En Israël, des milliers de personnes manifestent pour et contre l’accord sur les otages
Les opposants à Jérusalem ont averti que des concessions entraîneraient de nouveaux enlèvements, tandis qu’à Tel-Aviv, les manifestants ont déclaré qu’un accord avec le Hamas était la seule décision morale.
CANAAN LIDOR
Selon les détails de l’accord révélés jusqu’à présent, il ne garantirait que le retour en Israël de 33 otages, morts et vifs, en échange d’un cessez-le-feu de 42 jours et de la libération de 1 300 prisonniers palestiniens, dont des tueurs condamnés à perpétuité, ainsi que le retour de centaines de milliers de Gazaouis dans le nord de la bande de Gaza. D’autres otages – le Hamas en détient 98, selon Israël – doivent être libérés après la première phase de 42 jours du cessez-le-feu.
Tzvika Mor, dont le fils Eitan (notre photo : Tzvika et son fils, Eitan) fait partie des captifs, est venue au rassemblement de Jérusalem après avoir rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui a tenu des réunions avec plusieurs familles d’otages.
Mor s’est opposé à la création de différents niveaux d’otages dans le cadre de l’accord. Les avantages que le Hamas tirera du premier niveau l’encourageront à conserver les suivants, a-t-il déclaré. « Je ne comprends pas comment mon fils va revenir après la première vague de résidents revenant du sud vers le nord de la bande de Gaza, et les camions d’aide humanitaire vont renforcer le Hamas », a-t-il déclaré à la chaîne israélienne Channel 12 News.
« La sélection à laquelle mes grands-parents ont été soumis les a sauvés des nazis », a déclaré Mor, faisant référence à la façon dont les nazis laissaient vivre certains Juifs et en envoyaient d’autres à la mort. « Mais la sélection qui est faite aujourd’hui pourrait, D’ nous en préserve, déterminer le sort de mon fils. »
Mor a exhorté le ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui s’opposent à l’accord, ainsi que « les ministres du Likoud et les membres de la Knesset du Likoud à faire tout leur possible pour empêcher un accord qui nous conduira à avoir 70 Ron Arad supplémentaires », en référence au navigateur de l’armée de l’air israélienne tombé en captivité en 1986 et qui n’a pas été retrouvé depuis.
Smotrich a critiqué et s’est publiquement opposé à l’accord. Ben-Gvir est allé plus loin, laissant entendre qu’il quitterait le gouvernement et appelant Smotrich à faire de même, ce qui renverserait complètement le gouvernement.
Mor est l’un des dirigeants du Forum Tikva pour les familles d’otages, qui regroupe des familles qui s’opposent à toute concession faite au Hamas qui, selon elles, mettrait en danger d’autres Israéliens ou encouragerait le Hamas à procéder à de futurs enlèvements.
A Tel Aviv, des milliers de personnes ont participé à un rassemblement organisé conjointement par le Forum des familles d’otages et de disparus, une autre organisation qui n’a pas stipulé de telles conditions pour un accord visant à récupérer les otages. Le Forum des familles d’otages et de disparus demande un accord immédiat par devoir moral, disent-ils.
Eli Bibas, le père de l’otage Yarden Bibas, s’est exprimé lors du rassemblement de Tel-Aviv, soulignant le temps écoulé depuis que le Hamas a enlevé le 7 octobre 2023 à Gaza son fils, sa belle-fille Shiri et leurs fils, Ariel et Kfir, qui avaient respectivement 4 ans et 9 mois lorsqu’ils ont été emmenés.
« J’essaie de l’imaginer courir vers moi et m’appeler : ‘Grand-père Eli, un cadeau’ », a déclaré Eli Bibas à propos de Kfir, qui a récemment fêté son deuxième anniversaire en captivité. « Monsieur le Premier ministre, l’année écoulée symbolise pour nous, en tant que peuple, une année de désunion, de destruction. Le cauchemar qui est devenu la réalité de nos vies au cours de l’année écoulée doit prendre fin. »
Sa famille, dont les enfants aux cheveux roux sont devenus une icône de la campagne pour la libération de tous les otages, figure sur la liste des 33 otages demandés par Israël dans le cadre de la première phase, selon le média saoudien Asharq . Depuis leur enlèvement, rien n’indique s’ils sont vivants ou morts.
L’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Galant, que Netanyahou a limogé en novembre pour des problèmes de confiance, a assisté au rassemblement de Tel-Aviv et a approuvé son message. « Cet accord est le bon accord, il est important de le conclure. Je soutiens le gouvernement israélien dans sa démarche », a déclaré Galant. « J’espère que les considérations nationales prendront le pas sur les intérêts politiques. La libération des otages est un objectif de guerre déclaré. J’ai honte de ce que font Smotrich et Ben Gvir. Ce n’est pas sioniste, ce n’est pas juif et ce n’est pas humain. »
