L’accusation d’« appropriation culturelle » est très à la mode : les dirigeants palestiniens nous en fournissent un bel exemple en instrumentalisant une découverte archéologique pour se fabriquer un passé. Ce subterfuge, qui s’adresse à l’opinion internationale, ne peut fonctionner qu’avec le concours de médias complaisants.
Ouvir Géo, le magazine de voyages le plus connu de France, c’est plonger dans des univers lointains qui font souvent rêver.
Le lecteur, gagné par son imagination, aurait pourtant tort de se laisser aller sans discernement.
Reprenant une information diffusée ailleurs dans la presse, y compris par l’Agence France-Presse et ses clients, et s’inspirant tout particulièrement d’un article de la BBC cité par l’auteur, Géo relate ainsi la découverte, dans la bande de Gaza, d’une antique statuette cananéenne vieille de 4,500 ans.
Une « découverte politique », nous dit Géo, qui ornemente sur Facebook la légende d’un drapeau palestinien, illustre le post avec une photo de la situation géopolitique actuelle plutôt que de montrer la statue, et étaye son opinion en traduisant directement un passage de l’article de la BBC :
(…) pour Jamal Abu Rida du ministère du Tourisme et des Antiquités de Gaza*, la statue a de fortes implications politiques : « De telles découvertes prouvent que la Palestine a une civilisation et une histoire, et personne ne peut nier ou falsifier cette histoire », a-t-il déclaré. « C’est le peuple palestinien et son ancienne civilisation cananéenne. »
*[NDLR InfoEquitable: ministère aux mains du Hamas, groupe considéré comme terroriste par l’UE et d’autres pays, dont l’objectif est l’éradication de l’Etat juif; mais cet élément d’information précisément politique n’est pas fourni aux lecteurs]
La civilisation cananéenne est très ancienne, puisqu’elle remonte à l’Age du Bronze. Elle disparut ensuite pour laisser la place à d’autres cultures. Le peuple palestinien se rattache d’évidence à la civilisation arabo-musulmane, dont l’irruption sur ce qui n’était depuis longtemps déjà plus un territoire cananéen remonte à la conquête du 7e siècle.
Il n’y avait pas de Palestine à l’époque des Cananéens, puisque ce nom fut donné à la région plus de mille ans plus tard par les Romains, en référence aux Philistins eux-même déjà disparus à l’époque romaine… mais qui par ailleurs furent présents sur ce territoire après les Cananéens.
Par conséquent, le « peuple palestinien » n’a pas plus de lien avec les Cananéens qu’avec la Palestine romaine dont il a adopté le nom, si ce n’est celui d’occuper le même espace géographique.
S’inventer une histoire et un lien artificiel avec une antique civilisation a toutefois un intérêt évident pour les actuels Palestiniens : celui de se fabriquer une légitimité, en créant une supposée antériorité par rapport au peuple juif dont l’établissement dans la région, s’il est lui aussi postérieur au Cananéens, date de nombreux siècles avant la conquête arabe.
Le but est, bien entendu, de se poser en uniques propriétaires d’une terre sur laquelle les Juifs seraient des usurpateurs.
Cette réécriture de l’histoire n’a rien de nouveau, et elle est adoptée par les plus hauts niveaux du leadership palestinien. C’est ainsi que Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, a lui-même déclaré par le passé être le « fils des Cananéens qui vécurent il y a 5 000 ans », un point de vue qu’il a réitéré à plusieurs reprises.
Toutefois, si l’intérêt des dirigeants palestiniens à transformer l’histoire à leur avantage est évident, on ne peut que déplorer le manque de rigueur d’une presse qui se jette tête baissée dans le relai de cette falsification. D’autant plus dans un magazine comme Géo, que les lecteurs feuillètent pour étendre leurs connaissances sur les cultures du monde sans forcément se douter que l’archéologie puisse y être instrumentalisée de la sorte.