Cette question trouble la vie d’Erets Israël depuis plusieurs décennies : quand les familles juives sont arrivées du Yémen, une « épidémie » de disparitions d’enfants s’est alors propagée, et un très lourd soupçon pèse depuis lors sur les responsables des divers camps et services hospitaliers qui ont accueilli des enfants de cette communauté, malades pour une raison ou pour une autre, les ont déclarés décédés, tandis qu’il se peut qu’en réalité, un certain nombre d’entre eux ont été de la sorte pris de leurs familles naturelles et transmis en adoption à d’autres.
Certains cas ont été connus, nombre d’autres non, et l’énigme reste entière. Ouzi Mechoulam, un Juif d’origine yéménite, a organisé en son temps une grande protestation contre l’establishment à cet égard, mais a fini derrière les barreaux.
Divers comités officiels ont été formés, mais leurs discussions sont restées bizarrement secrètes, et leurs conclusions encore plus. Les archives de cette période, concernant ce sujet, sont actuellement encore interdites au public pour… 70 ans. Qu’y a-t-il donc de si secret ?
En son temps, du reste, un article avait paru dans l’un des journaux orthodoxes : un Yéménite a retrouvé la tombe de sa sœur… ainsi que cette dernière, vivant à Beèr Chéva’, adoptée en son temps par une famille achkenaze. Elle a été invitée par son frère à rendre visite à ce site curieux. Le frère a invité les journalistes, et justement le seul qui soit venu était un journaliste orthodoxe. Par la suite, le frère a, pour une raison ou pour une autre, invité à nouveau sa sœur pour revoir cette tombe… et elle a disparu ! C’est assez surprenant: qui était-il donc tant inquiet d’une telle curiosité pour la faire disparaitre ?
Mais, à présent, un nouvel esprit règne dans les arcanes du pouvoir : Mme Shaked, la ministre de la Justice, une personne assez peu conformiste, a exigé que les archives soient ouvertes devant le public, afin qu’on mette fin à cette affaire. En vérité, c’est assez délicat, car dans le monde entier les informations concernant les cas d’adoption sont effectivement gardées au secret, or c’est de cela qu’il s’agit. Mais de combien de cas ? Ce qui est public actuellement est le chiffre de 1.053 cas que l’un des comités formés à cet égard a vérifiés, 979 cas faisaient suite effectivement à des décès, 69 ont été considérés comme ayant disparu, et quelques autres ont été trouvés plus tard au Yémen.
Mme Shaked a exprimé en tout cas son plaisir devant le fait qu’elle est parvenue à faire avancer ce délicat dossier, qui doit être présenté à présent devant divers membres du gouvernement.