47 ou à l’adresse mail 9094412g@gmail.com

Une bénédiction dans tout ce qu’entreprend mon Roch Collel : le rav Acher Berakha chlita afin qu’il multiplie l’étude de la Tora dans la ville de Raanana (15 rue Palma’h) et que Hachem lui donne la bénédiction dans son foyer et ses enfants.

Une prière pour les captifs à Gaza et tous les blessés du Clall Israël

Une refoua cheléma pour Eliyahou ben Zaïza parmi les malades du Clall Israël

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